Intérieur nuit de Marisha Pessl
(Night film)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
Moyenne des notes : (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : (1 718ème position).
Visites : 5 203
Plongée dans le noir
Un journaliste, Scott McGrath, obsédé par un cinéaste mystérieux, Stanislas Cordova, auteur de films d'horreur, devenu culte, est intrigué par la mort de sa fille Ashley qui s'est jetée d'une fenêtre d'un entrepôt du Lower East Side. Quelques années auparavant il avait tenté d'enquêter sur Cordova et s'était fait manipuler puis discréditer. Aidé d'une apprentie actrice légèrement "barrée" et d'un jeune dealer il va peu à peu essayer de relier le suicide d'Ashley aux dérives de son père....
Jamais titre ne fut mieux choisi, lecteur et personnages sont plongés dans cet "intérieur nuit" qui évoque une séquence cinématographique et pose d'emblée la question du vrai et de l'imaginaire sur lesquels reposent en partie le cinéma, la littérature et ce livre. Cet "Intérieur nuit" c'est d'abord la ville de New York, décor nocturne, sinistre et glacé, c'est, aussi la noirceur et le mystère qui entourent la personnalité de Cordova dont on ne sait quels fantasmes morbides ont nourri ou perverti l'oeuvre et, enfin, c'est un type de narration vertigineuse qui avance comme on ouvre des boites dans lesquelles se trouvent d'autres boites. La trame romanesque est nourrie par une documentation, articles de journaux, photos, interviews qui entretiennent une illusion de réalisme. Construit comme un thriller il est impossible de se soustraire au terrible suspense du livre malgré son épaisseur. Mais c'est plus qu'un thriller, un véritable roman d'atmosphère, une plongée dans un univers souterrain où nous ne savons jamais si nous sommes prêts de découvrir les secrets de Stanislas Cordova ou seulement si nous sommes les marionnettes d'un de ses films.
J'avais beaucoup aimé le 1er livre de Marisha Pessl "La physique des catastrophes" malgré son côté un peu "fabriqué"
Celui-là est fascinant, par sa construction, son atmosphère, son sujet et l'intérêt des personnages. Pour moi, un très bon livre.... Avec un papier très agréable à feuilleter!
Les éditions
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Intérieur nuit [Texte imprimé], roman Marisha Pessl traduit de l'anglais (États-Unis) par Clément Baude
de Pessl, Marisha Baude, Clément (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris)
ISBN : 9782070144761 ; 24,90 € ; 20/08/2015 ; 720 p. ; Broché -
Intérieur nuit [Texte imprimé] Marisha Pessl traduit de l'américain par Clément Baude
de Pessl, Marisha Baude, Clément (Traducteur)
Gallimard / Folio
ISBN : 9782072723650 ; 10,30 € ; 18/05/2017 ; 864 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (7)
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Ne vous donnera pas d'insomnies
Critique de Badzu (versailles, Inscrite le 6 novembre 2005, 49 ans) - 1 juillet 2021
je ne me suis pas ennuyée, j'ai avalé les 800 pages sans m'en rendre compte. Pessl raconte son histoire de manière linéaire, jamais on ne perd le fil de l'histoire, jamais on ne confond les personnages, plutôt attachants, les événements s'enchainent de manière fluide et sans temps morts.
D'où me vient ce goût d'inachevé? Un manque de twists, de révélations stupéfiantes, de retournements inattendus? Beaucoup de pistes sont développées et j'ai trouvé que certaines n'allaient pas assez loin, juste effleurées puis abandonnées...
J'ai trouvé que l'insertion de coupures de journaux et de mails était une bonne idée, rendant la narration encore plus immersive. (Attention aux lecteurs de liseuses, ces articles sont illisibles sur l'écran, trop de textes denses).
Par contre l'abus des italiques, peu pertinent, gênait un peu la lecture à force.
Je ne peux que reconnaître que cette enquête qui ressemble à une virée psychédélique a été un bon moment de lecture, et le talent de conteuse de Pessl est indéniable.
Un coup de coeur Thriller si longtemps attendu !
Critique de Dervla3012 (, Inscrite le 7 décembre 2019, 18 ans) - 9 mai 2021
New York, ville du bruit et de la lumière, du cinéma et de la débauche. C’est là qu’est retrouvé le corps sans vie d’Ashley Cordova, la fille du célébrissime cinéaste et producteur Stanislas Cordova. La jeune fille de vingt-quatre ans est resplendissante, intelligente, virtuose… ou du moins l’était avant de se jeter au fond d’une cage d’ascenseur pour se suicider.
Scott McGrath, ex-journaliste à la carrière ruinée, saute immédiatement sur l’occasion de cette mort mystérieuse pour essayer de percer la carapace de secrets qui entourent la réputation de Stanislas, le père de la victime. Même si ce dernier n’est pas apparu en public et qu’il n’a pas produit de films depuis trente ans, le nombre de ses fans ne cesse de croître. L’œuvre de Cordova en elle-même est sulfureuse. Nombreux sont ses long-métrages qui ont été interdits au public : on raconte que certaines personnes seraient devenues folles après leur visionnage…
La dernière fois que Scott a tenté de creuser cette légende, soit il y a plusieurs années de cela, sa carrière a été réduite à néant et sa famille brisée.
Cette nouvelle opportunité d’enquêter lui apparaît comme l’aubaine inespérée pour arriver à ses fins : une jeune fille prometteuse et douée de toutes les qualités se suicide ? C’est douteux…
Alors Scott va chercher à déterminer ce que cache ce culte voué à un homme que personne n’a vu, que personne ne connaît. Il va découvrir les horreurs de l’âme humaine probablement, les peurs concernant sa propre santé mentale peut-être et, par-dessus tout, McGrath devra surveiller ses pas : qu’il ne tombe pas, lors d’une nuit sans sommeil, dans un intérieur de film…
Mon avis :
Cela faisait si longtemps que je n’avais pas lu un bon thriller, un vraiment bon ! Depuis le temps que j’en recense, je crois que mes avis positifs peuvent se compter sur les doigts d’une seule main : peut-être suis-je trop pointilleuse, trop exigeante ? Toutefois rassurez-vous : cela ne m’empêche pas de me laisser tenter en permanence et de racheter un bon vieux suspense à se tirer les cheveux jusqu’au dernier. C’est mon petit pêché mignon.
Voilà pourquoi Marisha Pessl m’est de prime abord, apparue comme l’auteure qu’il me fallait : pas trop fatigante et permettant un bon moment de détente. Je confesse que je ne m’attendais pas à des miracles.
Eh bien j’aurais pu largement remonter mes attentes : Intérieur Nuit obtient la place de meilleur roman thriller/horreur que j’aie lu pour l’instant et finit avec une note de 10/10 !
Sur le plan de l’intrigue (actions, imagination…), je ne trouve absolument rien à redire. L’atmosphère créée est parfaite : sombre, menaçante et lugubre ; une intrication complexe de l’art cinématographique et du culte sectaire des fans. Des éléments horrifiques viennent se glisser un peu partout, où on ne les attend pas – mêlant rites sataniques, sacrifices humains et malédictions.
Vous l’aurez compris, ce roman maintient un équilibre précaire entre le surnaturel et le rationnel : le lecteur ne sait jamais de quel côté la balance va pencher. Il est en fin de compte forcé de constater que chacune des deux solutions prise isolément serait décevante. C’est là un tour de génie de la part de Marisha Pessl. La conclusion du roman, quant à elle, offre une résolution grandiose, à la hauteur de ce dilemme.
Ainsi, tout élément qui, en d’autres circonstances, aurait semblé surfait (cercle maudit, talisman protecteur…) prend ici une place essentielle dans la confusion du lecteur : tel ou tel détail est-il véritablement ce qu’il semble être ou seulement le fruit de la folie des personnages ?
L’imagination de l’auteure est débordante et implacable : allant même jusqu’à égarer Scott dans les décors des films de Cordova ; nous permettant de découvrir avec force détails ces mises en scène mystérieuses dont chaque accessoire a été conservé à l’identique, même dans ses détails les plus sanglants.
Unique petit bémol, aucun roman n’y échappe : la dynamique entre les personnages – Scott et ses associés Nora et Hopper. Lors de leur première rencontre, ils se trouvent mutuellement irritants et ennuyeux, puis finissent inexorablement par ne plus pouvoir travailler les uns sans les autres. Déjà vu et re-revu…
Ce détail mis à part, je ne peux que recommander ce livre pour tous ses aspects (même le caractère détestable de Scott). Dans son genre, je n’ai pas trouvé de roman le surpassant.
Mystérieuse Ashley
Critique de ARL (Montréal, Inscrit le 6 septembre 2014, 38 ans) - 2 mai 2020
L'autrice arrive à soutenir l'intérêt du lecteur de façon à peu près égale sur 840 pages, ce qui n'est pas rien. Je dis "à peu près" parce qu'une section d'une cinquantaine de pages dans le dernier quart du roman m'a un peu exaspéré par son concept digne d'un "Chair de poule"... L'ensemble demeure recommandable et digne de considération pour les lecteurs et lectrices à la recherche d'un suspense un peu champ gauche.
Réalité ? Fantasme ? Magie noire ?
Critique de Ludmilla (Chaville, Inscrite le 21 octobre 2007, 69 ans) - 10 mai 2018
Inutile de présenter le roman, les précédentes critiques l’ont déjà fort bien fait.
Un roman addictif, classé dans les romans policiers.
Je me suis longtemps demandé s’il ne devrait pas plutôt être dans le fantastique mais finalement peut-être pas ? Quoique…
Qui croire ? Trucages de cinéma ou pas ?
Nous n'avons que les histoires
Critique de Lobe (Vaud, Inscrite le 28 juin 2011, 30 ans) - 5 janvier 2018
Jeune, j’avais lu avec un effarement enthousiaste La Physique des catastrophes, premier roman de Marisha Pessl, ‘campus novel’ qui égrenait les références littéraires avec brio et malice. Ici, c’est une autre voix qu’elle se choisit, une voie sombre sur le fil du fantastique. Restent, comme autant de constantes de qualité, le défilé de personnages hauts en couleurs (ici, parfois, en noirceur), le lumineux sens du récit, les descriptions inspirées et par-dessus tout, une émouvante célébration de la fiction, du doute et de la mystification. Donc de la vie, exactement.
La fille au manteau rouge
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 14 octobre 2017
Cette histoire fascinante entraîne le trio dans des lieux inquiétants et parfois extrêmement dangereux, ce sont d’ailleurs, en parallèle de l’histoire, les descriptions détaillées de ces lieux qui m’ont absolument conquise et éblouie. Je pense à la visite chez l’actrice déchue ayant travaillé pour Cordova, vivant recluse dans son vieil appartement et n’ayant pour seule compagnie que sa drogue et l’alcool et aussi à l’exploration des studios de Cordova restés quasi intactes depuis la disparition du réalisateur dont personne ne connait le lieu de résidence et qui est resté introuvable depuis une trentaine d’années. J’ai apprécié aussi l’exploration de la serre habitée par une foule de plantes toutes plus mortelles les unes que les autres et les passages à la boutique d’ésotérisme.
Malgré sa longueur, pas une minute je ne me suis ennuyée. Ashley était-elle la proie d’un envoûtement faisant d’elle une créature habitée par le démon ? Pourquoi tous les gens ayant travaillé avec Cordova disparaissent-ils les uns après les autres après avoir parlé à McGrath et bien sûr, qu’est-ce qui a motivé le suicide d’Ashley si c’est bien un suicide ?
Un très bon polar à saveur ésotérique que j’ai savouré du début à la fin.
Night film
Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 10 janvier 2016
Compliquée à souhait, l’histoire est bien maîtrisée et le suspense va crescendo. Les héros sont attachants, le livre bien écrit. Un seul reproche : les descriptions de lieu ou de personnage sont souvent trop longues et n’apportent aucune valeur à l’ensemble. Au contraire, le roman devenant de plus en plus addictif, elles ne font que ralentir la narration.
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