Une leçon de style

Écrivain rare qui connait un regain d’intérêt, Bove (1898-1945) mérite une relecture attentive.

Il est remarqué par Colette en 1924 pour son roman Mes amis, et mène une vie modeste à Paris, où il refuse de publier quoi que ce soit sous l’Occupation.

Ce roman de 1927 décrit la trajectoire implacable qui mène un jeune homme et sa mère de la gêne à l’indigence puis à la misère. Après le décès du père, mère et fils débarquent à Paris, officiellement pour trouver une « situation » à Nicolas, mais en fait, leur activité se limitera à « taper » le maximum de membres de leur entourage proche ou lointain, et à dilapider encore plus vite l’argent ainsi obtenu.

La spirale infernale connaîtra peu de répit : une rencontre féminine pour Nicolas, sans avenir par manque de moyens, puis un emploi d’ouvrier vite abandonné. Velléitaire, nourri d’illusions sur son destin, le jeune homme choisira, sans surprise, l’issue annoncée par le titre.

On pourrait se demander ce qu’une intrigue aussi prévisible et répétitive, étirée sur 250 pages, peut présenter comme intérêt.

C’est que chez Bove, chaque page est une leçon de style. Que ce soit pour décrire l’atmosphère d’un lieu modeste, retracer le parcours d’un personnage secondaire, analyser les rapports qui unissent ou séparent deux individus, ou plonger dans les états d’âme de son héros, qui l’est si peu, Bove use d’une langue à la fois savante et allusive. Aucun pathos dans ses observations. On pense à du Flaubert : même précision, même choix du détail significatif, même distance ironique.

A recommander vraiment.

Une question demeure à propos du sous-titre, la coalition. Il y a là matière à interprétation.

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  Histoire d'un suicide ou la coalition

  de Bove, Emmanuel
  Les Editions de France
  ISBN : SANS000046375 ; 01/01/1934 ; 249 p.