Le Parfum de la tubéreuse de Élise Turcotte

Le Parfum de la tubéreuse de Élise Turcotte

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 27 septembre 2015 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
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Enseigner la littérature dans un lycée

Ce roman s'adresse à un public restreint, en particulier aux professeurs de littérature hésitant entre un enseignement basé sur un programme normatif qui retient toute velléité de contestation et un enseignement qui encourage la résistance à tout embrigadement. Irène, la narratrice et l'héroïne récalcitrante de l'oeuvre, se fait la porte-parole de son auteure pour amener son métier dans la rue afin de défendre la liberté d'expression comme ce fut le cas en 2012 lors du printemps érable des étudiants qui ont manifesté contre la loi 78.
(Cf. http://lemonde.fr/international/article/…)

Élise Turcotte appuie sa démonstration sur les Dialogues en paradis (Gallimard, 1991) de l’auteure chinoise Can Xue, qui s'est débattue contre les normes de Mao Tse Toung. La littérature peut devenir une arme de libération comme l'utilise Irène lors des manifestations étudiantes. Cette discipline est loin d'être un intra-muros qui cantonne à l'intérieur d'une chapelle bien circonscrite. Au contraire, elle donne des ailes aux esprits qui ne veulent pas survoler que des ornières convenues. Mais c'est un exercice exigeant. Il y aura toujours quelqu'un sur la route pour imposer des oeillères aux âmes attirées par des voies plus prometteuses. C'est le cas d'irène qui devra toujours se méfier des coups de Jarnac de Théa, sa perfide collègue. La méchanceté atteint toujours la cible de celui que l'on veut blesser pour l'empêcher de s'envoler.

Ce canevas apparemment facile à traiter le sujet se transforme en labyrinthe qui transporte le lecteur dans un avant et un après la vie. On suit le parcours d'Irène alors qu'elle enseigne dans un lycée après une longue maladie et, après sa mort, elle expose sa pensée sur l'importance de la littérature à des étudiants fantômes qui boivent ses cours comme un lait chocolaté. Et cette discipline se doit d'être un parfum prégnant comme celui de la tubéreuse que l'on cultive en particulier au Mexique.

L'auteure a fait tout un détour pour rendre hommage à une matière qu'elle a enseignée fort longtemps. Sa manière relève de la haute voltige dans un univers plutôt hermétique, mais il reste que les lecteurs avertis savoureront peut-être le plaisir de lire cette œuvre qui décrit ce que devrait être un enseignement idéalisé de la littérature.

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