Dieu, les affaires et nous de Jacques Julliard, Jean d' Ormesson
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Retour vers le passé
Après une entrée triomphante dans la pléiade, Jean d'Ormesson revient sur le devant de la scène en cette rentrée littéraire avec "Dieu,les affaires et nous", un recueil de chroniques du Figaro et du Figaro Magazine, rédigées entre 1981 et 2014. (d'ailleurs les premières chroniques renvoient à"Jean qui grogne et Jean qui rit", déjà un ouvrage constitué d'une compilation d'articles publiées dans le Figaro entre 1974 et 1981, dont seule la génération des 40 ans en garde encore un souvenir....)
Ce qui tranche avec "Jean qui grogne et Jean qui rit", au moins sur la partie d'écrit politique est le ton de Jean d'Ormesson.
Au "tribunal de l'histoire" auquel était convoqué François Mitterrand, succèdent des portraits plus complaisants voire émouvants de l'ancien président de la République ( lire avec une attention particulière ses articles de janvier 1996, après la mort de Mitterrand) . Sur plusieurs pages, Jean d'Ormesson n'a de cesse de dresser un portrait très intime de Mitterrand (ses séjours à Venise, par exemple, ville par excellence d'après notre génial académicien, où il regrette de ne pas avoir rencontré Mitterrand, qui, lui aussi, vouait pour la Sérénissime , une admiration sans borne. Ici, la littérature l'emporte sur le politique)
D'ailleurs, c'est assez amusant de lire Jean d'Ormesson dresser un portrait assez dithyrambique d' Alain Juppé, premier ministre démissionnaire suite à la dissolution ratée de 1997, détesté par une majorité de Français (mais jugé comme un futur grand homme d'Etat par Jean d'O dans un article daté de mai 1997), à l'heure où celui-ci , presque 20 après , redevient un favori des sondages pour l'élection de 2017.
La politique française n'est pas le seul fil rouge de cet ouvrage, une seconde partie est dédiée à la politique internationale . Je retiens surtout de cet ouvrage de près de 660 pages , les articles très ironiques de notre académicien sur les frasques présidentielles de Bill Clinton et de Monica Lewinski (c'est très drôle, bien enlevé et assez percutant).
Que ce soit au niveau national (avec des superbes chroniques que j'ai dévorées... mais qui s'adressent aux gens de ma génération), ou international (l'Europe, Sarajevo, l'Amérique - avec le truculent article "le nez de Monica") ,Jean d'Ormesson signe là une bible de ses articles qui mérite toute votre attention.
Ses articles sont assez paradoxalement tendres pour ses adversaires (François Mitterrand, en l'occurrence; mais aussi Michel Rocard ou encore Jacques Delors), et optimistes pour l'avenir ,malgré des titres plus sombres ("comment va la France, Môssieur).
Il apparaît tout de même un certain optimisme à la lecture de ce pavé.
Il y a une vie en France, même après le foot (voir l'article de juillet 1998) .
Les ruses de l'histoire n'ont pas effacées l'espérance... "nous sommes tous des Charlie Hebdo", écrivait Jean d'Ormesson tout récemment.
Bref, lisez ce livre, une véritable bouffée d'air frais dans ce torrent de livres que nous offre cette rentrée littéraire.
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Les éditions
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Dieu, les affaires et nous [Texte imprimé]
de Ormesson, Jean d' Julliard, Jacques
R. Laffont / Hors collection
ISBN : 9782221157466 ; 24,00 € ; 19/08/2015 ; 668 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (2)
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Nous ne soutiendrons pas que c’est une arnaque .
Critique de Krapouto (Angouleme Charente, Inscrit le 4 mars 2008, 79 ans) - 25 octobre 2015
« Nous ne soutiendrons pas qu’il s’agit d’une arnaque, mais admettrons qu’il est permis à certains de penser que le but de Jean d’Ormesson était moins de publier un nouveau livre à tout prix que de nous offrir une rétrospective des 20 années passées. »
J’adore d’Ormesson, sa finesse, sa clairvoyance et l’honnêteté de ses opinions qui ne s’expriment qu’après mûres réflexions.
Mais là il exagère, il nous a déjà fait le coup en 1984 et il recommence. Ce n’est pas un livre, c’est une compilation de ses articles dans le figaro de 1981 à 2014 ( ce qui ne fait pas un demi-siècle, mais passons). Articles repris in-extenso, ce qui fait que les redites, inévitables dans la rédaction de chroniques successives, sont ici exaspérantes.
Cela dit , c’est un bon moyen de réviser, de se remettre en mémoire des principaux rebondissements de la politique française (1ère partie) et mondiale ( 2ème partie). Sans être jamais méchant , il ne fait jamais de cadeau et sur les sujets qui lui tiennent à cœur, tape souvent sur le même clou.
Un passionnant recueil d'articles
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 18 septembre 2015
Au plan national, Mitterrand et Sarkozy surnagent dans son estime, alors qu'il les a respectivement détesté et porté aux gémonies. Il a toutefois reconnu à Mitterrand de grandes qualités de stratège, sa nature de faisant une fois découverte s'étant retournée contre lui, les Français n'étant plus dupes. Il affiche un certain mépris pour Jacques Chirac, qu'il n'a pas semblé trouver à la hauteur.
Sur le plan international, il s'avère plus brillant, objectif et pertinent encore, malgré des partis pris assumés avec sincérité et transparence. Le communisme, la guerre des Balkans, dans les années 1990, le besoin d'Europe et son effroi face à son impuissance diplomatique, constituent les lignes de force de ses positions.
Cette histoire revisitée par des articles de presse sélectionnés offre une remise en perspective et une réflexion personnelle. Ce recueil est donc fort utile.
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