Indochine de Jean-Éric Perrin

Indochine de Jean-Éric Perrin

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Antihuman, le 25 août 2015 (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans)
La note : 7 étoiles
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"J'ai pas envie de le voir nu, J'ai pas envie de la voir nue"

On rigole souvent de la new-wave et plus encore, du rock français alors qu'Indochine est encore là depuis plus de 30 ans. Pire il n'y a aucun "fils de " dans ce groupe ni de DJ composant avec une calculatrice, vous imaginez la honte pour des artistes français ?


Raison de plus pour célébrer la formation de Nicola Sirkis qui est parvenue à se trouver une place entre élitisme et musique populaire... et même à sortir de très bon hits valant Gainsbourg, n'en déplaise aux snobs: l'univers d'Indo étant de toute façon beaucoup plus ambigu que l'on pourrait croire à l'avenant.

Bien sûr il ne s'agit pas là de la huitième merveille du monde mais il est bon de se souvenir de ce temps ou les chansons voulaient dire quelque chose, et ou tout ne devait pas être si "swag" et si vulgaire...


résumé

À l occasion de la tournée anniversaire Météor Tour, l auteur revient sur les 30 ans de ce groupe mythique formé en 1981. À travers de nombreux témoignages et entretiens avec Nicola Sirkis, Oli de Sat, Dimitri Bodiansky, ce livre retrace l évolution de ce groupe légendaire. Ami des débuts, Jean-Eric Perrin nous fait entrer dans l intimité de cette bande et raconte chaque album et chaque tournée à travers anecdotes et documents rares ou inédits. Il analyse l esthétique du groupe, son histoire et ses racines, ses inspirations et ses engagements.


Extrait

Mes années d'Indochine

Un soir comme les autres. Le métro, à l'heure tardive où il ne véhicule plus que de rares travailleurs solitaires (veilleurs de nuit, ouvriers aux trois-huit...) et des noctambules économiquement à l'étroit (j'en suis). Descente à Opéra, ou à Madeleine. Quelques minutes de marche sur le boulevard des Capucines, quasi désert une fois passé minuit. Encore une petite centaine de mètres dans la rue Caumartin, et voici l'entrée du Rose. Le Rose Bonbon. Un nom un peu ridicule, déjà à l'époque. Mais aucun d'entre nous ne songeait alors à s'en inquiéter.
Un videur, voire deux, les grands soirs. Un escalier un peu raide, quoique large, qui descend vers les tréfonds, dans la lueur blafarde des néons. Une porte noire, qui symbolise le passage du Styx, et c'est l'enfer du rock'n'roll. Enfin, presque. Le Rose Bonbon est sans doute un réservoir à fantasmes pour les provinciaux qui imaginent que dans cette cave plate et tout en largeur, sous L'Olympia, l'électricité des groupes de demain fait oublier toute retenue à des groupies en résille et talons vertigineux, jusqu'aux petites heures blêmes du matin, tandis que le Champagne coule à flots, à la générosité de producteurs aux intentions peu louables et au carnet de chèques épais. Ce n'est pas exactement ça.
En semaine, le Rose Bonbon est plus souvent qu'à son tour hanté par une seule petite poignée de fantômes, dont la plupart font partie du microcosme. Musiciens, apprentis rockeurs, légendes en cours de construction, ceux qui peuplent la salle ont forcément, une nuit ou l'autre, occupé la petite scène qui se tient bizarrement à gauche de la porte d'entrée. Les concerts attirent en majorité les amis du groupe, mais ça, c'est une donnée récurrente de l'exercice. Le week-end, bien sûr, il y a plus de monde, mais le week-end est un autre territoire. Je suis de celui des nuits mornes, puisque j'atterris au Rose une bonne moitié des soirs de la semaine, les autres nuits se partageant entre Palace et Bains Douches, lieux plus funky et plus hype, mais où je retrouve souvent les mêmes.
Pilier du lieu, j'y exerce une coupable activité, celle d'envoyé spécial sur le front pour Rock &Folk. Les autorités de ce déjà vénérable magazine n'en savent rien, et s'en moquent avec tout
Nicola en 1986 devant les Twin Towers du World Trade Center... autant de ferveur : en ce tournant entre les seventies et les eighties, ils sont définitivement imperméables aux soubresauts de ce qu'on appelle encore à peine la new wave. Le punk, déjà, les a laissés de marbre. Les couvertures affichent inlassablement les barbons du classic rock, Rod Stewart, Mick Jagger, Eric Clapton... J'ai pourtant poussé la porte de ce lieu saint à la rentrée 1978, impressionné par le mythe de ce magazine que je lisais avidement depuis le début de la décennie, et muni du seul viatique d'une paire de publications récentes dans le courrier des lecteurs. Le Courrier était à l'époque le stade d'échauffe-ment des futurs rock critics, qui devaient y passer pour être un jour adoubés. Philippe Manoeuvre, Laurent Chalumeau et tant d'autres ont suivi ce chemin. Dans le saint des saints, la rédaction de la rue Chaptal, j'ai proposé une rubrique qui se nommerait «Frenchy but Chic», un jeu de mots inspiré du titre d'une chanson de David Johansen (The New York Dolls) : Funky but Chic. Cet intitulé résumait le propos : parler de la scène post-punk et new wave naissante, en France.

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Les éditions

  • Indochine [Texte imprimé], le livre Jean-Éric Perrin
    de Perrin, Jean-Éric
    EPA
    ISBN : 9782851207333 ; 4,71 € ; 10/11/2010 ; 312 p. ; Broché
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