L'Arche en toc de Kōbō Abe

L'Arche en toc de Kōbō Abe
(Hakobune Sakuramaru)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Tistou, le 22 août 2015 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 3 959 

Déroutant, le Kobo Abe

Second roman de Kobo Abe, pour ma part, après « La femme des sables ». Et même impression, celle de me trouver devant une chose bizarre, un improbable croisement du Kafka de « La colonie pénitentiaire », par exemple et d’Antoine Volodine de « Bardo or not Bardo ».
Apparemment Kobo Abe aime à s’emparer d’un sujet et à le traiter par le biais d’un prisme (très) déformant, c’est-à-dire le placer dans une situation hors de la réalité. De la même manière qu’un entomologiste s’emparerait d’une fourmi, la placerait sous un binoculaire et la mettrait dans des conditions artificielles (de l’acide, un oxydant, du Bleu de méthylène, … que sais-je ?) pour observer ses réactions, Kobo Abe fait de même avec ses héros. C’était le cas dans « La femme des sables », ça l’est tout autant dans « L’Arche en toc » (cette traduction du titre me parait un peu faible d’ailleurs, « toc », bof !).
Ce que dit le début de la quatrième de couverture présente assez bien le contexte :

« Peut-on imaginer la fin du monde sans Arche de Noé ? Peut-on imaginer, de nos jours, la fin du monde sous une autre forme qu’une guerre nucléaire ? Cette Arche serait donc un abri antiatomique, au fond d’une carrière désaffectée. »

Ca, c’est pour le lieu. Pour ce qui concerne les intervenants, les préoccupations traitées, c’est nettement hors réalité. Tout est grossi, exagéré, déformé, et clairement c’est une manière de procéder qu’affectionne Kobo Abe.
Soit un individu, qu’on connait sous le surnom de « La taupe ». Qui s’auto – dévalorise et qui a connu une enfance compliquée, qui a des comptes à régler avec un père … qu’on qualifiera de particulier, et qui a pris possession, dans ce qu’il croit être une discrétion absolue, d’une ancienne carrière souterraine désaffectée et qui l’a aménagée en Arche ultime aux fins de survie post – nucléaire.
Soient ses partenaires qui vont apparaître progressivement et qui représentent, probablement, des archétypes de nos contemporains.
Après, Kobo Abe va dérouler ce qui pourrait être une parabole (ainsi que la qualifie la quatrième de couverture) sur certains aspects de l’être humain (et pas seulement « l’homo japonicus » !). Des aspects déjà traités dans « La femme des sables », dans des conditions tout aussi « borderline ». Ca semble bien être la marque de fabrique de Kobo Abe !
Pour qui ne craint pas l’étrangeté, s’immerger dans « L’Arche en toc » permet de se poser quelques questions. A défaut de trouver des réponses !

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