A l'enseigne du coeur épris de Jean-François Pigeat

A l'enseigne du coeur épris de Jean-François Pigeat

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 19 août 2015 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans)
La note : 7 étoiles
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L'amour recomposé

A l’époque où les mariages se dissolvent aussi vite qu’ils se bâtissent, la Toile devient un havre précieux pour les marchands de bonheur conjugal et les candidats à une nouvelle tentative après un premier essai infructueux, les volontaires pour la construction des fameuses familles recomposées, cible privilégiée des marchands de promesses en tout en genre. La ménagère de moins de cinquante ans a pris du plomb dans l’aile, les familles reconstituées l’ont poussée dans l’ornière du marketing. Geneviève, orpheline trop tôt, mère trop jeune, veuve trop vite et Stéphane quadra divorcé tentent l’expérience. Elle est moins évidente qu’on le dit souvent dans les médias, passée la quarantaine on a une histoire, du vécu, à raconter ou à cacher.

Geneviève n’est pas très organisée, elle prend la vie comme elle vient sans chercher à y mettre un ordre trop strict, Stéphane, lui, est un plus rigide, ordonné voire maniaque. Ils essaient de composer en transigeant malgré des goûts et des habitudes assez différents mais l’affaire devient beaucoup plus compliquée quand brusquement déboule un fils que Geneviève n’avait pas mentionné jusque là dans son curriculum vitae, et pas n’importe quel fils, un jeune homme « bordélique », envahissant, négligeant, pas très soigné et plus apte à dépenser l’argent de sa mère qu’à en gagner lui-même. Et ce fils adulé a un frère presque jumeau mais de père seulement que sa mère n’a pas pu élever et que Geneviève a recueilli pendant une certaine période. Ca fait beaucoup pour Stéphane, trop peut-être, qui trouve la barque bien chargée et prend l’initiative de rompre mais l’amour à quarante ans, comme à vingt ans, n’est pas facile, il ne se laisse pas diriger et les cœurs les plus rigides peuvent connaître des penchants de midinette. Geneviève disparaît juste au moment ou Stéphane voudrait recoller leur amour en kit, la quête commence, les palpitations agitent le cœur de l’amoureux, l’histoire d’amour prend une nouvelle dimension.

Jean-François Pigeat traite le problème des nouvelles familles recomposées avec humour et sarcasmes dans un texte guilleret, primesautier, bourré de formules drôles, de raccourcis fusant toujours à propos et de mots savants ou recherchés nullement comptés. Derrière ce texte plutôt humoristique, il faut tout de même constater la dénonciation d’une certaine décomposition de la société qui perd progressivement ses maillons fondamentaux que sont les familles unies, soudées, cellules de bases de la civilisation occidentale. L’auteur ne juge pas, il constate, évalue et note les changements qui affectent la population toute entière en remarquant que l’amour sera toujours un sentiment étrange, pas facile à comprendre, qu’il fera encore bien des misères à ceux qui y sombrent quels que soient leur âge et leur statut.

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