1275 âmes / Pottsville, 1280 habitants de Jim Thompson
( Pop. 1280)
Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers
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Coup de torchon
Depuis quelques jours le shérif, Nick Corey, est très soucieux. Après tout ce n'est pas parce que le shérif de la bourgade de Pottsville affiche en permanence un air bonasse et qu'il ne se montre pas trop regardant sur l'application de la loi (certains diraient plutôt qu'il est fainéant et lâche, mais bon c'est une façon de voir les choses), qu'il doit être mépriser par ses concitoyens.
Surtout de la part des deux maquereaux qui tiennent la maison close au bord de la rivière qui, sous prétexte qu'il ferme les yeux sur leurs activités contre quelques petites indemnités, se permettent de se foutre de lui avec leurs remarques visant à manquer de respect à un représentant de la loi. Tout de même, il ne faut pas exagérer.
Après avoir longuement réfléchit, Nick Corey décide de rendre visite à son ami Ken Lacey, shérif dans la ville voisine. Ken est très intelligent et il n'est jamais avare de bons conseils, ce qui a souvent permis à Nick de se tirer de situations difficiles. Une fois de plus il se montre à la hauteur du problème que lui expose Nick. Ken lui explique qu'il ne doit jamais se laisser faire par qui que ce soit. N'est-il pas le shérif après tout, garant de l'ordre. A lui de savoir se faire respecter, quitte à employer les grands moyens. Joignant le geste à la parole il lui flanque un grand coup de pied au cul pour lui faire comprendre que dans la vie il faut être capable de rendre les coups que l'on a reçus et plutôt deux fois qu'une.
Armé de ces bons conseils et d'une douleur au fessier lui interdisant momentanément la position assise, il rentre à Pottsville. Sur le chemin du retour une idée commence à germer dans son esprit, quelque chose de pas encore très bien défini. Dans un premier temps il décide de rendre visite aux deux maquereaux, histoire de les secouer un peu. Enfin secouer c'est une façon de parler, vu qu'ils finissent tous les deux au fond de la rivière, lesté d'une une balle entre les deux yeux.
Maintenant que leur sort est définitivement réglé, Nick va pouvoir s'occuper sérieusement de sa campagne en vu de sa réélection au poste de shérif. Mais c'est sans compter sur son encombrante femme qu'il déteste et de son taré de frère qui passe son temps à lorgner à travers les fenêtres des dames. Et puis il y a aussi sa maîtresse, brutalisé par un mari qui mériterait bien une bonne correction lui aussi, qui lui prend beaucoup de temps. Surtout qu'en secret il est encore amoureux de la femme qu'il aurait dû épouser, si son épouvantable mégère ne lui avait pas tendu un piège machiavélique pour l'obliger à se marier avec elle. Elle non plus, elle ne perd rien pour attendre. Même si d'ordinaire il adore rester à ne rien faire de ses journées, Nick sait que cette fois ci il lui faut bouger son cul et commencer à faire le ménage dans ce patelin peuplé d'hypocrites en tous genres.
Portrait au vitriol d'une petite communauté du sud des Etats Unis dans les années 1920, où l'immoralité de Nick Corey n'a d'égale que l'hypocrisie des habitants de Pottsville. Un très bon roman policier à l'humour noir jubilatoire et au cynisme à faire froid dans le dos. L'excellent film de Bertrand Tavernier, "Coup de torchon", est une adaptation très fidèle de ce livre.
Les éditions
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1275 âmes [Texte imprimé] Jim Thompson trad. de l'américain par Marcel Duhamel
de Thompson, Jim Duhamel, Marcel (Traducteur)
Gallimard / Folio. Policier
ISBN : 9782070406609 ; 5,58 € ; 23/10/1998 ; 248 p. ; Poche -
Pottsville, 1280 habitants [Texte imprimé]
de Thompson, Jim
Payot & Rivages / Rivages Noir
ISBN : 9782743636289 ; 8,00 € ; 13/04/2016 ; 270 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (12)
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Un shérif sans foi ni loi
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 29 novembre 2021
C’est la présentation incroyable que nous en fait l’auteur dans les premiers chapitres. Avant de le transformer en être machiavélique, prêt à sacrifier quiconque, même des personnes pour qui il semblait avoir de l’affection.
"Je commence à m’apitoyer sur les autres, comme Rose, par exemple, ou même Myra, ou bien oncle John, ou un tas de gens et de la façon que les choses finissent par tourner, il aurait mieux valu que je ne m’apitoie pas sur eux."
Une réelle surprise que la lecture de ce roman que je croyais "policier" ; un shérif, des enquêtes…
Un savant et bien dosé mélange d’humour, de trivialité, d’horreur en fait un livre incroyable et passionnant.
Roman noir dans un trou
Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 30 mai 2016
Nick Corey est le sheriff de Pottsville un trou perdu du Sud des Etats Unis juste après la Première Guerre Mondiale. Parfois les dilemmes s'y règlent encore par un ou deux lynchages. Le ragot est roi, tout comme les rumeurs, l'on s'y ennuie tellement. Pour demeurer tranquille et en faire le moins possible, Nick Corey se fait passer pour un imbécile heureux, un imbécile débonnaire laissant prospérer les petites et grosses magouilles ce qui lui permet d'enrichir son ordinaire plutôt précaire. Il est régulièrement réélu sans trop de problèmes ....
...Il supporte les railleries et moqueries diverses, les brutalités même, de certains de ses administrés parmi les moins recommandables puis un jour c'est l'humiliation de trop, et Corey décide de « faire le ménage » dans son bled, à sa façon, finissant par se prendre par un mélange de Jésus et Judas, sauveur de ses proches même malgré eux et leur pire ennemi...
Corey est marié à une harpie le faisant chanter, Myra, lui ayant imposé son « frère » Lennie, un Lennie moins sympathique que celui de Steinbeck, un semi-débile doté cependant d'un appareil reproducteur de bonne taille. Le sheriff trompe lui aussi allègrement sa femme, avec l'épouse d'un fermier violent tout en rêvant de s'enfuir de Pottsville avec son amour d'adolescence. Il commence par faire tomber un notable dans une fosse d'aisance puis passe à la vitesse supérieure en assassinant les deux maquereaux du coin, deux escrocs minables ne le prenant pas au sérieux. Il fait porter le chapeau du crime à un de ses collègues donneurs de leçons d'un trou à peine plus grand.
Il piège sa femme, son pseudo-frère et la fermière qu'il a sauvée celle-ci s'avérant être une maritorne toute aussi pénible que Myra.
Nick Corey finit par sombrer dans un abîme maléfique, de mensonges et de cynisme mêlés, tombant à son tour dans la fange...
Noir, très noir
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 9 novembre 2014
Complètement loufoque
Critique de Clubber14 (Paris, Inscrit le 1 janvier 2010, 44 ans) - 18 juin 2014
Jusqu’où ira-t-il dans son délire pour parvenir à son but??
Un peu dans la lignée de "La conjuration des imbéciles", ce livre est plutôt mignon sans être incroyable.
Géniale bouffonnerie
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 4 juin 2013
Le hic, c’est que ça risque de chauffer pour le matricule de notre bonhomme rapport que ce sont bientôt les élections. Mais il compte bien répandre quelques ragots du cru sur son concurrent, Sam, qui aurait, tiens-toi bien, violer une négresse en bas âge, tué son pauv ‘ vieux père à coups de trique, et donné sa propre femme à manger aux cochons …. Pour se faire la main, not’shérif va commencer par dégommer deux maquereaux, puis envoyer deux coups de chevrotines dans la panse de Tom, une ordure de première mais également le mari de Rose (bon débarras !). Puis tirer deux balles dans la tronche d’oncle John, un pauv’ nègre qui a cru bien faire. Paix à son âme ( ben non, ils n’en ont pas !). Et ce n’est pas fini …
Oui, nous sommes bien dans un roman noir de chez noir. Voici ce que Marcel Duhamel, le traducteur, en dit dans sa préface : « Bref, suivant l’angle où l’’on se place, l’ouvrage est ou bien une apologie de l’abomination, ou bien un réquisitoire contre toutes les vacheries du monde, ou bien une bouffonnerie «.
On sourit, on rit, même, à la lecture de ce roman (mais peut-être jaune vu que c’est bourré d’humour noir). L’argot foisonne, les injures, les p’tits mots d’oiseaux itou.
Extraits :
- Enfant de … de salaud ! Espèce de … de dégueulasse ! De nom de Dieu de saloperie de crapule, de faux frère, de p…, de canaille, de bon à rien, de fi de garce, de…
- (…) alors il faut que je me rattrape en tapant deux fois plus fort sur les Noirs, sur la pauvre racaille de Blancs, et sur ceux qui, comme toi, ont mis leur cervelle à la place de ce que je pense parce qu’ils ne savaient pas quoi en faire là où elle était.
- Enfin quoi, une belle fille comme toi, elle peut gagner des masses de pognon dans ces patelins du bord de l’eau, à ne rien faire d’autre que ce qui lui plaît le plus, et que, soit dit en passant, tu fais mieux qu’aucune femme de ma connaissance.
- Tu ne trouves pas logique que je sois apparu ici, à Pottsville, qu’est à peu près aussi proche du trou de balle de la création qu’on peut se le permettre sans se faire mordre un doigt.
Bertrand Tavernier, en 1981, s’est admirablement inspiré de ce roman pour réaliser son film « Coup de torchon « avec Philippe Noiret, Isabelle Huppert, Stéphane Audran, Jean-Pierre Marielle, Eddy Mitchel, …
Culte!
Critique de DaveM (, Inscrit le 2 février 2012, 50 ans) - 2 février 2012
Caustique.
Savoureux.
Drôle.
Une pépite ce roman! Lisez, lisez!
Ambiance vieux Western
Critique de Free_s4 (Dans le Sud-Ouest, Inscrit le 18 février 2008, 50 ans) - 3 décembre 2011
La vie paisible dans un village où le shérif se laisse aller, entre sa femme tyrannique et ses deux maitresses, jusqu'au jour où il décide de faire régner sa loi.
Excellent pour son ambiance vieux western, je le conseille.
Shérif fais moi peur !
Critique de Pakstones (saubens, Inscrit le 2 septembre 2010, 58 ans) - 20 novembre 2010
1275 âmes ou plutôt 1275 ploucs, c'est du pareil au même sauf que dans ce bas monde il y a aussi les nègres, donc le calcul est faussé.
Voilà d'entrée, les premières lignes du roman de Jim Thompson, on entre dans la peau d'un shérif miteux qui va éliminer les problèmes ( macs, salopiauds , fornicateurs, incestueux ...) en s'en créant d'autres.
Sur une pile de bibles, je peux vous jurer que moi Nick Correy , m'en vais nettoyer cette merd' à coup de volées de chevrotines !
Mais voilà, toutes ces emmerdes me tracassent la cervelle et à force de réfléchir, de me biler et de me tourmenter, j'ai pris une décision :
J'ai décidé que je ne savais pas quoi faire !
C'est avec les bons conseils d'un shérif voisin, que les coups de pieds vont se distribuer. Mais ne vous inquiétez pas, il y en aura pour tous , nom d'un putois !
Je ne raconterai pas l'histoire, mais vous l'avez compris, dans ce livre écrit en 1964 de Jim Thompson considéré comme son chef d'oeuvre, vous allez avoir droit à des coups tordus, des coups fourrés , des coups perdus et des coups de trop !
Les personnages sont haut en couleurs, les dialogues jouissifs, avec une bonne dose d'humour noir, la vision de l'époque bien crasseuse, l'écriture et l'histoire, dérangeante, déroutante le tout taillé au scalpel.
Scié en deux, vous allez être.
Ce n'est pas une enquête policière comme les autres romans puisque le bien et le mal sont assumés par la même personne, mais plutôt un vrai roman noir qui vous traîne et piétine dans la boue.
Attention donc, je recommande cet ouvrage uniquement aux personnes qui vont à l'église et qui se conduisent comme tout un chacun.
Quel minable plouc de l'échantillon de l'espèce humaine je fais !!
La pépite 100 carats de Jim Thompson
Critique de Anibalecteur (, Inscrit le 7 mai 2009, 67 ans) - 9 mai 2009
Dérangeant mais réjouissant
Critique de Cyrus (Courbevoie, Inscrit le 3 novembre 2008, 47 ans) - 12 novembre 2008
Vision pessimiste et cynique de l'humanité à travers cette histoire empreinte d'un humour grinçant. Les dialogues sont assez savoureux, l'écriture directe et sans fioritures comme son narrateur.
On se perd parfois dans les méandres de l'esprit tordu du shérif qui n'a aucune limite quand il s'agit d'être monstrueux. Mais que pense-t-il vraiment?
Déroutant mais toujours distrayant et même jubilatoire parfois.
Et pourtant on s'y attache
Critique de Grass (montréal, Inscrit le 29 août 2004, 47 ans) - 7 octobre 2006
Comme les personnages des frères Cohen, ceux de Thompson sont une pure réussite, de plus en plus attachants dans leur bêtise.
Un putain de must, c'te livre.
Du grand art
Critique de Georges E. Brown (, Inscrit le 13 août 2004, 45 ans) - 13 août 2004
Ajoutez y des personnages secondaires hauts en couleurs, des dialogues fabuleux et un village du fin fond du sud des Etats Unis et vous avez un grand roman. Tout simplement.
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Nouvelle traduction, nouveau livre | 10 | AmauryWatremez | 2 juin 2016 @ 20:52 |
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