Une plume blanche dans le cadre de bouleau

Lors de la Révolution culturelle chinoise, un jeune garçon et ses camarades, entraînés dans la tourmente, humilient leur professeur de dessin en lui accrochant une pancarte autour du cou le dénonçant comme « de droite » et vont jusqu’à brûler son atelier et toute sa production artistique. Le jeune garçon réussit néanmoins à sauver une œuvre du désastre : un portrait de jeune femme qu’il dissimule chez lui pendant de nombreuses années. Devenu adulte, il retrouve son vieux professeur et lui restitue le portrait accompagné de ses regrets les plus profonds envers le tort que lui et ses camarades lui ont causé. Mais le portrait recèle un touchant secret.

Très belle histoire que celle de cet homme fortement influencé par son professeur de peinture et de dessin qui lui insufflera le goût de l’expression artistique et que jamais il n’oubliera. Bien que très court, ce récit rempli de signification dénonce l’absurdité et surtout, la bêtise des nombreux excès de la révolution culturelle et des conséquences néfastes sur la vie de ses victimes.

L’écriture de Ma Jian est d’une luminosité et d’une simplicité poétique qui m’ont tout simplement enchantée. J’ai énormément apprécié les courts chapitres aux titres évocateurs. En peu de pages, Ma Jian décrit à merveille ce passé demeuré bien présent dans sa vie car nul doute que ce récit se range dans la catégorie autobiographique.

Les œuvres de Ma Jian sont très peu appréciées du gouvernement chinois ce qui l’incite à quitter la Chine en 1997 pour l’Allemagne et ensuite l’Angleterre. Ce livre illustre bien ce fait.

« La vie : on croit avoir tout vu comme par la vitre d’une voiture qui roule à travers les villes, les foules, les campagnes, mais les choses n’ont fait que défiler. »

« Les théâtres, les cinémas et les gares sont peut-être les seuls lieux publics où l’on peut donner libre cours à ses émotions. Là, on pleure, on montre de la colère, de la sympathie ou de la joie ; ce qui ailleurs se fait rarement. La mémoire se fourvoie dans une histoire imaginaire qui ressemble à la vie. La petite enfance, l’âge amoureux, les jours malheureux : c’est le lot de tous. Pour nous qui menons des existences identiques, qui vivons dans les mêmes logements, avons les mêmes idées, les mêmes sourires, une crise de larme ou un fou rire sont salutaires. »

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  Chienne de vie [Texte imprimé] Ma Jian récit trad. du chinois par Isabelle Bijon

  de Jian, Ma Bijon, Isabelle (Traducteur)
  Actes Sud / Lettres chinoises
  ISBN : 9782868696427 ; 9,10 € ; 10/08/1993 ; 60 p. ; Broché

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