Un cyclone à la Jamaïque de Richard Hughes

Un cyclone à la Jamaïque de Richard Hughes
(A high wind in Jamaica)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Cyclo, le 17 juillet 2015 (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans)
La note : 10 étoiles
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La vérité de l'enfance

Nous sommes à la fin du XIXe siècle : une famille de planteurs d'origine anglaise, les Thornton, a cinq enfants, de douze à trois ans. Elle vit difficilement depuis l'abolition de l'esclavage. Les enfants sont comme de petits sauvageons, quasiment à l'état de nature, bien que très marqués cependant par une éducation chrétienne et par la supériorité de la race blanche. À la suite d'un cyclone, la maison coloniale est détruite. Les parents, conscients que leurs enfants ont besoin de retrouver des repères anglais et une bonne éducation, décident de renvoyer leurs enfants en Angleterre, où ils seront accompagnés par les deux enfants d'une famille voisine et leur gouvernante. Ils embarquent sur la "Clorinde", un Trois-mâts. Très rapidement, les enfants se sentent complètement libres et partent à la découverte du navire. Mais ce dernier est arraisonné par un petit navire pirate, sans aucune violence, et les pirates récupèrent les enfants. Pour se dédouaner, le capitaine de la "Clorinde" établit un rapport mensonger comme quoi il aurait été attaqué à l'aide de nombreux canons (totalement absents du navire pirate) et que les pirates auraient assassiné les enfants.
Sur le navire pirate, la vie reprend ses droits : les enfants vivent l'aventure et la dure vie des marins. Le capitaine Jonsen aimerait bien se débarrasser des encombrants enfants, mais les garde en attendant. Il les prend même en étrange affection. Pour les enfants, le bateau devient un immense terrain de jeux, ils oublient leurs parents, l'Angleterre. Lors de la première escale, John, l'aîné, se tue accidentellement. On récupère les autres enfants. Ceux-ci, peu à peu, se découvrent, mûrissent et entretiennent de curieux liens affectifs avec les pirates. Jusqu'à ce qu'un jour, les pirates arraisonnent un voilier hollandais, et accidentellement, Emily, l'aînée des filles Thornton, se croyant menacée, en tue le capitaine. Dès lors, le drame couve. Car les pirates se savent menacés, eux qui s'étaient bien gardés jusque-là, de tuer quiconque !
Une sorte de roman d'aventures maritimes donc, mais peu habituelle. Les enfants, que l'auteur observe comme il observerait des insectes, sont décrits dans leur humanité primitive, leur capacité ou plutôt incapacité de comprendre réellement ce qui leur arrive. Une fois délivrés (remis par les pirates eux-mêmes à un navire britannique), ils ignorent que la société victorienne et la justice vont se servir d'eux pour faire condamner à mort les pirates en leur attribuant la mort du capitaine hollandais. Emily devra apprendre par cœur les réponses aux questions de l'avocat quand elle sera appelée comme témoin.
Ce roman fut bien sûr très admiré par William Golding, qui s'en est largement inspiré pour "Sa majesté des mouches". C'est un magnifique roman, parfaitement dérangeant pour la bonne société et son hypocrisie, et qui fit scandale à sa parution en 1929. les enfants en effet n'y sont pas dépeints comme de petits anges, ni comme de petites pestes, mais comme de vrais enfants, dans toute leur ambiguïté. Placés dans une situation inhabituelle, ils ne la comprennent qu'en partie. Quand ils quittent le bateau des pirates, ils embrassent tout l'équipage, dont finalement ils se sentent proches, dans cette espèce de liberté sauvage.
Etonnant qu'il n'ait pas eu de réédition depuis une vingtaine d'années. Le roman est bien meilleur que le film réalisé en 1965, avec Anthony Quinn en chef des pirates.

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