Des steaks pour les élèves de François Désalliers

Des steaks pour les élèves de François Désalliers

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 25 mai 2015 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 4 étoiles
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Enseigner, un acte dangereux

Le roman présente un instituteur débutant aux prises avec des élèves indisciplinés du cours secondaire. Clarence, un comédien oublié des réalisateurs, reçoit un jour l’offre de Tigre, une directrice d’école, afin d’assumer la responsabilité du cours de théâtre, suivi par des adolescents davantage intéressés à déstabiliser leurs enseignants qu’à évoluer sur une scène. Les difficultés pécuniaires du héros l’obligent à accepter le poste d’autant plus qu’une femme et quatre enfants comptent sur lui pour vivre décemment. Cette situation l’amène à se jeter, à son corps défendant, dans la cage aux lions. La métaphore ne souffre pas d’embonpoint.

Certains élèves se sont juré que le petit nouveau n’atteindrait pas la fin de l’année, en particulier Tête-bêche, la fille de Bêche-tête, un potentat de la ville. S’annonce, entre elle et Clarence, un duel qui connaîtra son dénouement quand on jouera la pièce qui va couronner l’année scolaire. Entre temps, le pauvre enseignant recourt à des stratagèmes pas très efficaces pour mâter ses élèves. Il réussit quand même à les apaiser quelque peu en leur payant le matin des steaks que leur prépare le cuisinier de la cantine.

Cette idée farfelue est à l’image du reste du roman. On nage en pleine invraisemblance du début à la fin. La directrice accueille Clarence dans son bureau en jouant une partie de bras de fer en plus de marcher au plafond grâce à des souliers agrippants. Le roman collige inutilement ces gestes fantasques pour divertir le lectorat. Pourtant, l’auteur avait rassemblé des ingrédients formidables pour concocter un excellent polar autour du comportement criminel de Tête-bêche. Au contraire, il a concocté une macédoine indigeste comprenant l’infidélité de son héros, son goût de l’alcool, sa vie de couple en panne et la présence d’un clochard ayant choisi le placard de sa classe comme domicile. Un fourre-tout étourdissant qui fait perdre de vue le sens de l’œuvre. Embrasse mal qui mal étreint.

Comme François Désalliers est un bon conteur, il peut quand même susciter de l’intérêt pour les difficultés vécues dans le contexte scolaire d'aujourd'hui. Par contre, les incongruités ne se comptent pas. Les principes pédagogiques sont tombés au profit des règlements qui déterminent le nombre de boucles d’oreille que les élèves peuvent porter en classe ou le nombre de centimètres de bedaine nue que l’on peut tolérer pour respecter le code bienséant de la tenue vestimentaire. Bref, ce roman indique que l’enseignement est devenu un art dangereux depuis que certains élèves se comportent comme les membres des bandes criminalisées.

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