Bilqiss de Saphia Azzeddine

Bilqiss de Saphia Azzeddine

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Le rat des champs, le 11 mai 2015 (Inscrit le 12 juillet 2005, 74 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 093ème position).
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Dans l'enfer salafiste

Quand on est comme Bilqiss rebelle dans un pays islamiste, qu'on est traînée devant un tribunal pour impiété il n'y a aucune illusion à se faire sur la sentence, ce sera à coup sûr la lapidation. Impie, elle? En tous cas, on a trouvé chez elle des objets haram, comme par exemple une pince à épiler, du rouge à lèvres et comme l'islam rigoriste de son pays interdit de modifier en quoi que ce soit le corps qu'Allah a donné, fût-ce en s'épilant les sourcils, ce sera la mort atroce que tant d'autres femmes ont subie. La stupidité de la gent masculine de ce pays arriéré les empêche de comprendre que les chairs éclatées par cet horrible supplice sont une altération beaucoup plus grave du visage et du corps féminin qu'une épilation. Ne parlons même pas des courgettes non découpées qu'on a trouvées chez elle, les barbus en sont sûrs, elle s'en servira de sex-toy.

Dans ce pays où il vaut mieux être un volatile qu'une femme, où on tue des femmes parce qu'on les considère comme impudiques et tentatrices si une mèche de cheveux dépasse de la burqa dont elle sont couvertes, Bilqiss risque très gros mais la mort lui semble préférable à la vie dans cet enfer salafiste.

Alors elle ne se tait pas, Bilquiss. Quitte à déchaîner encore un peu plus la haine dont elle est l'objet, elle dénonce face au tribunal l'hypocrisie masculine. Si ce sont les pénis qui se comportent mal quand ils sont excités par la vue d'une femme, pourquoi ne pas les couper eux, dit-elle au tribunal.

Mais le juge qui doit appliquer la charia montre une étrange mansuétude à son égard. Les expériences de vie de ce juge ont été très dures elles aussi, sa femme ne supportant plus cette vie infâme s'est suicidée naguère.

Certains dialogues sont extraordinaires. comme celui entre le juge et sa femme:
"Combien y a-t-il de mosquées dans le village?"
- Vingt-deux.
- Et combien d'hôpitaux?
- Il n'y en a pas.
- Vous flattez Allah, mais vous ne l'honorez pas.

Vraiment un très grand livre, qui dresse un réquisitoire implacable contre le fanatisme islamiste et démontre sans l'ombre d'un doute, que la spiritualité musulmane est pratiquée parfois en secret mais violemment réprimée chez les femmes. Un coup de cœur absolu

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J'étais une femme

8 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 26 août 2015

"J'étais une femme dans un pays où il valait mieux être n'importe quoi d'autre", dira Bilqiss, cette jeune veuve insoumise, prisonnière durant un procès qui ne peut qu'aboutir qu'à un seul verdict : la lapidation.

Ce livre présente le vécu de la prisonnière, de son juge et d'une journaliste américaine présente sur place. Il a le mérite de donner un aspect nuancé, ni "tout blanc ni tout noir" et où la place de chacun n'est vraiment définie. C'est là un des atouts de ce roman.
Bilqiss pourrait invoquer Dieu publiquement pour échapper au châtiment, mais elle soutient effrontément qu'elle ne partage pas le même que ses persécuteurs, que le sien n'a rien à voir avec eux ; hérésie crieront les barbus.
Elle pourrait adopter une attitude "médiatisante" afin de soudoyer la journaliste, elle préférera la volte-face.

Il faut se méfier des bonnes intentions... elles ne suffisent pas.

La femme musulmane et la charia

10 étoiles

Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 10 juillet 2015

Un grand bonheur nous est offert en dévorant cet excellent roman dramatique, intelligent et talentueux, et qui met en scène une femme que l’on suppose être afghane aux prises avec la justice islamiste.

Bilqiss, une jeune femme volontaire et révoltée, se substitue un matin au muezzin du village, empêché par sa saoulerie, pour, du haut du minaret appeler la communauté des croyants à la prière, tout en y ajoutant quelques considérations de son cru.

Impensable de la part d’une femme, cette initiative la fait condamner à mort par lapidation.

La suite qui en découle se concentre principalement autour des dialogues entre la condamnée et son juge : la première oppose bon sens et condition féminine musulmane, tandis que le second se drape dans la Loi, tout en concédant que l'accusée demeure croyante …

A lire d’urgence, tout en nous réjouissant du nombre d’autres titres prometteurs que Saphia Azzeddine offre à ses lecteurs …

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