La quête de la vérité

Le Chilien Jorge Edwards (dont, pour être franche, le nom m’était totalement inconnu) a été peu traduit en français, et on ne peut que le déplorer à la lecture de ce texte fort et puissant qui en laisse sans doute présager d’autres du même acabit.
L’Origine du monde, c’est bien sûr le célèbre tableau de Courbet, ce sexe béant de femme duquel découle la vie.
« Tout commença lundi ou mardi de la semaine passée, face au tableau », c’est ainsi que débute le livre, à travers la voix de Patricio Illanes, qui se taira parfois pour qu’on puisse entendre celle d’un de ses amis, puis celle de sa femme, selon les chapitres. Patricio fait alors remarquer à son épouse Silvia que la femme du tableau lui « ressemble beaucoup », ce qui l’offusque et la met mal à l’aise au point de la faire rougir.
Et c’est de cette origine du monde là que va naître l’origine du mal de Patricio, mal qui va le ronger de manière obsessionnelle et le plonger dans une semi-folie.
Et si sa femme était comme n’importe quelle autre femme, et si elle aussi, et si et si et si. Patricio n’aura de cesse de chercher la preuve, la preuve irréfutable qui permet d’accabler.

Très axé sur le dialogue mais également sur l’introspection, nourri de belles pensées philosophiques ou littéraires, L’Origine du monde est un beau texte au rythme alerte et percutant qui s’inscrit dans le registre du drame.
Perte de repères, fantasme, déclin d’un homme en quête absolue de vérité, limites troubles entre imagination et réalité (un des personnages Stendhalien et Felipe Diaz, l’ami de longue date se confondent aux yeux de Patricio), tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce livre une véritable descente aux enfers…quand le mal semble gâcher tout ce qu’il peut y avoir de bien.

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  L'Origine du monde

  de Edwards, Jorge
  les Allusifs
  ISBN : 9782922868050 ; 7,67 € ; 15/02/2002 ; 124 p. ; Broché

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