Le rapport de Brodeck, tome 1: L'autre de Manu Larcenet
Catégorie(s) : Bande dessinée => Divers
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Une plongée dans les noirceurs de l'âme humaine
Après le très sombre mais réussi Blast, Manu Larcenet nous revient avec un récit noir, dur adapté du roman éponyme de Philippe Claudel.
Tout d'abord, en ouvrant cet ouvrage (judicieusement édité sous un format à l’italienne), j'ai eu une claque, une claque graphique. Quelle maîtrise du noir et blanc, quelle maîtrise de l'espace où les planches muettes sont toutes aussi , voire plus expressives, que les pages commentées par Brodeck.
Certaines pages sont difficiles à supporter: celles consacrées aux camps de concentration par exemple. Le dessin de Larcenet, encore plus réaliste que celui qu'il avait adopté sur Blast, font de ce premier volume le livre incontournable de cette année.
Le parti pris de l'auteur (peu de dialogues, un récit à la première personne, et des planches muettes) est si bien dosé que je n'ose pas, et c'est un comble, découvrir la suite rapidement en lisant le roman, de peur d'être déçu.
Une plongée très réussie dans les méandres de la noirceur humaine.
PS: l'éditeur aurait dû prévoir un étui plus aisé à retirer !!!
Les éditions
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L'Autre [Texte imprimé]
de Larcenet, Manu
Dargaud / Le Rapport de Brodeck
ISBN : 9782205073850 ; 22,50 € ; 10/04/2015 ; 160 p. ; Album
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Cet Autre qui dérange
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 19 novembre 2015
Il se dégage quelque chose d’extrêmement sombre de cette œuvre, alternant récit au présent et souvenirs du narrateur. L’omniprésence d’une nature hivernale et blanche contraste de manière frappante avec les personnages, représentés sous un trait d’une noirceur inquiétante. L’Anderer préférait côtoyer les hauteurs plutôt que le lisier où se débattaient les humains, un lisier fait de coups tordus et de rancœur, et quand il le faisait, le miroir qu’il leur tendait n’était pas très agréable, il fallait donc le briser... Et au milieu de ce lisier, le maire, un homme véreux qui bâtit sa richesse sur l’élevage de porcs sous l’occupation, d’un cynisme sidérant, renvoyant aux confidences du curé face à Brodeck, quand il parle de ses ouailles à confesse : « Je suis celui dans le cerveau duquel ils déversent toutes leurs sanies, leurs ordures, pour s’alléger… Puis ils repartent tout propres, prêts à recommencer à la première occasion. »
Avec « Le Rapport de Brodeck », Larcenet réaffirme son goût pour ce type d’histoire mature et ténébreuse, tout en confirmant son talent pour un graphisme aux visées plus artistiques, à l’opposé de sa production humoristique passée. Son dessin en noir et blanc est aussi sublime que dans « Blast », les gris en moins. Grâce à sa maîtrise du clair obscur, le dessinateur réussit bien à faire ressortir l’âme des personnages de Claudel, tous extrêmement bien campés dans leur solitude ou leur cynisme. Seul bémol très mineur : l’excès de noir gêne un peu à l’identification des visages, mais aucunement à la compréhension de l’intrigue.
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