L'océan au bout du chemin de Neil Gaiman

L'océan au bout du chemin de Neil Gaiman
(The ocean at the end of the lane)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique , Littérature => Anglophone

Critiqué par Ellane92, le 24 mars 2015 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 49 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 413ème position).
Visites : 4 531 

un peu de merveilleux

Un homme, à l'occasion d'un enterrement, a l'envie de prendre l'air avant de partager les condoléances des amis et de la famille. Sa voiture le conduit dans le village où il a passé son enfance. Il retrouve sa maison. Bien sûr, elle a été repeinte, et d'autres personnes l'habitent. Mais à l'époque, quand il avait 7 ans, sa sœur et lui partageaient la même chambre. Sa première chambre, avec le lavabo jaune juste à la bonne taille, était louée pour la nuit ou plus longtemps à des voyageurs de passage, améliorant ainsi les revenus du foyer.
Tout avait commencé avec le prospecteur d'opales, qui louait cette chambre dans sa maison, et qu'on a retrouvé dans la voiture de son père, asphyxié par les fumées du pot d'échappement qui se déversaient dans l'habitacle. Lettie, une grande fille de 11 ans qui habitait à proximité du drame, avait pris le jeune garçon sous son aile, pour lui donner du lait tout juste sorti du pis de la vache, et du porridge. Puis elle l'avait emmené à l'océan, au bout du chemin. A première vue, ça ressemblait plutôt à une mare aux canards, mais il parait que les Hempstock l'avaient traversé quand ils étaient arrivés du Vieux Pays.

Je suis une grande fille maintenant. C'est moi qui raconte des histoires à mes enfants. Mais quand je lis un livre de Neil Gaiman, je me sens rajeunir à vue d’œil, je me rappelle que gamine, dans ma façon de voir le monde, le "rationnel" et "l'irrationnel" avaient des frontières très très poreuses, voire des frontières mouvantes, voire pas de frontière du tout... Et bien, L'océan au bout du chemin, c'est un peu ça, cette ambiance, ce retour dans un monde qui, comme on ne le comprend pas très bien, coexiste sur plusieurs plans en même temps.

Je n'ai pas honte de l'avouer : N. Gaiman est un des rares auteurs à arriver à me faire croire que la mare aux canards au bout du chemin est un océan, traversé par la famille de Lettie lorsqu'elle est partie du Vieux Pays, entraînant dans son voyage toutes sortes de créatures. Il est le seul à me faire croire que la gouvernante est l'une de ces créatures, une puce comme dit Lettie. Je n'ai aucun mal à imaginer sa toute puissance ! Et je crois dur comme fer que, pour l'empêcher de lire dans les pensées ou de deviner notre plan pour lui échapper, il faut lire des romans ou chanter des chansons ou réciter de vieux poèmes. Enfin, j'ai une confiance entière en Lettie, elle qui parle le vrai langage, celui qui crée le monde !

Le monde est merveilleux et terrifiant, et Gaiman lui redonne toute sa fraîcheur dans cette splendide histoire poétique, onirique et effrayante que l'on quitte un brin nostalgique. Et si l'aventure continuait... Après tout, qui sait, au bout de ce chemin, se trouve peut-être une mare aux canards dans lequel se cache un océan que l'on transporte au fond d'un seau ?


Les souvenirs d'enfance sont parfois enfouis et masqués sous ce qui advient par la suite, comme des jouets d'enfance oubliés au fond d'un placard encombré d'adulte, mais on ne les perd jamais pour de bon.

Les adultes ne devraient pas pleurer, je le savais. Ils n'avaient pas de mères pour les consoler.

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Meilleur que Coraline

9 étoiles

Critique de Vieux Chat (, Inscrit le 30 mars 2020, 46 ans) - 30 avril 2020

Il s’agit d’une histoire fantastique, s’apparentant au conte pour enfant avec des thèmes adultes.

Le livre débute lorsque le narrateur revient dans le quartier où il habitait étant enfant. Il en profite pour retourner voir une ferme avoisinante où habitait Lettie Hempstock, une amie d’enfance. Plus il se rapproche de la ferme, plus des souvenirs épars et flous de ses sept ans s’agitent dans son esprit. Jusqu’à ce qu’il aille s’assoir sur un banc, face à la mare. Cette fameuse mare que Lettie appelait l’océan. Alors, telle une vague venue des tréfonds de sa respiration, les souvenirs refont surface.

Il se remémore la venue d’un marchand d’opale. Et de sa mort. Dès le lendemain, d’étranges événements surgissent çà et là. Des objets semblent se matérialiser, comme si les rêves pouvaient prendre vie, mais d’une manière déformée et menaçante. Le narrateur en profite pour en parler avec Lettie qui l’emmène assister à une sorte d’exorcisme afin de ramener la vie à la normale. Le jeune garçon assiste à d’étranges manifestations semblant suinter de l’au-delà ou d’une autre dimension. Et tout semble redevenu normal. Tout, ou... presque. C’est alors que les ennuis commencent.

le conteur en action

8 étoiles

Critique de Magicite (Sud-Est, Inscrit le 4 janvier 2006, 46 ans) - 21 septembre 2018

Superbe.
Plus léger et envoûtant que ses romans moins courts et plus connus, plus abouti que ses œuvres s'adressant surtout aux enfants Gaïman ressuscite l'art du conte s'il en était besoin. Longue nouvelle chapitrée troublante, se lisant facilement. Sans prétention mais vraiment réussie, surtout la fin. Créatures merveilleuses ou malignes, rêves et une poésie insidieuse et irrésistible.

De la réalité vers le fantastique

4 étoiles

Critique de Cristina21 (, Inscrite le 7 décembre 2014, 50 ans) - 17 septembre 2015

J’ai été attirée par la belle couverture de ce roman ou devrais-je dire de ce conte plutôt sombre. Dans cette jolie histoire, l’auteur explore les souvenirs de l’enfance et nous fait glisser de la réalité vers le fantastique. A travers les yeux d’un enfant solitaire qui se réfugie dans la lecture, l’auteur donne vie à des lieux magiques ou étranges et à des monstres maléfiques à combattre.
Cet univers m’est totalement étranger et je ne crois pas que j’y reviendrai. Je pense qu’il s’agit plus d’un roman pour adolescent que pour adulte, cependant la lecture n’a pas été déplaisante. Et si nous avons gardé une âme d’enfant, nous aussi nous serons capables de voir l’océan au bout du chemin.

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