Fragments de mensonges inutiles de Michel Tremblay

Fragments de mensonges inutiles de Michel Tremblay

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 12 mars 2015 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
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Je t'aime

« Je t’aime. » Trois petits mots qui scellent les lèvres des adolescents amoureux de même sexe. La culpabilité les ronge tellement qu’ils se tiennent cois dans leur placard. Quand ils en sortent, c’est à leurs risques et périls. Même si l’homosexualité semble plus acceptée, il n’en reste moins qu’on l’admet plus volontiers dans la cour du voisin, comme l’indiquent tous les péjoratifs que l’on emploie encore pour désigner les homosexuels.

En ce qui concerne la pièce, on demande à deux jeunes de dévoiler leur amour tacite. Ils craignent que leurs aveux attirent la désapprobation de leur orientation sexuelle dans le contexte fermé que pouvait l’être celui de l’année 1959. « Le fouette, le fouette », se dit l’aumônier de l’école. Quand on brandit cette menace, le mensonge, même s’il est inutile, est préférable à la confession, surtout quand les parents désirent protéger leurs rejetons des pourfendeurs du soi-disan bien.

Michel Tremblay s’en tient aux réactions des parents et des psychologues scolaires, qui veulent bien aider les garçons sans savoir comment ils peuvent y parvenir sans se discréditer à leurs yeux. La horde enragée des pairs est laissée de côté alors que ce sont eux les moins souples, surtout à cause de leur âge qui favorise l’uniformité pour taire les questionnements qui les tenaillent. « Tous comme tous » pourrait être leur devise. Les « coming out », que nous servent les anglicisants, sont douloureux, voire risqués aujourd’hui même.

À la manière du parallélisme du Vrai monde, le dramaturge présente des attitudes dichotomiques à l’égard de l’homosexualité. D’un côté, l’esprit fermé des années 50 et de l’autre, l’ouverture d’esprit des plus empathiques, qui ignorent comment s’ajuster à la problématique. Cette structure très formelle perd de sa théâtralité. Elle convient davantage au médium romanesque.

L’œuvre relève d’une dramaturgie exigeante, laquelle confine les personnages à un discours d’une grande richesse que véhiculent des répliques toutes plus importantes les unes que les autres. En fait, la pièce ressemble davantage à une lecture publique qu’à un exercice théâtral bien ficelé par ailleurs.

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