Lehman, la crise et moi de Florent Papin (Scénario), Etienne Appert (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Divers

Critiqué par Shelton, le 22 février 2015 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans)
La note : 8 étoiles
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L'économie en bande dessinée, l'entreprise en comics...

Je ne suis pas du tout un spécialiste des questions économiques et je tiens à le dire avant de vous parler de cette bande dessinée, Lehman, la crise et moi, d’Etienne Appert et Florent Papin, adaptation du livre témoignage de Nicolas Doucerain. Ce livre, édité par La Boîte à bulles, m’est arrivé un peu par hasard dans les mains et j’avoue avoir réussi à le lire très vite, d’une seule traite et, même, de l’avoir déjà relu une fois avant d’en parler. Attention, pas parce qu’il aurait été trop compliqué, mais plutôt parce que je voulais comprendre comment j’avais pu être séduit par un ouvrage traitant d’économie, de crise, d’entreprise… des sujets que je n’aime généralement pas beaucoup…

La première chose à préciser est que tout cela part d’une réalité, d’une histoire vraie, d’un témoignage authentique, celui de Nicolas Doucerain, chef d’entreprise en région parisienne. Cet homme a pris de plein fouet la fameuse crise des subprimes, quand je dis cet homme, je dois dire comme il le précise très bien qu’il ne s’agit pas de lui seul mais bien de l’homme, de sa famille, de son entreprise, de ses salariés… C’était en 2008, c’était hier et pourtant tout cela semble loin, très loin, puisque nous sommes dans une autre crise…

La première chose que l’on mesure dans cet album – je ne me prononce pas du tout sur le livre initial que je n’ai pas lu mais seulement sur la bédé – c’est qu’être chef d’entreprise aujourd’hui, en 2008 comme en 2015, n’est pas une sinécure. Certes, on le savait déjà plus ou moins mais cette fois-ci on le vit de l’intérieur avec ce chef d’entreprise, Nicolas Doucerain qui est bien le héros et la victime de cette histoire.

Héros parce qu’il est bien le patron, celui qui doit prendre les décisions, les bonnes comme les douloureuses, celui qui doit licencier comme celui qui va tenter de sauver ce qui peut l’être. C’est un super héros, indiscutablement, un homme profond qui prend sur lui dans l’adversité, qui passe du désespoir au courage, du fatalisme à l’action, du tribunal à l’entreprise, de l’acte administratif à l’action opérationnelle… Bref, au bout de quelques pages, on est pris d’empathie pour lui et on souhaite le voir réussir dans son entreprise…

Victime aussi car on comprend très rapidement que même s’il n’était pas un patron parfait – mais qui pourrait bien prétendre à la perfection en ce bas-monde ? – la crise initiale est bien extérieure à son entreprise. Il n’y est pour rien, indéniablement. Il lui faut, au contraire, trouver des solutions à une situation qu’il n’a ni provoqué, ni vu venir, ni même pu imaginer car personne – ou presque – ne pouvait comprendre ce qui allait se passer. Quand les Etats-Unis ont décidé de laisser tomber la banque Lehman une sorte de gouffre s’est ouvert avalant un grand nombre d’entreprises, celle de Nicolas en particulier…

Oui, je ne m’attendais pas à appeler un chef d’entreprise par son prénom mais c’est là la magie de la bédé : Nicolas Doucerain est devenu héros de bédé, donc proche de nous, et c’est lui que l’on accompagne définitivement. On tremble pour lui, on veut le voir triompher, on veut que toute son équipe s’en sorte…

La lecture de cette bande dessinée, improbable au départ – qui aurait misé sur l’histoire d’une entreprise pour faire rêver un lecteur ? – illustre parfaitement que l’entreprise est une aventure, que les chefs d’entreprises sont bien des capitaines aventuriers, qu’il y avait là tous les ingrédients pour raconter une belle histoire…

Mais comme il s’agit aussi d’un fait réel la fin n’est pas aussi belle que dans certains Comics. On ne sait pas si Nicolas Doucerain va réussir totalement dans son aventure, s’il pourra payer toutes ses dettes, si ses employés licenciés seront repris dès que les affaires reprendront, si la boite va reprendre son expansion, si sa vie familiale sera belle et agréable avec Lucie sa fille née en pleine crise… La vie continue et on se met même à imaginer ce qu’est devenu aujourd’hui Nicolas Doucerain… Je vous rassure, ce n’est pas trop compliqué de trouver quelques réponses à ces questions grâce à Internet…

Au final, une excellente bande dessinée qui illustre une fois de plus que cet art narratif peut toucher à tous les domaines, tous les genres, raconter tous les destins possibles, y compris celui des entreprises !

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