Cartes postales de l'enfer de Neil Bissoondath
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Exilée, elle n’est de nulle part …
Neil Bissoondath, écrivain anglophone, de nationalité canadienne, né et parti de Trinidad et Tobago à l’âge de 18 ans, d’origine indienne, a clairement des marottes dans ses thèmes d’écriture ; l’exil, le déracinement, la quasi – impossibilité de se détacher de son « indianité » pour ceux qui sont d’origine indienne, la difficulté de s’intégrer dans la société occidentale d’accueil (et dans son cas, le Canada).
« Cartes postales de l’enfer » ne coupe pas au schéma. Pour autant il m’a paru plus « forcé », moins habité que les deux autres romans précédemment lus (« Retour à Casaquemada » et « Un baume pour le cœur »). Beaucoup plus court, moins « universel » aussi.
Peut-être parce que Neil Bissoondath développe ici ses thèmes de prédilection en faisant le parallèle entre Sumintra, jeune canadienne d’origine indienne d’une vingtaine d’années, née au Canada de parents indiens, le cul entre deux chaises (ou plutôt entre deux cultures) et Alec, jeune canadien trentenaire, tout ce qu’il y a de plus « WASP », mais qui s’est senti un jour – et se sent toujours – obligé de se donner l’air homosexuel pour prospérer dans le métier de décorateur d’intérieur ! (Si, si, je vous jure, c’est ça le postulat de base !)
Je dois reconnaître avoir été moyennement convaincu dans ce schéma. Bon. Et bien sûr les deux vont se rencontrer et se sentir attirés l’un par l’autre. Alec n’est pas homosexuel, il a des rapports tarifés avec des professionnelles, dans le plus grand secret, qui confine à la parano – c’est qu’il ne faudrait pas que sa clientèle le voit dans une relation avec une femme et remette son homosexualité en question ! Quant à Sumintra, elle est coincée par ses parents qui ne conçoivent pas qu’elle puisse épouser (quant à avoir des relations hors mariage … !!!) un autre homme qu’un indien (le nec plus ultra étant un indien cultivé qui vive en Inde et pouvant voyager au Canada).
Donc, les deux entament une relation …
Le lecteur oscille entre les états d’âme d’Alec qui veut maintenir cette relation dans la plus franche obscurité et la situation compliquée de Sumintra qui se sait obligée de trancher (au sens propre !) entre ses parents et Alec. Autant le dire, ça ne va pas bien se finir …
D’ailleurs, les situations d’exilés chez Neil Bissoondath sont toujours teintées d’une forte amertume et connotées d’une certaine impossibilité à réussir une transition, d’exilé à intégré. Cela dit, il parle d’expérience, lui …
Toujours cette belle écriture, mais une tonalité noire et un cadre pas assez vraisemblable à mon goût.
Les éditions
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Cartes postales de l'enfer
de Bissoondath, Neil Saint-Martin, Lori (Traducteur) Gagné, Paul (Traducteur)
Phébus
ISBN : 9782752903761 ; 14,90 € ; 27/08/2009 ; 218 p. ; Broché
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Double vie
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 5 novembre 2024
Sans surprise, Bissoondath évite les clichés habituels du multiculturalisme, nous invitant à la place, dans un voyage vers les limites sociales et morales de la fabrication d’identité.
Eric métamorphose des appartements de millionnaires. Mais pour réussir dans le monde du design d'intérieur, il découvre qu'il est plus acceptable si un homme est gay, donc il choisit de jouer ce rôle volontairement, un rôle qui l’isole et le contraint à des relations discrètes avec des escortes afin d’assouvir ses besoins sexuels. De son côté, Sumintra est coincée entre les exigences des traditions indiennes que ses parents préconisent et la vie au Canada. Elle rejette l’idée d’un mariage arrangé sans toutefois embrasser entièrement le monde occidental, repoussée par la grossièreté sexuelle et raciale.
En raison des secrets qu’ils désirent préserver, le couple Eric et Sue entretient une affaire clandestine, scrupuleusement cachée de la famille de Sue et des associés d'affaires d’Eric. Cependant, plus la relation se réchauffe, plus elle menace leurs identités soigneusement gardées.
Bien que la construction de cette comédie de mœurs soit réussie, je ne pouvais m’empêcher de voir les grosses ficelles, comme si tout était forcé afin de matraquer le lecteur avec le message à passer. De plus, l’histoire s’écroule sous le poids d'une fin macabre et incongrue. Dommage, car il y avait matière à développer un roman original sur l’absurdité d’une époque qui valorise avant tout les signes extérieurs d'une identité authentique.
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