Le repaire des solitudes de Danny Émond

Le repaire des solitudes de Danny Émond

Catégorie(s) : Littérature => Nouvelles

Critiqué par Libris québécis, le 27 janvier 2015 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
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La Vie, c'est de la marde

Souvent comme première œuvre, les jeunes auteurs écrivent un recueil de nouvelles sur leurs pairs. Ce n’est pas évident que d'avoir vingt ans et mordre dans la vie à pleines dents. D’aucuns veulent rester jeunes, mais ils ne se rappellent plus l’angoisse qui les taraudait. Qui suis-je ? Que fais-je ? Où vais-je ? Autant de questions déstabilisantes avant d'adopter le pli routinier d’une vie adulte ennuyeuse quand l’idéal se limite à vivre en couple, avoir une maison, un char (auto) puis un chien.

Toute la jeunesse, dont on envie l’énergie, n’atteint pas le seuil de la maturité sans avoir vécu des expériences traumatisantes. Enfance malheureuse, inceste, viol, emploi précaire et peu rémunéré, amour instable, action téméraire qui laisse des séquelles, autant d’incidents qui ratiboisent la confiance en soi, surtout dans un univers privé de solidarité. Même si la bière et les hallucinogènes cachent les plaies l’espace d’un instant furtif, on est assez conscientisé pour réaliser que « la vie, c’est de la marde », comme le chante Lisa Leblanc.

Le passage de l’adolescence à la vie adulte représente la fourche caudine des jeunes, comme le dit l’un des personnages : « Sournoise la transition. Un glissement sur plusieurs années, en fait. Mais il me semble que je me suis réveillé un matin, adulte, avec des responsabilités qui me dépassent, une singulière difficulté à être et, surtout, vidé d’une substance précieuse que je peine pourtant à identifier. » Il ne reste alors que la seule force d’inertie pour sauvegarder ses vertes années vécues sous le signe de la solitude. Autant ne pas penser devant la tâche qui attend cette jeunesse invitée à défendre toutes les bonnes causes qui se présentent.

Cette tranche d’âge n’est pas une sinécure. Il faut composer avec des blessures profondes et des engagements qu’on ne parvient pas à préciser. Période de doute qui, comme Oscar dans Le Tambour de Gunter Grass, pousse à renoncer à un avenir qui ne s’annonce pas plus heureux que le moment présent. C’est avec un œil allumé que l’auteur couvre ces « années de chien » qui ne mènent à rien. Son œuvre est une démonstration. Elle ne sous-tend aucune leçon. Et le propos est rehaussé par une plume alerte et sûre, qui sait appliquer les règles de la ponctuation.

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