Mon père, ce héros de Mordecai Richler

Mon père, ce héros de Mordecai Richler
(Son of a Smaller Hero)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par FranBlan, le 20 janvier 2015 (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 82 ans)
La note : 8 étoiles
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Mordecai mordant…

Mon père, ce héros (Son of a Smaller Hero), est le deuxième roman de Mordecai Richler publié en 1955 en version originale; une traduction en français de Jean Simard fut aussi publiée par Le Cercle du livre de France, en 1975, qu’il m’a été impossible de trouver…

Modecai Richler (1931 à 2001) a grandi à Montréal et celle-ci est le personnage principal de plusieurs de ses histoires, qu’il dépeint avec beaucoup d’affection et de tendresse.
Richler est le romancier de la rue Saint-Urbain, laquelle était, au milieu du 20e siècle, le cœur du quartier juif de Montréal.
Le jeune Noah Adler, passionné, impitoyablement idéaliste, est le fils prodige du ghetto juif de Montréal; trouvant la tradition synonyme d’aveuglement, il essaie de défoncer les murs illusoires du ghetto en s’introduisant dans le territoire étranger du goy.
Mais ici, la liberté et l'autodétermination continuent à lui échapper.

Finalement, Noah en vient à reconnaître la justice, la sécurité et une sorte de félicité dans un monde qu’il ne peut pas entièrement délaisser.
Ce roman est un compte rendu incisif, compatissant du sentiment d’appartenance, raconté avec un réalisme brut qui regorge de satire riche et drôle et pour lequel la fiction de Mordecai Richler est célébrée.

On a reproché à Mordecai Richler de ne pas contribuer au rapprochement entre les deux solitudes montréalaises. Il suffit pourtant de lire ses romans pour constater qu'il ne cesse, au contraire, d'y rappeler que ces communautés ont beaucoup de choses en commun: leurs défauts.
On se représente souvent le Québec d'avant la Révolution tranquille comme une société où l’opprimé était francophone et où tous les anglophones étaient des exploiteurs.
Richler se souvient plutôt d’un Montréal où la misère était bilingue: «Comme nous, les «Canadiens français» étaient pauvres et communs, ils avaient des familles nombreuses et parlaient mal l’anglais»!

En 1955, Richler est un romancier en rogne.
Irrité par les conditions d'existence imposées aux classes ouvrières montréalaises et la mentalité qui les pousse à se résigner à leur pauvreté. Mais encore plus en colère contre les compromis de toutes sortes auxquelles on doit s'abaisser pour sortir de cette misère.

En comparaison à son premier roman, les Acrobates, nous constatons beaucoup plus d'effort concentré sur beaucoup moins de personnages et qui sont plus intéressants.
Sans être parfait, ceci est un très bon livre.
À sa sortie, le roman sera très bien accueilli par la critique britannique qui y voit un portrait intéressant de la communauté juive montréalaise.
Il en sera bien autrement au Canada…
J’ai adoré cette lecture!

N.B. Lu en version originale canadienne anglaise.

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