Les cerfs-volants de Romain Gary
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Parce que nous ne devons pas oublier de regarder dans le ciel de temps en temps...
Le cadre peut paraître banal, j'ose même dire qu'il l'est en effet : l'histoire débute en 1930 et finit à la fin de la seconde guerre mondiale. Autant dire période connue, visitée et revisitée par grands nombres d'écrivains. Le thème aussi peut paraître banal: il s'agit d'une histoire d'amour. "Encore!" diront les réticents, gavés par ces histoires fofolles, bonnes à émouvoir les petits esprits.
Mais alors quoi? Pourquoi prendrais-je la peine de vous faire part de cette lecture? Parce que c'est un roman que nous pourrions qualifier d'onirique-possible, un rêve à notre portée. Parce que de l'infiniment simple jaillit l'infiniment noble. Parce que c'est un ouragan de vie dans lequel nous sommes pris en ouvrant le livre, qui emporte et fait perdre la tête.
Je ne vais pas résumer l'histoire, ce serait une manière de trahison à l'égard de Romain Gary, tellement il y aurait à dire. Il vaut mieux donner ses impressions à la fin du livre.
A la fin du livre, on espère et on aime. On aime l'espoir, on espère aimer et être aimé...
Pour ce qui est de l'espoir, le titre est évocateur. Les cerfs-volants volent dans le ciel; ils nous permettent d'espérer car ils nous obligent à regarder dans le ciel. Ce sont nos juges: d'en haut, ils voient toutes les faiblesses et bassesses dont nous sommes capables. Que ce soit Erasme, Rousseau ou Ferry (noms donnés aux cerfs-volants), ces fonctionnaires de l'humanité surveillent, montrent les chemin à suivre: celui de la paix (en pleine seconde guerre mondiale), d'un monde beau, toujours plus beau et noble. A force d'espérer le beau, on finit par l'atteindre et remplir notre statut d'homme libre.
Pour ce qui est de l'amour: on en est comblé. Un plein d'amour, on en a tellement que ça déborde et on veut donner cet excès à quelqu'un d'autre. Ce n'est pas de l'amour à l'eau de rose que Romain raconte, non. La puissance de cet amour vient de ce qu'il est possible et à notre portée.
En somme, Romain crie:" Espérez! Aimez! Ne perdez jamais l'espoir, n'oubliez jamais l'amour: vivez enfin!" Ce message passe d'autant mieux que le style de Romain est simple, fluide, limpide: vivant!
Bref certes, mais je ne veux en aucun cas vous gâcher la lecture. Hymne à la vie à lire en période difficile, lorsque rien ne nous sourit.
On en redemande!!!
Les éditions
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Les Cerfs-volants [Texte imprimé] Romain Gary
de Gary, Romain
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070374670 ; EUR 7,80 ; 13/05/1983 ; 366 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (13)
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un parfum de lila
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 4 décembre 2022
L'espoir romantique d'un amour de guerre
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 3 janvier 2020
Chaque élément constituant son sujet reste assez banal et pourrait paraître anodin, mais leur combinaison (me) charme et soutient une thèse fort belle, à mon sens : l'espoir romantique existe et la croyance en la poésie du monde également, ces deux valeurs devant être défendues. Certes l'auteur a-t-il été marqué par cette période, où il s'est illustré, des airs de déjà-vu, une posture glorieuse aisément arborée via ces thèmes affleurent aussi çà et là, mais l'illustration de ces principes par des chemins déjà balisés ne réduit pas la beauté du message général.
Déception
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 14 avril 2015
Curieusement ce qui m'a le plus marqué c'est que la femme de la couverture de l'édition folio est la même que l'édition Albin Michel de La femme au miroir de Éric-Emmanuel Schmitt.
"Et ce qu'il y avait d'humain en eux, c'était leur inhumanité."
Critique de Benson01 (, Inscrit le 26 mai 2012, 28 ans) - 17 août 2014
Les cerfs-volants est un roman d'amour et historique, un hymne à la mémoire.
A dix ans, Ludo succombe au charme de Lila, une riche polonaise qui ne cesse de rêver d'elle-même. Une jolie histoire d'amour assez simple commence alors, mais la seconde guerre mondiale va venir se glisser entre les protagonistes.
Voilà un très bref résumé. Néanmoins, avec une histoire, en soi assez commune, Romain Gary nous livre, j'ai envie de dire "comme toujours", un roman touchant, grave, bourré de répliques espiègles et philosophiques, et infiniment agréable à parcourir.
Les personnages sont sympathiques, en particulier Ambroise Fleury, le fabriquant de cerf-volant, qui fait s'envoler dans le ciel des figures des plus emblématiques en temps de guerre.
Ce livre respire l'espoir et c'est à se demander comment Romain Gary en est venu à se suicider bien plus tard.
Magnifique roman !
Critique de JEANLEBLEU (Orange, Inscrit le 6 mars 2005, 56 ans) - 21 avril 2014
Ce roman contient tout pour moi : un style superbe, une histoire d'amour peu conventionnelle, de l'humour, de la métaphysique, de l'espoir (malgré tout...), du cynisme, de l'aventure, un grain de folie (voire plusieurs !), ... Pour corser le tout il traite d'une période qui me passionne : celle de la guerre quarante (et plus particulièrement il parle de la résistance et de la collaboration qui m’intéressent toutes les deux). Par dessus tous ces motifs d'intérêts, une des morales de ce livre c'est de ne jamais désespérer et d'accepter le grain de folie qui est en chacun de nous et qui peut être le germe de l'espérance dans les moments les plus noirs. Ainsi les principaux héros de ce roman fabuleux survivent aux horreurs de la guerre grâce à leurs péchés mignons : pour Ludo, le héros narrateur, c'est son amour fou et exclusif pour Lila (qui continue de vivre en lui aussi vraie que nature même quand ils sont séparés sur de longues périodes), pour Lila c'est son amour pour Ludo et son idée fixe de "devenir quelqu'un" (même si elle change de projet tout le temps sans vraiment en réaliser un !), pour Fleury (l'oncle du héros) c'est sa passion pour les cerfs-volants (qui lui permettent d'entretenir la part d'enfance qu'il garde en lui ce qui lui permet de rester un indéfectible optimiste), pour Duprat (le cuisiné étoilé) c'est l'accomplissement de soi dans la meilleure des cuisines possible comme un défi aux éléments contraires, pour Julie (la mère maquerelle juive) c'est la volonté farouche de rester, de ne pas céder, de lutter et de vaincre l'occupant...
Il est également à noter que ce roman n'est pas du tout manichéen. Il ne désigne pas d'un côté les "méchants" allemands tortionnaires et de l'autre les gentils français victimes de l'occupant. Au contraire, il y a toute une palette de personnages plus ou moins reluisants des deux côtés. Mais il y a peu de vrais héros désintéressés. Et Gary fait le constat amer que le nazisme fait partie de l'humanité (qu'il est trop commode de le considérer comme inhumain afin de l'occulter) et annonce que les coupables ne sont pas les allemands mais l'Homme lui-même et que le prochain "grand coupable" dans l'histoire sera un autre pays d'Europe, d'Asie, d'Amérique ou d'Afrique. Malheureusement l'histoire lui a donné raison à plusieurs reprises déjà...
Un vrai chef d'oeuvre à déguster à petites bouchées pour le faire durer le plus longtemps possible.
C'est magnifique
Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 22 mai 2013
Les Cerfs-volants
Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 45 ans) - 25 mars 2013
J'ai bien aimé voir comment s'organisait la Résistance lors de l'occupation. C'est un sujet que je n'ai jamais eu la chance de mieux connaitre auparavant. Ce livre m'a aussi réconcilié avec l'auteur dont je gardais un goût amer à cause d'une lecture forcée lorsque j'étais au Cégep.
Avis d'un étudiant
Critique de Teddy (, Inscrit le 7 novembre 2012, 29 ans) - 7 novembre 2012
Sachant que c'est la première fois que je lis un roman de cet auteur je ne peux pas vraiment juger... Mais j'ai surtout remarqué le souci du détail, je n'ai jamais vu, dans un livre, autant de détails pour décrire un paysage, un décor, un personnage inutile et secondaire ou encore une ambiance. Pour des étudiants, ce souci du détail va clairement vous faire chier car vous allez être tenté de passer un passage du livre où il décrit quelque chose et vous risquez de manquer un important discours ou une action décisive.
Le nombre de chapitres va peut-être vous décourager mais certains comptent cinq pages et cela vous permettra de sentir que vous avancez.
Le héros est un des héros les plus énervants que je n'ai jamais vus, sa mémoire totalement abusive vous empêchera de vous plonger dans l'histoire car les faits historiques qu'il raconte peuvent vous être inconnus (personnellement, je m’arrêtais tout le temps de lire pour aller comprendre de quoi il parle et faire le lien avec la situation) mais le fait qu'il soit rempli d'espoir et totalement naïf le rend attachant. J'ai dis naïf, oui, parce que je n'ai jamais vu un crétin pareil, tomber amoureux d'une fille en un regard, l'attendre 4 ans, se plier à tous ses désirs, supporter son infidélité... J'appelle ça une pute ou une croqueuse de diamants (= fille qui prétend vous aimer pour profiter de vous à 100%)
Le cadre spatio-temporel est connu... on a lu et relu des dizaines de livres sur la guerre 40-45 et je ne peux pas comprendre qu'on continue à nous faire lire des livres qui parlent sans cesse de cet événement qui est sur le point de se reproduire encore une fois (voir Bart De Wever et ses discours).
Il y a aussi une erreur qui m'a bien fait rire, l'histoire commence dans les années 30, ok, Ludo a 10ans, ok, ses parents sont morts pendant la 1ère guerre mondiale qui a pris fin en 18, ERREUR !!!!!! Ludo doit avoir au moins 12 ans pour que cela soit plausible :)
Sur ce je crois avoir tout dit, ceci n'est évidement pas un avis de grand littéraire mais je pense que des avis comme le mien peuvent être utiles pour les étudiants qui sont dans le même cas que moi.
Bonne lecture.
Une confirmation
Critique de Rafiki (Paris, Inscrit le 29 novembre 2011, 33 ans) - 16 décembre 2011
Ici on a un sujet terriblement classique qui sur le papier ne se démarque d'aucun des livres sur la seconde guerre mondiale. Et pourtant, et c'est là tout la force du style de Gary, ce livre ne ressemble à aucun autre.
En temps normal Gary nous propose des sujets originaux et en tire le meilleur. Ici il se lance dans un sujet banal et difficile à appréhender et il réussit un coup de force: on accroche et on ne lâche pas. Pour ma part j'ai toujours trouvé les sujets féminins beaucoup plus réussis dans l'œuvre de Gary et ici Mme Sophie et Lila ne dérogent pas à la règle: ce sont elles qui poussent le roman vers le haut, comme ces fameux cerfs-volants, emprunts d'une certaine complexité que les personnages masculins possèdent moins, selon moi.
Il existe une poésie indéniable dans le style de Gary, une beauté qui transparait dans tous ses ouvrages notamment à travers les personnages. Et c'est en cela qu'il se démarque, et doit absolument être lu par tous.
Cet auteur est fantastique.
l'espoir fait vivre
Critique de Killeur.extreme (Genève, Inscrit le 17 février 2003, 42 ans) - 25 juin 2011
Si le roman, par la voix de Ludo qui est le narrateur, peut être vu comme onirique, poétique et naïf la Guerre et l’occupation sont traitées très sérieusement et même si certains personnages et leurs actes peuvent sembler "trop beaux pour être vrais" n'oublions pas que Gary était aviateur des forces françaises libres et qu'il s'est sûrement inspiré de personnes et de situations réelles pour son roman.
Pour terminer voici une des citations que je préfère dans le roman « Je me disais que les nazis allaient beaucoup nous manquer, que ce serait dur, sans eux, car nous n'aurions plus d'excuses. ».
roman d'espoir
Critique de Mariebel (Paris, Inscrite le 1 novembre 2008, 37 ans) - 13 septembre 2009
un très bel ouvrage qui fait flotter volonté et espoir haut dans le ciel.
Espoir...
Critique de JFK (, Inscrit le 11 juin 2007, 41 ans) - 9 juillet 2007
Résistance ou espoir qui transitent par la cuisine, par un petit montage de papier et de bois, par une mémoire infinie...
Gary a su, une fois encore, amener ces thèmes avec brio... Cependant, je dois avouer une certaine déception, Gary m'ayant "habitué à mieux". J'ai en effet peiné à trouver un rythme me rattachant clairement au récit qui, par moment, n'avançait pas suffisamment à mon goût, d'où une note sans doute un peu sévère...
S’affranchir de la pesanteur
Critique de Guigomas (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 55 ans) - 24 mai 2006
Juillet 1939, Ludo est en Pologne chez Lila avec Bruno le pianiste et Hans le cousin allemand, cadet dans une école militaire. Tous aiment Lila et Lila aime Ludo. Il revient en France juste avant l’invasion de la Pologne par les troupes d’Hitler. Puis, c’est l’invasion de la France, Ludo entre dans la résistance. Pas de nouvelles de Lila, mais Ludo est doté de cette « maudite mémoire des Fleury » qui l’empêche d’oublier.
La guerre n’est pas propice aux amours de jeunesse : tout s’avilit, tout disparaît, les hommes paraissent de plomb tant ils manquent de grandeur. Heureusement, il y a les cerfs-volants. Ils n’ont plus le droit de voler, bien sûr, mais Ludo continue à en fabriquer, pour après, quand Lila reviendra, quand la France reviendra…
Magnifique roman, les Cerfs-volants est le dernier que Romain Gary ait écrit. Triste et beau, il offre une galerie de personnages attachants : Lila, Ludo mais aussi les seconds rôles comme Ambroise Fleury le facteur timbré qui fera voler des cerfs-volant en forme d’étoile jaune après la rafle du Vel d’Hiv ou Marcellin Duprat le restaurateur qui met un point d’honneur à ce que sa cuisine, française, soit irréprochable même lorsqu’il sert l’occupant.
Comme l’a bien écrit Ahmed, les Cerfs-volants est « un hymne à la vie à lire en période difficile ».
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