La Trêve de Primo Levi

La Trêve de Primo Levi
( La Tregua)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Jules, le 3 février 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 098ème position).
Visites : 6 951  (depuis Novembre 2007)

Un long et pénible voyage

C'est dans un monde hallucinant que nous allons entrer. Dans d’autres circonstances, tout cela aurait pu être drôle.
Mais voilà, certains mourront pendant ce voyage qui a dû leur paraître littéralement insensé.
Libérés par les Russes du camp d'Auschwitz, une bonne partie des survivants italiens prennent la route du retour vers leur pays. Mais quelle route !. Un trajet qui sera très long. Des voies interrompues, des stations à n'en plus finir dans des campagnes perdues ou des villes démolies dans lesquelles les habitants crèvent autant de faim que les déportés libérés. Un semblant d’entraide se met cependant en place. L’impatience de revoir le pays est grande, mais il leur faudra beaucoup de patience avant d’en arriver là… Il leur faudra surtout survivre à la faim et à la dysenterie qui ne les lâchent pas.
Ce récit est tout à fait authentique, même s’il nous arrive d'en douter, tant il peut aussi nous heurter. Après des allers et des retours, des biais à droite, des biais à gauche, enfin l’Italie est en vue !… L'excitation monte chez tous à l’idée de sortir enfin de cette Allemagne qui les aura tant fait souffrir. Pour certains, la maison et la famille sont encore loin, alors que pour d'autres, elle est plus proche.
Primo Levi fait preuve de beaucoup d'humour dans ce livre, mais aussi d’un grand talent pour dépeindre les hommes.

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Une merveille de profondeur humaine

10 étoiles

Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 21 août 2019

La relecture de ce livre vingt ans après une première, donc avant mon inscription à "critiqueslibres", me conforte dans mes choix littéraires. Nous pensions le retour des prisonniers-déportés depuis les camps allemands organisés et accompagnés. Ce n'a pas été le cas de tout le monde. Des italiens, libérés par l'armée rouge le 27 janvier 1945, n'ont connu leur retour en Italie qu'en octobre de la même année. Dans ce récit, publié en 1963, Primo Levi raconte son périple, accompagné par plusieurs centaines de ses compatriotes. Parti dans un premier convoi "organisé " par les Soviétiques, il s'en échappe avec deux ou trois compagnons pour errer dans la Pologne occupée et dépecée. Il atterrit ainsi à Cracovie puis à Katowice pour finalement se retrouver au camp de Bogucice, encore tenu par les Soviétiques, où il passera plusieurs mois sans jamais savoir quand ils seront libérés malgré la fin de la guerre. Ensuite ils partiront en train pour se retrouver dans un autre camp, Staryje Doroghi "La Maison Rouge", où il restera encore plusieurs mois, toujours sans la moindre information sur une libération à venir. Enfin un train les emmènera le 15 septembre 1945 pour une arrivée à Turin le 19 octobre. Tout ceci se déroule dans un chaos administratif et humain inimaginable. Je ne sais comment des femmes et des hommes ont pu survivre dans de telles conditions, avec en plus la proximité physique et mentale des camps de la mort. Et pourtant. C'est le récit de ces effroyables conditions que nous livre Levi 20 ans après leur survenue. Il donne une leçon d'une étonnante profondeur. On y trouve le portrait de nombreux acteurs (Mordo Nahum le Grec, Galina, Cesare, Marja, Rovi, Leonardo, Olga et de nombreux autres). Tous sont décrits avec une finesse psychologique de premier ordre, agissant dans les circonstances si particulières dans lesquelles il fallait survivre. Comme sont racontés d'innombrables événements parsemant ce périple. Le plus étonnant est le ton simple, presque détaché, par lequel tout est dit, légèreté et humour sont constamment présents, comme s'il s'agissait de conditions normales de vie. Jamais on ne rencontre de récrimination ni de colère. C'est donc un très grand livre que lit le lecteur, ce qu'à mon sens les critiques précédentes expriment peu, car il comporte aussi de nombreuses réflexions valables pour notre vie d'aujourd'hui, quoique rattachées à ces circonstances inouïes. Deux exemples: "p.68 ...la vertu qui, sous tous les cieux,est la plus nécessaire à la conquête du pouvoir, c'est à dire l'amour du pouvoir pour le pouvoir lui-même." et "p. 129 De toutes ses rencontres avec le monstre aux mille visages qui se cache partout où il y a des formulaires et des circulaires," J'ajoute qu'un style admirable supporte l'ensemble de la première à la dernière ligne, apportant ainsi une dimension littéraire à une expérience humaine ahurissante.

Une histoire hallucinante

10 étoiles

Critique de PA57 (, Inscrite le 25 octobre 2006, 41 ans) - 17 mars 2012

Avant de lire cette histoire, je pensais (sûrement assez naïvement), qu'après la libération des camps de concentration, les survivants avaient été rapatriés chez eux rapidement et dans de bonnes conditions. Et finalement, pas du tout! Les survivants (au moins les survivants italiens) ont quasiment dû se débrouiller tout seuls, ou quasiment, pour parcourir les nombreux kilomètres qui les séparent de chez eux.
C'est ainsi une longue suite de phases de longues marches, de trajets interminables en train, sans vraiment connaître la destination, alternant avec des phases dans des camps. C'est le système D pour manger et pour avancer.
Pourtant, Primo Levi et ses compagnons ne désespèrent pas, ne se plaignent même pas, ils prennent même la chose avec humour. Ils réapprennent peu à peu à vivre "normalement".
C'est une histoire vraiment hallucinante, à la fois poignante et drôle.

La vie reprends ses droits

7 étoiles

Critique de Soili (, Inscrit le 28 mars 2005, 51 ans) - 20 septembre 2006

La trêve " peut être considéré comme une "suite" de " si c'est un homme" , il s'agit du retour en Italie de primo levi et de ses compatriotes italiens à la sortie du camp . Leur pérégrination va durer plusieurs mois jusqu'au retour définitif dans leur patrie, ce retour sera ponctué de petites aventures et d'un réapprentissage de la vie avec tous ses codes.

Un roman d'aventures assez léger malgré le sujet qui pouvait présager un contenu dur, il est à considérer comme un témoignage historique important sur le manque d'égards dont les juifs ont une fois de plus été victimes.

Détours d'Auchwitz à son pays d'origine

10 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 19 août 2006

Bien sûr moins intrigant et remuant que Si c'est un homme, cette "suite" n'en est pas moins surprenante, du fait du détour que connaissent ces survivants avant de retourner chez eux. On sent la tension monter entre eux, mais également la vie renaître... et l'espoir de la reconstruire. C'est la description d'une éclaircie après un cataclysme.

UN GRAND RECIT

10 étoiles

Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 23 juin 2005

Primo LEVI nous présente dans ce livre la suite de "Si c'est un homme" et bien que le récit est moins tragique, que dans son premier livre il est tout aussi émouvant et tout aussi prenant.

Il décrit le long (9 mois d'attente) et tortueux chemin qui le ramène en Italie (en passant par l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie) après sa libération du camp de concentration d'Auschwitz. Le tout toujours sous la surveillance des "libérateurs" Russes, qui n'hésitent cependant pas à l'enfermer plusieurs fois dans des "centres de rétention" où sévissent des véritables mafias...

Toujours inspiré de la vie de l'auteur, il y décrit la débrouille, le système D de tous les jours pour survivre en attendant le retour dans sa patrie, le tout parfois dans un ton sarcastique et avec beaucoup d'humour.

Un livre avec des descriptions magnifiques des personnages attachants et vrais, des portraits émouvants... un livre que tous ceux qui ont aimé "Si c'est un homme" devraient lire...

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