Un océan d'amour de Wilfrid Lupano (Scénario), Grégory Panaccione (Dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Humour

Critiqué par Blue Boy, le 8 décembre 2014 (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (943ème position).
Visites : 5 236 

La sardine, ça conserve...

Comme chaque matin, une fois englouti le petit-déjeuner préparé par sa femme, un homme conduit son rafiot au large des côtes bretonnes pour tenter d’attraper du poisson, ou du moins ce qu’il en reste. Car la pêche intensive à l’œuvre ne laisse aux petits pêcheurs que de maigres quantités à racler au fond de la mer, déchets compris. L’homme ne se doute pas encore que la rencontre avec un effroyable bateau-usine, qui le prendra dans ses filets tel un jouet abandonné, va bousculer sa routine et faire de cet incident une véritable aventure.

Il n’est pas si courant d’avoir dans les mains une boîte de sardines qui ressemble à s’y méprendre à un livre, avec du vrai carton et du vrai papier. Ainsi est-il précisé au dos de cet étonnant (et joli) emballage, entre les ingrédients et les infos nutritionnelles : « Garanti sans dauphins, sans textes ni onomatopées. » Car de textes, il n’est pas question ici. Parti pris qui fonctionne généralement bien et fait ressembler cette histoire à un vieux dessin animé muet, dans le même esprit farfelu que « Les Triplettes de Belleville », où il était d’ailleurs question d’une traversée de l’Atlantique, exactement comme ici. Pourquoi une boîte à sardines d’ailleurs ? Parce que, ironie de la chose, c’est la pitance quotidienne (et détestée) de ce « héros malgré lui » quand il est en mer, glissée d’autorité dans sa besace par sa charmante épouse.

Je ne dévoilerai rien de plus de l’intrigue, mais les tribulations pleines d’imprévus de ce pêcheur freluquet perdu au milieu de l’océan et de sa bigoudène bien aimée qui affronte vents et marées pour le retrouver nous entraînent avec une certaine jubilation dans leur sillage.

Sur le plan du graphisme, cet album vaut selon moi davantage pour son utilisation réussie de l’aquarelle que pour le dessin en lui-même, très efficace pour rendre le mouvement grâce à son côté « cartoon » mais auquel je n’ai pas trop accroché. Incontestablement, le point fort de cet album est encore une fois le scénario de Lupano (décidément une valeur sûre), qui s’inscrit à fond dans le genre picaresque. Une histoire d’amour à l’humour tendre et aux rebondissements ébouriffants, souvent amusants, avec un message écologique glissé dans une bouteille et jeté dans les flots avec un scepticisme à la fois inquiet et désinvolte, sans lourdeur et sans mièvrerie. Un album qui marquera l’année par son originalité, déjà en lice pour Angoulême l’an prochain. Il ne faudra donc pas être surpris si l’on aperçoit des nuées de mouettes au-dessus de la ville pendant le festival.

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Chef d'oeuvre !!

10 étoiles

Critique de Coper (, Inscrite le 2 octobre 2014, 41 ans) - 24 décembre 2018

Superbe. Un petit chef d’œuvre.
L'ouvrage est en couleur, il est entièrement muet mais qu'est-ce que c'est bon !!
Véritablement international... ça parle de l'écologie, de la surpêche, de l'océan déchet, de politique, bref... du monde.
C'est beau, c'est poétique et teinté d'humour et les dessins de Pannaccione... quelle patte !
Tout est bon, le seul bémol : se lit beaucoup mais alors beaucoup trop vite...

Chef d'oeuvre

10 étoiles

Critique de Fredericpaul (Chereng, Inscrit le 19 mai 2013, 63 ans) - 29 décembre 2016

Pas de bulles. Tous est dans le dessin et l'agencement intelligent et sensible des images. Formidable !

Que dire de plus ? Excellentissime !!!

10 étoiles

Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 21 février 2015

Quand Wilfrid Lupano se décide d’écrire une histoire, quand il trouve un dessinateur pour lui donner chair et l’incarner dans une bande dessinée, quand cet ouvrage nous arrive dans les mains, il peut se passer deux choses, toutes deux admissibles. Soit on reste indifférent et au bout de quelques minutes on pose le livre pour ne plus jamais l’ouvrir – ça arrive parfois, j’ai connu des lecteurs qui n’ont jamais pu lire L’Honneur des Tzarom ou Ma révérence – et on passe à autre chose. Soit on entre dans l’ouvrage, quelques petites larmes pointent sur le coin des yeux et on refuse à tout jamais de sortir de l’histoire – et c’est ainsi que je suis resté dans Alim le tanneur, un chef d’œuvre pour moi, ou L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu – ce qui n’empêche pas de vivre, rassurez-vous !

Je sais que certains d’entre vous sont en train de se demander pourquoi je n’ai pas cité les plus connues de ses bandes dessinées, celles qui ont fait l’unanimité autour d’elles, c’est-à-dire Le singe de Hartlepool et Les Vieux Fourneaux ! C’est bien là le problème avec Lupano, il faudrait tout citer car il y a des fans de toutes ses bandes dessinées. De plus, comme il a eu la chance – le talent et les circonstances – de travailler avec des dessinateurs différents et talentueux – Virginie Augustin, Séjourné, Cauuet, Tanco, Rodguen, Jérémie Moreau ou Grégory Panaccione – chaque lecteur est tombé sous le charme d’une narration graphique ou d’une autre et contre cela on ne peut rien. Chacun porte en lui un Lupano et certains mêmes tous les Lupano !

Un océan d’amour, le dernier né, est un petit bijou d’amour et d’humour ! Pour ceux qui ne connaissaient que Ma révérence ou L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu, il était impossible d’imaginer que Lupano se lance dans une grande histoire d’amour et, pourtant, c’est bien ce qu’il a fait avec Grégory Panaccione au dessin. Pour cela il a conçu un récit privé de texte, une histoire entièrement muette dont le seul ressort est l’immense amour qui unit deux êtres, un pêcheur breton et son épouse…

La mer est cruelle, il lui arrive de prendre en son sein ceux qui la traversent… et les femmes des marins ne peuvent que prier, pleurer et souffrir dans la solitude ! Il arrive aussi que la Femme veuille se battre, ne se résigne pas, parte à la recherche de celui qu’elle aime car une si belle histoire ne peut pas se terminer aussi bêtement… Tout est maintenant réuni pour que nos deux personnages, l’Homme et la Femme, puissent vivre leur grande aventure à travers l’Océan, un Océan d’amour bien sûr !

De très nombreux thèmes sont abordés dans cet ouvrage, l’amour, la mer, l’écologie, la dictature, la différence, la religion, le transport maritime, les déchets en pleine mer… C’est un ouvrage étonnant, adapté à tous les lectorats, du plus jeune au plus âgé, chacun s’y retrouvera et y mettra ses propres mots ce qui est facile car l’auteur a entièrement caché les siens…

Oui, j’ai bien été ému par cette belle histoire d’amour et même si ce n’est pas le genre littéraire que je j’aurais choisi de façon naturelle au départ, je dois bien reconnaître que traitée ainsi par deux géant de la bande dessinée cela devient une bande dessinée d’une ampleur extraordinaire qu’il faut lire, faire lire et garder chez soi pour pouvoir la ressortir chaque fois que quelqu’un vous affirmera, sérieusement, les yeux dans les yeux, qu’il n’a jamais été touché par une bédé, que ce ne sont là que des livres pour enfants…

A pécher d'urgence !

10 étoiles

Critique de Hervé28 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans) - 9 février 2015

J'avoue avoir hésité pendant un moment pour acheter ce one shot.
Les bandes dessinées muettes de qualité étant assez rares sur le marché, (la dernière en date étant "là où vont nos pères") la tentation était grande pour moi d'en faire l'impasse.
Pourtant devant les articles dithyrambiques sur cet album, je me suis finalement décidé à l’acquérir, avant même qu'il n'obtienne le prix de la Fnac.
Il faut tout de même reconnaître que le scénario de Lupano, scénariste de renom, reconnu depuis quelques années , ne souffre d'aucun défaut dans ce one shot qui oscille entre humour et tendresse.C'est limpide, fluide (pour un album intitulé "un océan d'amour', il n'en fallait pas moins), et surtout très drôle.
On passe de la Bretagne à Cuba en quelques pages, sans se rendre compte des multiples rebondissements qui ponctuent cet ouvrage de plus de 220 pages.
Et que dire du dessin de Panaccione qui illustre parfaitement l'histoire de ce pauvre pécheur, empêtré dans ses filets et naufrages.

C'est beau, émouvant le plus souvent, mais surtout très touchant pour le lecteur que je suis.
Une réussite totale, une de plus pour Lupano.

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