Survivre ! Survivre ! de Michel Tremblay

Survivre ! Survivre ! de Michel Tremblay

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 4 décembre 2014 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 713ème position).
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Le Petit Monde de Michel Tremblay

Avec Survivre ! Survivre ! Michel Tremblay marche dans le même sentier que Gabrielle Roy dans Bonheur d’occasion. Cette dernière œuvre se limite à la famille restreinte des Lacasse du quartier Saint-Henri de Montréal. Le roman de Michel Tremblay embrase la famille dans toute son étendue. Oncles, tantes, cousins, bref, tous les Desrosiers sont réunis dans cet ouvrage, qui ancre ses assises dans le Plateau Mont-Royal, devenu aujourd’hui le quartier branché de Montréal. Mais en 1935, l’année à laquelle s’attache le roman, l’arrondissement est habité par ceux qui composent la réserve du cheap labor.

Dépourvus de moyens d’évasion, les Desrosiers se contentent d’emplois peu rémunérés. Édouard œuvre dans une boutique de souliers, un autre est concierge, alors que d'aucuns s’érigent en piliers de taverne, établissement réservé aux hommes qui s’enivrent le plus tôt possible pour oublier leur sort peu enviable. Tous meublent l’existence de chimères pour survivre au lot qui est le leur. Les Québécois sont nés pour un petit pain, dit l’adage. Tremblay le confirme à travers ce roman. Mais on ne peut pas affirmer que ses personnages se résignent malgré la résilience dont ils font preuve. Chacun a atteint l’année charnière qu’il voudrait faire basculer en sa faveur. L’unijambiste Ti-Lou, une ancienne guidoune d’Ottawa (prostituée), se procure une jambe de bois qu’elle chausse de souliers quétaines (kitsch) pour faire oublier son handicap. Maria et Fulgence se rendent à Québec en train pour visiter la ville, Édouard parvient, en travesti, à divertir les clients du Paradise, le timide Télesphore réussit à intéresser une collègue de travail qui l’initie à la sexualité. Et pour plusieurs, le cinéma Saint-Denis représente le meilleur moyen d’oublier ses conditions sans compter les parties de cartes. C’est tout un petit peuple qui se dévoile sous nos yeux. Chacun cherche des occasions de bonheur, faute de connaître la paix de l’âme. Mais on est à l’heure des confessions et des projets pour se départir de ses malheureux oripeaux.

On sent l’amour de l’auteur pour le petit monde dont il est issu. Il décrit le peuple de la « Grande Noirceur », peuple incapable de prendre son destin en main. Il faudra attendre la Révolution tranquille (années 1960) avant qu’il ne se décide à se donner les outils nécessaires à son épanouissement comme la création, par exemple, du ministère de l’Éducation en 1964. Son roman exploite la situation des Montréalais des années 1930. Mais on peut facilement la généraliser à l’ensemble du Québec.

Michel Tremblay flirte avec les atmosphères qui frôlent le misérabilisme. Ses œuvres n’ont rien de triomphant. Elles dégagent des odeurs de mort de l’âme que l’auteur camoufle avec le clinquant de l’univers homosexuel. Les couleurs occupent une place importante dans Survivre ! Survivre ! Vêtements et décors sentent le glamour défraîchi. Les parfums mettent aussi un peu de baume sur les plaies. Ses personnages se contentent de chimères. Ça reflète bien une époque où l’on n’osait pas s’affirmer.

C’est un bon roman, le huitième d'une série qui profiterait de la lecture des tomes antérieurs pour mieux débrousailler l'oeuvre. Tout de même, on peut suivre cette chronique d’autant plus qu’elle est soutenue par le don exceptionnel de Michel Tremblay pour la narration. Bref, ce dernier exploite la culture d’un peuple sans personnages principaux contrairement au Petit Monde de Don Camillo.

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La naissance de la duchesse

9 étoiles

Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 14 février 2015

Huitième tome de la saga de la famille Desrosiers, ce récit se situe dans les années 30 à Montréal alors qu’une bonne partie des francophones croupissait dans l’ignorance et les petits emplois peu rémunérateurs. On retrouve donc Josaphat-Le-Violon accompagné de sa fille Laura, Victoire et son mari concierge Télésphore, les trois sœurs Desrosiers et leur partie de cartes hebdomadaire, Edouard le vendeur de soulier homosexuel fréquentant de plus en plus assidûment le club de nuit « Le Paradise » et quelques autres. Ces personnages habitent un quartier populaire de Montréal et chacun recherche l’évasion et la trouve soit dans l’alcool pour Josaphat et Télésphore, le cinéma pour les sœurs Desrosiers, les romans pour Nana et enfin Edouard endosse le personnage de la duchesse de Langeais afin d’échapper à lui-même et vivre quelques heures d’un bonheur intense autant qu’éphémère dans l’atmosphère enfumée du club de nuit Paradise.

Replonger dans l’univers de Michel Tremblay est toujours pour moi un plaisir. Son talent de raconteur, son écriture toute simple et lumineuse, le regard compatissant qu’il pose sur ses personnages et leur vie pathétique contribuent à bâtir une œuvre de tout premier plan dans le paysage littéraire québécois. C’est vivant, coloré et tellement, tellement humain.

Conseil : lisez toute la saga afin de mieux situer chacun des personnages. Pour ma part, ce sont de vieilles connaissances que j’aime bien retrouver et dont je suis les péripéties avec avidité. Encore une fois, merci monsieur Tremblay pour ces instants de bonheur.

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  Survivre 2 Dirlandaise 17 février 2015 @ 11:49

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