La messe de l'athée de Honoré de Balzac

La messe de l'athée de Honoré de Balzac

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Stavroguine, le 28 novembre 2014 (Paris, Inscrit le 4 avril 2008, 40 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (54 785ème position).
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Dévouement et dévotion

Les éditions Manucius proposent une jolie petite nouvelle tirée des Scènes de la vie parisienne. Rédigé par Balzac dans la fièvre d’une nuit du début de l’année 1836, ce « jet de génie » (c’est l’éditeur qui le dit dans sa préface) est sans doute moins que le « miracle » annoncé. Ce n’est pas bien grave, mais pourquoi se sent-on toujours obligé de crier au miracle et de faire tout un flan à propos du moindre texte rédigé par un « grand écrivain » ? Est-ce qu’un texte comme celui-ci, étant donné sa genèse, plutôt sa spontanéité, ne pourrait pas se contenter d’être simplement charmant, ou même mineur, sans qu’on y voit scandale ? Certes, il faut vendre…

Revenons pourtant à cette Messe de l’athée, presque construite à la manière d’un roman policier. Le célèbre chirurgien français Desplein est un athée « comme les gens religieux n’admettent pas qu’il puisse y avoir d’athées » (indication qui m’a d’autant plus plu que ma propre mère, croyante, a longtemps refusé mon athéisme, incapable d’imaginer que la chair de sa chair ne puisse absolument pas croire en Dieu, et pas même en un dieu, même pas un tout petit peu) : « Desplein n’était pas dans le doute, il affirmait. » Or, voilà que le disciple, le « Séide », même, de cet imminent athée le voit entrer à Saint-Sulpice et s’agenouillant devant la vierge, la prier avec dévotion.

Epais mystère ! et dont la solution, cousue de fil blanc, ne surprendra que dans la mesure où elle est tout ce qu’il y a de moins surprenant : le bon docteur Desplein doit sa réussite à un homme, fervent catholique (et Auvergnat qui plus est !), dont il honore la mémoire en fondant quatre messes annuelles. 2 + x = 4, trouvez x !

C’est bel et bien le « portrait exemplaire de la bonté, de la gratitude et de la fidélité » annoncé par la quatrième de couverture, mais pour le « miracle » et le « génie » de la préface, c’est peut-être un peu court… Reste pourtant un joli texte, une « Scène » sans autre prétention, sûrement, que d’en être une, une belle histoire et, notamment au début du texte, quelques réflexions intéressantes sur la postérité.

Et une question aussi : si comme le professeur Desplein, vous ne croyez pas en Dieu, et « encore moins à l’homme », rencontrer un homme bon qui vous fera croire en eux vous fera-t-il croire en Dieu ?

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Titre méconnu

5 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 27 septembre 2020

Une courte nouvelle qui semble être un hommage que l'auteur rend hommage au docteur DESPLEIN, célèbre chirurgien de l'Hôtel-Dieu.
Un interne de l'hôpital est intrigué par le fait que quatre fois par an, le docteur DESPLEIN, notablement connu comme athée, se rend à un office religieux auquel il assiste à genoux.
Le paradoxe est intrigant, aussi se décide t'il de mener une enquête discrète


Rare exemple production "d'un trait" chez Balzac, La Messe d'athée est aussi l'un de ces textes qui a suscité le moins de commentaires et de travaux, sauf d'érudites recherches de sources sur les modèles réels des deux médecins, comme si cette histoire de bonté et de reconnaissance avait paru trop édifiante et de ce fait peu balzacienne. A croire qu'en littérature, un bienfait est toujours perdu. (note de la critique du mémoire de l’université de Paris 1)
Il est vrai que la lecture est un peu rébarbative. On s'attend avec Balzac à des histoires tranchées et plus linéaires. L'impression de lire un panégyrique commandé sur mesure à la gloire d'un personnage est présente tout au long. Mais ce n'est peut-être qu'une mauvaise interprétation de ma part.


LES PERSONNAGES.

– Horace Bianchon : Déjà dans Le Père Goriot, il est présenté ici à ses débuts, comme simple étudiant en médecine d'abord, comme interne puis comme médecin ensuite.

– Bourgeat : le porteur d'eau auvergnat, qui aide Desplein et lui permet d'achever ses études, n'a pas d'histoire en dehors de ce texte. Balzac le mentionne seulement dans l'« Avant-propos »

– Desplein : il fait ici sa première apparition. D'abord nommé Dussoiplein, puis Dupuy, dans le manuscrit, il est rebaptisé Desplein dans l'édition pré-originale. La parenté que Balzac établit entre les figures du jeune et du vieux médecin dans La Messe de l'athée, donne sans doute un avant goût sur la substitution des noms dont il fait l'objet.




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