Ethan Frome de Edith Wharton
( Ethan Frome)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
Moyenne des notes : (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : (552ème position).
Visites : 10 432 (depuis Novembre 2007)
Un modèle du genre
Si je devais donner un cours sur l'art de construire un roman, Ethan Frome serait un modèle parfait. Par sa construction, sa concision, son style sobre bien adapté à l’histoire et à son cadre, ce petit livre qui parle d’un thème archi-connu - celui de amour impossible – est à mon sens une petite merveille.
Edith Wharton choisit de placer son récit dans un petit village rural de la Nouvelle-Angleterre, en plein hiver. Paysages splendides et merveilleusement dépeints. Mais les conditions de vie sont rudes et cela n’est pas sans effet sur le caractère des gens : des gens simples, un peu rustres même, durs à la tâche. On est loin du monde sophistiqué de la haute société dans lequel se meuvent habituellement ses personnages. Elle adapte son style : il se fait plus sobre et elle laisse de côté son humour satirique.
L’histoire est celle d’Ethan Frome, homme taciturne et droit, qui s’étiole dans un mariage malheureux avec une femme acariâtre et plus vieille que lui. Son seul rayon de soleil est la présence de Mattie, une cousine de sa femme qui fait office de bonne. La passion, qui s’exprime de façon très retenue, couve entre Ethan et Mattie, mais voila : Ethan est marié, sa femme est malade, ils sont très pauvres,… Le thème est connu mais le traitement est inhabituel, la mise en place de l’histoire d’abord et surtout la fin très étonnante.
Edith Wharton écrivit ce livre en 1911, alors qu’elle est au sommet de son art. Elle est aussi dans une période mouvementée sur le plan privé, son mariage est un échec et elle vit une passion adultère sans espoir : cela sera indéniablement une source d’inspiration. Comme je l’ai dit elle s’éloigne de son territoire habituel, qui est celui de la haute société new-yorkaise, mais finalement en y pensant le destin d’Ethan Frome n’est vraiment pas éloigné de celui de Lily Bart l’héroïne de son premier roman « La Maison de Liesse » : tout deux sont privés du bonheur auquel ils auraient droit à cause des conventions sociales ou morales et le manque d’argent.
Bref : lisez sans hésiter ce petit roman ! Devenu un classique de la littérature américaine, on en a tiré un film (mais Folfaierie le déconseille sur le forum de « La maison de Liesse »). Le texte est tombé dans le domaine public et est disponible en ligne (et en anglais) sur plusieurs sites.
Les éditions
-
Ethan Frome [Texte imprimé] Edith Wharton traduit de l'anglais par Pierre Leyris
de Wharton, Edith Leyris, Pierre (Autre)
Gallimard / Collection L'Imaginaire
ISBN : 9782070701032 ; 8,50 € ; 22/02/1984 ; 200 p. ; Poche
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (7)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
Un huis clos comme on les aime
Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 62 ans) - 18 septembre 2019
Ed. P.O.L
Bonjour les fous de lectures...
Ce livre est loin d'être récent vu qu'il a été publié la première fois en 1911.
Il s'agit d'un long flash back.
Le narrateur, de passage pour l'hiver dans la ville de Starkfield, est intrigué par l'étrange personnage qu'est Ethan Frome.
Celui-ci ressemble à un homme brisé, anéanti, au bout du rouleau
Que justifie un tel état?
Pour le comprendre, il faut remonter au jour de "cette fameuse collision" qui a brisé net la pauvre vie d'Ethan.
Ethan est marié à Zeena, femme acariâtre et perfide au possible, et travaille à la scierie familiale.
Sa vie plus qu'insipide et monotone est traversée d'une lumière d'espérance quand arrive la jeune Mattie, gaie, insouciante et lumineuse.
Pour son plus grand malheur, Ethan va tomber amoureux.
Tout est mis en place pour ce terrible huis clos et c'est efficace!
Il ne s'y passe pas grand chose et pourtant, le récit nous tient en haleine du début à la fin.
Voici la courte histoire d'un amour impossible qui se lit d'une traite et m'a donné envie de découvrir d'autres écrits de cette auteure.
Il sera tiré un film de ce roman " Ethan Frome" paru en 1993
Edith n'est plus Wharton
Critique de Prince jean (PARIS, Inscrit le 10 février 2006, 50 ans) - 29 août 2007
Edith Wharton sort de son univers, loin des salons New Yorkais ou de l'Italie chic pour milliardaire américain.
l'écriture de l'accident de traîneau est une merveille, on le sent arriver depuis le début de la lecture, c'est une sorte d'orgasme, d'expression de l'amour impossible.
Bouleversant.
La littérature
Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 12 septembre 2005
Donc, je ne vous parlerai pas de l'histoire, hormis pour vous dire qu'il s'agit d'une histoire d'amour, une vraie, de renonciation, d'expiation, de sacrifice.
Ethan Forme a été écrit en 1911, et on aurait du mal à trouver un parallèle à notre époque : les grands et purs sentiments se sont bien galvaudés actuellement.
Donc voici une histoire écrite très délicatement, avec une plume légère, précise et envoûtante. Ce genre de livre qui vous retient captif de son début à sa fin, qui vous trotte longtemps dans la tête après sa lecture, que je ne crois pas pouvoir oublier facilement.
Une pleine réussite donc !
Rien à rajouter !
Critique de Clementine (, Inscrite le 3 décembre 2004, 56 ans) - 3 mai 2005
Unions maudites
Critique de THYSBE (, Inscrite le 10 avril 2004, 67 ans) - 3 mai 2005
Au-delà de l’écriture, les personnages sont d’une intense réalité. Cette campagne austère qui fournit le peu du quotidien de cette époque est dépeinte avec force. Le climat de ce lieu donne froid au dos. Cet homme qui toute sa vie sera asservie à la santé d’une femme. A commencer par sa mère, ensuite sa femme et bientôt celle de Mattie. Et ce cimetières où les siens sont si présents, cette promiscuité pesante au quotidien. Pas moyen d’y échapper, la preuve…
Edith Wharton restitue bien cette ambiance campagnarde et rustre, Une vie toute tracée où on ne peut échapper à son destin. Trois destins désormais indissociables.
Je suis d’accord avec Saint Jean Batiste, l’histoire gagnerait à ne pas être divulguée en quatrième de couverture, cela enlève une part de force au récit.
Je vais poursuivre, comme le suggère si bien Saule dans ces critiques et dans le forum du livre « la bête dans la jungle », la littérature de Edith Wharton qui me convient, pour le moment, mieux que celle de Henry James.
L'art de bien écrire une histoire
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 17 mars 2004
L'histoire est formidablement bien racontée ; c'est un modèle d'écriture et de construction.
Le récit avance au pas des chevaux, dans une région du Massachusetts, au début du siècle dernier ; la vie est rude, les hommes courageux, la pauvreté conditionne les destinées. …Un monde à des éternités du nôtre !
L'histoire est toute simple : un ménage mal assorti, une présence insolite, un rêve, une tentation, une folie…
Les choses sont dites avec des mots simples, par exemple : "Le seul plaisir qui lui restât était de le faire souffrir". La nature et les paysages sont discrètement décrits comme pour augmenter la dramatisation du récit : "Le ciel en palissant, montait plus haut, laissant la terre plus seule…" Les personnages sont tellement vrais que le lecteur se surprend à les admirer, à trembler pour eux, à les prendre en compassion… et par moments, une charge d'érotisme le pousse au bord de l'émoi ; je pense à cette soirée où les amoureux sont seuls au coin du feu : "Le garçon prit l'ouvrage de la jeune femme dans ses mains et l'étreignit comme s'il faisait partie d'elle". Peut-être que ces quelques mots sortis de leur contexte ont perdu leur pouvoir d'évocation. Mais si vous lisez ce livre, sous un éclairage réduit, dans le silence de la nuit, vous serez subjugués par la présence de ces personnages, qui pourtant, ne vivent que par la magie des mots.
C'est un roman écrit à la pointe de la plume et qui atteint la perfection.
Une remarque pour terminer : ne lisez surtout pas la page quatre couverture, elle raconte en 15 lignes toute l'histoire du livre. C'est, à mon avis, une pure idiotie de l'éditeur !
Un petit chef d'oeuvre
Critique de Le Mont Carmel (Warsage, Inscrit(e) le 27 juillet 2003, 90 ans) - 8 janvier 2004
On redoute l'épilogue. Il est encore plus noir que tout ce que le lecteur avait pu imaginer !
J'aime énormément ce livre, qui laisse au lecteur une impression profonde.
Forums: Ethan Frome
Il n'y a pas encore de discussion autour de "Ethan Frome".