La chance que tu as de Denis Michelis

La chance que tu as de Denis Michelis

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Christian Palvadeau, le 10 novembre 2014 (Inscrit le 19 janvier 2011, 60 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 973ème position).
Visites : 3 371 

Un Premier roman prometteur

A bord d’une voiture, un homme est amené au domaine, une vaste maison bourgeoise qui fait restaurant et qui n’est répertoriée ni sur les cartes, ni sur les guides, ni sur Internet. A l’avant, un couple âgé, qui dit être ses parents, le conduit pour qu’il occupe un poste de serveur. Lui ne semble pas comprendre grand chose, être passif. Au domaine, il va découvrir des conditions de travail très dures et qui vont même largement empirer par la suite lorsque ses chefs vont le juger arrogant. Tandis que même le temps semble s’écouler bizarrement, il pense qu’il y a plus malheureux que lui, qu’il doit s’estimer heureux d’avoir un travail. Un court premier roman kafkaïen en milieu hostile, un huis clos, angoissant à souhait et assez bien réussi. Il semble poser la question de savoir jusqu’où on peut se fondre (où fondre ?) et la fin répond pleinement à la question.

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Les éditions

  • La chance que tu as [Texte imprimé], roman Denis Michelis
    de Michelis, Denis
    Stock / La Forêt
    ISBN : 9782234077416 ; 17,00 € ; 20/08/2014 ; 160 p. ; Broché
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Bosse et tais-toi !

7 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 23 avril 2015

L’origine du mot « travail » est liée à la notion de la contrainte et de la domination. La Chance que tu as, qui claque comme un coup de fouet sur le dos des esclaves, met en scène, sous la forme d'une métaphore aussi sombre que cruelle, ce postulat étymologique. En développant l'action dans un domaine « hors du monde », une sorte de quatrième dimension inquiétante, l'auteur se permet de livrer le protagoniste principal du livre à toutes les exactions possibles, comme un symbole (à peine excessif ?) de ce que peut subir un salarié dans la vie réelle.

L'autre force du livre est de renvoyer l'imaginaire du récit à l’univers des contes. L'exergue du livre en particulier cite un extrait de Dame Holle, un texte des frères Grimm. Ce conte fait directement écho avec le roman: il montre une fillette entrant au service domestique de Dame Holle. La fillette, dans cette histoire, sera récompensée pour son application et son dévouement. Les flocons de neige, qui dans le conte tombent sur la Terre quand la fillette secoue les édredons de Dame Holle, sont un des discrets éléments récurrents qui structurent La Chance que tu as. La poétique et l’étrangeté de la narration s'en trouve remarquablement renforcées.

Le premier roman, plutôt doué, de Denis Michelis, très bien maîtrisé dans son ensemble, s'avère totalement efficace, séduisant, en brossant ce portrait effrayant d'un monde du travail finalement peut-être pas si éloigné de celui que nous connaissons.

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