Le trône d'Adoulis - Les guerres de la mer Rouge à la veille de l'islam de Glen W. Bowersock

Le trône d'Adoulis - Les guerres de la mer Rouge à la veille de l'islam de Glen W. Bowersock
(The Throne of Adoulis - Red Sea Wars on the Eve of islam)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire , Littérature => Anglophone

Critiqué par Débézed, le 25 octobre 2014 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
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"Le creuset de l'islam"

Dans un texte, très documenté, richement annoté, plus proche du document historique démonstratif que du livre de vulgarisation, l’auteur raconte, à travers l’analyse des inscriptions du trône d’Adoulis (ville non loin de la côte ouest de la Mer rouge, en Ethiopie actuelle) et de bien d‘autres citations épigraphiques : « Les guerres de la Mer rouge à la veille de l’islam », un ouvrage que feraient bien de lire tous ceux qui prétendent interpréter les propos du prophète, combattre en son nom ou contre ceux qui suivent encore la route qu’il a tracée. « Le religion fut sans conteste le dénominateur commun de ce qui devait être une vaste ingérence internationale dans les affaires arabe ».

Au début du VI° siècle un royaume juif avait prospéré au sud ouest de la péninsule arabique en Himyar (grosso-modo sur l’actuel territoire occupé par le Yémen) et, à peu près à la même époque, un royaume chrétien s’était installé en Ethiopie. En 523, les Juifs d’Himyar ayant massacré un grand nombre de chrétiens éthiopiens issus de peuplades préalablement installées dans cette région, le négus, roi catholique d’Ethiopie, aiguillonné par l’empereur byzantin, décida de conduire une expédition punitive pour venger ses coreligionnaires. En 525, il détruisit l’empire juif, instaurant un nouvel empire chrétien à la place. Ainsi, « le royaume juif d’Arabie prit fin en 525, quand les Ethiopiens le remplacèrent par un royaume chrétien de leur cru, mais l’héritage et la persécution himyarite laissa des traces dans les traditions arabe, syriaque et grecque. La sympathie des Perses pour les Juifs n’en fut généralement pas affectée notamment quand eux-mêmes réussirent à chasser les suzerains éthiopiens de Himyar, à la veille de la naissance de Muhammad, en 570 ou dans ces eaux-là ». Les Perses sassanides, traditionnels alliés des Juifs, ne pouvaient pas laisser leurs ennemis héréditaires, les Byzantins, prendre des positions stratégiques dans la Mer rouge, la route du commerce vers l’Orient, aussi, en 565, s’emparèrent-ils du royaume de Himyar.

« L’expulsion des Ethiopiens créa une instabilité religieuse que seule put contenir l’occupation perse. Le mélange de païens et de juifs à Yathrib (Médine) ainsi que les contemporains païens du jeune Muhammad à la Mecque constituèrent un terrain fertile, pour ne pas dire explosif, en Arabie entre l’empire chrétien byzantin, allié à l’Ethiopie, et les Sassanides zoroastriens ». Une voie royale était ainsi tracée pour l’installation d’une nouvelle puissance née dans le sillage d’un « Messager » porteur d’une révélation divine. Une voie qui s’élargit encore plus qu’en l’Empire sassanide s’écroula brutalement en Perse au milieu du VII° siècle et que l’Empire byzantin entama lentement mais inexorablement son déclin après l’apogée qu’il avait connu sous Justinien. Rien ne pouvait plus s’opposer à l’extraordinaire expansion de l’islam. « On peut raisonnablement parler des tumultueux événements du VI° siècle en Arabie comme du creuset de l’islam ».

Le panthéon animiste a été bousculé par le panthéon grec mais est resté très présent chez les tribus du centre de l’Arabie. A leur tour, les dieux grecs ont été supplantés par le Dieu unique des chrétiens et des juifs. L’affrontement de ces deux religions avait affaibli les deux états qui les soutenaient, l’Empire byzantin pour les chrétiens et l’Empire sassanide des Perses pour les juifs, ainsi les animistes trouvaient, en adoptant la nouvelle religion, une belle occasion de repousser ces deux religions monothéistes qui avaient tenté de les convertir. On peut ainsi croire que ces guerres à connotation religieuse sont à l’origine de la naissance d’une nouvelle foi qui engendra elle aussi de nombreux conflits qui ne sont, hélas, toujours pas éteints.

Du haut de son paradis, la Reine de Saba qui visita le Roi Salomon doit sourire, elle reste très présente dans la légende éthiopienne aussi bien que dans l’histoire perse ou que dans l’épopée biblique. Elle était au confluent de toutes les puissances de la région : chrétiens d’Ethiopie, juifs d’Himyar, Sassanides de Perse et autres tribus encore. Elle doit cependant soupirer en voyant tous les enfants qu’elle a fait rêver, s’entredéchirer à propos de différences qui n’en sont pas. Et si tous ces peuples en guerre perpétuelle priaient tous la Reine de Saba pour obtenir la paix éternelle ?

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