Mammifères de Pierre Mérot

Mammifères de Pierre Mérot

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Miller, le 18 novembre 2003 (STREPY, Inscrit le 15 mars 2001, 68 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 375ème position).
Visites : 4 425  (depuis Novembre 2007)

Les mammifères et l'oncle au comptoir

Lucidité + Humour + Blues littéraire + Talent cul sec = Le prix de Flore 2003
L’oncle, c'est ainsi que se nomme le personnage principal du quatrième roman de Pierre Mérot. L’oncle enseigne. L’oncle a un Oedipe irrésolu, l’oncle est un loser d'envergure, le raté d’une famille parisienne, bien sous tous les rapports, comme y en a par paquets de vide. Quelques extraits :
" ….Certains meurent de ne pouvoir aimer, d'autres de pas être aimés. De toute façon, ceux qui croient encore que l'amour, même un amour simple et modeste, leur redonnera le goût de vivre, ceux-là seront laminés les premiers… ".
"
. L’oncle ne boit pas parce qu'il est seul, mais parce qu’il veut l’être. En cela, il n’est, peut-être pas si différent des autres. Nous tous, désormais, nous croyons que nous nous en sortirons seuls… ".
On voyage, avec de l’amitié entassée dans une FIAT 5OO dans Varsovie sous la neige.
On se questionne allègrement, cyniquement, sur la relation entre le suicide affectif et le mariage. On délire sur l’art conceptuel, les boîtes à Pigalle, etc.
Le chapitre sur le monde de l’éducation nationale est un petit bout d’anthologie.
On apprend quasi scientifiquement que tous les mammifères aiment qu'on les gratte derrière les oreilles et on découvre un nouveau anti-dépresseur, l’Adultera 500.
Sans compter que la solitude est un immense marché.
Mérot nous offre des pots à lire, sur tout ça. Des pots à rire, aussi, comme cette scène tordante avec Jamila page 159,160.
Et si boire, dans le cas de l'oncle, c’était refuser d’aimer au rabais ?



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Chez moi, c'est "tonton Camille".

8 étoiles

Critique de Louiscez (Nantes, Inscrit le 2 février 2007, 42 ans) - 7 avril 2009

J'ai adoré ce roman, petite perle de lucidité et d'humour noir.
La parenté avec Bukowski, pour l'humour et le côté "looser", et Houellebecq, pour le cynisme et l'étude comportementale de l'homme moderne, me semble évidente.

A noter que la partie traitant de la vie professionnelle de "l'oncle" est d'une drôlerie absolue (je ne connais pas la biographie de Pierre Mérot mais à la façon qu'il a de dépeindre l'éducation nationale, je parierais sur le fait qu'il y a passé un certain temps).

Humour, noirceur et dépit

8 étoiles

Critique de Asgard (Liège, Inscrit le 14 juillet 2005, 46 ans) - 12 janvier 2006

Voilà un livre désenchanté sur le déroulement de la vie de « l’Oncle » qui nous raconte son parcours oscillant sans cesse entre l’alcool, le sexe et les boulots absurdes.

Il y a effectivement du Houellebecq dans cet ouvrage, même si toutefois la puissance littéraire y est moindre. On y retrouve le même cynisme, le même côté blasé de l’existence, un regard sarcastique et sans concession sur le monde qui nous entoure et la médiocrité humaine.

le petit lait de la misère humaine

9 étoiles

Critique de B1p (, Inscrit le 4 janvier 2004, 51 ans) - 3 octobre 2005

Ce livre est une perle. Et on sait que la littérature française en livre rarement. Comme Nothingman, j'ai pensé à Houellebecq et Bukowski. Mais Mérot écrit moins lourdement que le premier et a plus d'humour que le second, ce qui promet au lecteur une aventure jubilatoire.

Alors, on suit le double de Mérot à travers ses expériences, contées sur un ton ironique et distancié. Et on rit beaucoup.
Très incorrect, sur le fond, il faut bien reconnaître que Mérot manie la plume extrêmement bien. Et on est presque honteux de rire parce que c'est au fond la médiocrité des mammifères humains qui se révèle entre les lignes (comme chez Houellebecq, mais en mieux).

Le humains sont de bien étranges mammifères

9 étoiles

Critique de CCRIDER (OTHIS, Inscrit le 10 janvier 2004, 76 ans) - 1 mars 2004

Ce roman ne peut pas laisser indifférent car il étonne d'au moins trois manières. D'abord par son style plutôt vociférant , tonitruant , presque célinien. Un usage un peu excessif du passé simple à la 2ème personne du pluriel, ce qui donne un genre un peu précieux, mais pas trop. Ensuite par sa philosophie, d'une noirceur et d'une désespérance absolue. Pour l'oncle, l'amour n'existe pas, la vie est une longue horreur et la famille un enfer de domination. Enfin par l'intrigue, ou plutôt son absence. Mérot est censé nous raconter la vie de l'oncle (et on se demande s'il ne s'agit pas de la sienne tout simplement ) dans une sorte de longue introspection ou une longue divagation un peu ( et même très) alcoolisée. L'histoire se divise quand même en trois parties bien distinctes: " Gastrite érosive": Pourquoi l'oncle boit-il? Pourquoi passe-t-il tellement de temps dans les bars? Pourquoi papillonne-t-il de femmes en femmes?
"Dépôt de bilan ": les tribulations de l'oncle dans des boulots aussi ridicules qu'insupportables Service militaire au Muséum à titre de souffre-douleur, employé à la Cité des Sciences, puis directeur littéraire dans une obscure maison d'édition et enfin enseignant. On trouve là quelques pages d'anthologie sur la vie d'un collège de banlieue qui montrent que Mérot connait le sujet de l'intérieur, et c'est pas triste !
"Linge sale": là , c'est son "Famille , je vous hais" .
Cette analyse pourrait laisser croire que ce livre est insupportable, imbuvable. Il n'en est rien. Il se dévore, il se déguste même, comme un excellent cognac! On nage dans l'humour le plus noir. Mérot a une vision si désespérante mais si lucide du monde qu'elle en devient presque cocasse et qu'on en redemande .
Bravo, Monsieur Mérot, vous avez amplement mérité votre Prix Flore !

Mémoires d'un loser magnifique

7 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 20 décembre 2003

C'est l'histoire de l'Oncle, la quarantaine, célibataire désabusé, ex-chômeur, devenu enseignant. L'Oncle est le raté d'une famille parisienne bien sous tout rapport où domine le personnage étouffant de la mère. "Une famille sans raté n'est pas vraiment une famille, car il lui manque un principe qui la conteste et lui donne sa légitimité". L'Oncle, grand adepte des boissons alcoolisées, passe ses soirées dans les bars au milieu d'une faune qui lui ressemble et qu'il apprécie. "Qu'est-ce qu'un bar de nuit de quartier? C'est un établissement qu'on fréquente parce qu'on va mal, et où l'on s'aperçoit que les autres vont encore plus mal. On s'y sent donc particulièrement bien."
Sur un ton profondément sarcastique, l'Oncle nous raconte ses aventures urbaines. Ses échecs amoureux qui sont pour lui autant de suicides affectifs. Il y eut Jojo la Polonaise et il y eut une autre femme, divorcée, mère de trois enfants avec qui il a tenté l'aventure de la famille recomposée. Il y eut sa vie professionnelle qui suivit son cours, de chômage en petits boulots, notamment dans le monde d'une petite maison d'édition.
Pierre Mérot, au travers de son double romanesque, tire sur tout ce qui bouge: l'amour conjugal, les relations familiales, l'enseignement, les psychiatres...
On reconnaît dans ce roman la plume d'un Houellebecq ou le ton désabusé et éthylique d'un Bukowski avec cependant une touche d'humour en prime. L'auteur manie avec brio l'art de l'aphorisme. Ainsi, "Aimer est exceptionnel, ne pas aimer est la règle. Accepter cette règle devrait donner un début de bonheur". "Un métier est une occupation qui peut détruire la moitié de votre vie et même davantage"....
Ce roman est un véritable documentaire sur des mammifères de notre temps: les hommes modernes.

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