La couleur tombée du ciel de Howard Phillips Lovecraft
(The Colour out of Space)
Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique
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Deux niveaux de lecture
Dans ces 4 nouvelles, Lovecraft démontre tout son talent de maître de l'épouvante. Ces intrigues sont ancrées dans la « vieille Amérique », la nouvelle Angleterre du début du siècle et sa ville imaginaire, Arkham. Elles se déroulent invariablement dans des lieux isolés et entourés de rumeurs effrayantes. Des races monstrueuses venues d’autres planètes ou du fond des mers prennent peu à peu le pouvoir sur les hommes, installant paranoïa et désolation dans ces régions.
Lovecraft crée progressivement une tension inquiétante sans la facilité de scènes « gores », simplement grâce à une atmosphère dense et angoissante très bien construite. Ces récits sont surtout marqués par l’imaginaire et la puissance visuelle qu'ils dégagent.
Mais il existe malheureusement 2 niveaux de lecture à ses oeuvres. Le premier constitue un des sommets de la littérature d’épouvante. Personnellement, je n'avais rien lu de comparable, Lovecraft est certainement un des plus grands auteurs du genre.
Le deuxième niveau de lecture est tout autre. Lovecraft cite parfois un ouvrage maudit recelant les secrets de ces créatures mi extra terrestres mi divines, supérieures aux hommes par leurs connaissances, dangereuses. Ces créatures seraient pour Lovecraft les émigrés de New York. A travers elles, il exprimerait la peur et le dégoût que ceux-ci lui inspirent.
Lovecraft était en effet ouvertement raciste et pro conservateur. L’écriture de celui-ci est le fruit d’une vie torturée, nourrie des thèses racistes et réactionnaires de l'entre deux guerres où les tensions raciales étaient exacerbées.
Bref, ce deuxième niveau est encore plus terrifiant que le premier puisque le lecteur trouve très facilement des relents du nazisme dans ces nouvelles (La race pure, les métissages aboutissant à des dégénérescences horribles, l’éradication des races jugées non humaines .).
L'œuvre de Lovecraft restera à part. Il nous laisse une personnalité complexe et par bien des côtés totalement abjecte mais il nous laisse également une oeuvre dénotant d'un talent d'écrivain hors norme.
Les éditions
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La couleur tombée du ciel [Texte imprimé] H. P. Lovecraft trad. de l'américain par Jacques Papy et Simone Lamblin
de Lovecraft, Howard Phillips Papy, Jacques (Traducteur) Lamblin, Simone (Traducteur)
Gallimard / Folio. Science-fiction.
ISBN : 9782070415809 ; 7,50 € ; 11/10/2000 ; 332 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (7)
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Joyau de la littérature de l'effroi
Critique de Fa (La Louvière, Inscrit le 9 décembre 2004, 49 ans) - 12 juillet 2011
Les thèmes de Lovecraft ont été abondamment commentés : l'histoire d'une horreur venue d'ailleurs, qui croît petit à petit, inexorablement, pour détruire l'humanité. Cette horreur s'incarne soit dans une couleur jusque là inconnue, stigmate d'un mal mystérieux et terrifiant, soit dans un enfant étrangement évolué (l'abomination de Dunwich), soit dans des personnages inquiétants dans une contrée reculée (celui qui chuchotait dans les ténèbres) - dans cette histoire, l'utilisation de documents présentés dans le récit est particulièrement réussie. Reste enfin le cauchemar d'Innsmouth, particulièrement réussi et insupportable surtout pour ce qui concerne la conclusion.
Pendant ce temps, Chtulhu attend...
Envoûtant et dérangeant....
Critique de Orea (, Inscrit le 23 janvier 2006, 30 ans) - 19 décembre 2009
L'image de la femme tombant en cendre dans le grenier m'est resté longtemps en tête, et j'ai eu bien du mal à m'endormir ensuite. Le dernier passage, bouquet final de cette fresque étonnante nous réserve des impressions colorées et glaçantes....
Troublant
Critique de Gramsci (, Inscrit le 26 juillet 2007, 39 ans) - 10 août 2007
La vision de l'auteur, en particulier dans "Le Cauchemar d'Insmouth" en termes de topographie et d'appréhension de l'espace dans un texte littéraire est sans commune mesure avec ce que j'ai pu lire auparavant, si ce n'est justement dans les contes de Borges.
Quant au second niveau de lecture, il est clair que le racisme et la xénophobie occupent une place importante dans l'oeuvre, néanmoins ce que je lis moi, c'est aussi la peur. La peur de l'homme face à la société, face à un monde qui évolue vite, trop vite pour les névroses ataviques de Lovecraft. Cela ne justifie en rien des théories racistes, c'est juste une explication.
Toujours est-il que ce livre, et pour toutes les raisons que j'ai mentionnées plus m'est apparu comme une lecture particulièrement dense, je recommande la lecture de "La Couleur Tombée du Ciel" à tous ceux que le soufre n'effraie pas, et aussi à tout ceux qui aiment jouer avec leurs nerfs, la lecture de ces nouvelles étant particulièrement éprouvante, et pourtant je n'ai pas l'habitude d'avoir peur du noir... Bref un chef d'oeuvre de la littérature nord-américaine...
Un tout petit bémol pour les éditions folio sf en général qui sont beaucoup trop fragiles...
inquiétant
Critique de Ice-like-eyes (nantes, Inscrite le 26 mars 2005, 40 ans) - 23 novembre 2005
Belle et inquiétante découverte
Critique de Oxymore (Nantes, Inscrit le 25 mars 2005, 52 ans) - 11 octobre 2005
D'abord, disons-le tout de suite, sa réputation est loin d'être usurpée tant Lovecraft tient son lecteur en haleine; en effet le cadre est très délimité et propice à l'angoisse: villes isolées, population étrange et dégénérée, singularité des personnages, nature austère et pesante (forêts, bruits, montagnes arides).
Ensuite, Lovecraft a su créer toute une mythologie cosmogonique fascinante (à laquelle il croyait fortement d'ailleurs) basée sur le fait que des créatures ont habité la terre avant l'homme et qu'elles continuent à vivre avec nous dans un espace temps et géographique parallèle.
Chaque nouvelle est palpitante, angoissante et quand vous saurez que Stephen King entre autres s'est inspiré de Lovecraft, vous comprendrez l'ambiance de ses livres.
Voici un extrait tiré de la nouvelle éponyme:
"....Il était venu à sa rencontre et gardait encore un semblant de vie. Avait-il rampé ou une force extérieure l'avait-il traîné, Ammi n'aurait su le dire; mais il était frappé à mort. Tout était arrivé dans la dernière demi heure mais le délabrement, la grisaille et la désintégration étaient déjà très avancés. C'était une hideuse friabilité, et tout s'écaillait en débris desséchés. Ammi, sans pouvoir y toucher, considérait avec horreur l'informe parodie de ce qui avait été.. un visage. C'était quoi, Nahum c'était quoi ? murmura-t-il, et les lèvres gonflées et fendues purent à peine émettre dans un grisaillement l'ultime réponse...."
Bref du pur bonheur. Je me lancerai dans le reste des oeuvres Lovecraftiennes d'ici peu.
Vous avez dit santé mentale ?
Critique de Wakkafr (Paris, Inscrit le 12 juin 2004, 51 ans) - 13 juin 2004
Aaaah, Lovecraft...
Critique de Virgile (Spy, Inscrit le 12 février 2001, 45 ans) - 20 novembre 2003
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Deuxieme lecture?? | 10 | Benoit | 19 décembre 2007 @ 23:38 |