Plus Belge que çà, tu meurs !

Les Hollandais ont réceptionné ce livre comme un pur produit flamand.
Bizarre… Quant à moi, dès les premières pages, j'étais mise au parfum. On est bien en Belgique.
La baraque à frites trône sur la place, la pissotière est accolée à la maison communale, les lettres aux communes restent sans réponse, les décrets communaux sont « comme ces pierres qui peuvent rester des années au faîte d’une montagne. Mais une fois qu'elles commencent à dévaler la pente, il est impossible de les arrêter ».
Bref, sur des faits d'une absolue banalité, l'auteure va greffer toute une histoire. Des histoires de solitude.
Ce Damien, professeur de dactylo qui donne cours sur des machines antédiluviennes, divorcé de sa femme et de son fils qu'il ne voit plus, Béa et Tamara, deux femmes divorcées, remariées, mais qui traînent leur incommunicabilité dans des salles de conférence, Karen, fille sans père, fruit d'une insémination artificielle, Désirée, la patronne du frietkot, draguée par les ratés du quartier et par Damien, le prof de dactylo, toujours au volant de sa camionnette blanche et pourrie, Anna, la nettoyeuse communale, ligaturée des trompes sur ordre d'un mari autoritaire, Sam, l'architecte communal, au volant de sa Jaguar cabriolet bleu roi, qui a l'impression d’être un dieu revenu sur terre après un long exil au royaume des ombres, Hassan, au corps bronzé et musclé, fils du serrurier, féru de contes orientaux
et dont l’instituteur, un minable, le rabroue pour son orthographe, le directeur de l’école, un alcoolique notoire qui passe son temps à cuver son vin..
Dans ce petit village, théâtre d'une société fermée, va se dérouler un fait divers : la mort d'une petite fille, renversée par la camionnette blanche dont le frein a lâché. Tous les habitants vont se liguer contre l’intrus, le plus faible, Damien, le prof de dactylo, qui va se retrouver l’exclu de ce groupe bloqué qui bannit ceux qui se trouvent en position de faiblesse.
Et puis, il y a Hassan, le conteur, celui qui apporte le monde aux autres enfants, qui sèche les cours pour s’enfermer avec les autres dans la camionnette et raconter ses histoires de mille et une nuits.
Puis, ce sera le drame, on appuie sur tous les boutons, la petite fille sort pour satisfaire un petit besoin et la camionnette recule incidemment sur le petit corps..

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  Jeudi, 15h 30 [Texte imprimé], roman Kristien Hemmerechts trad. du néerlandais, Belgique, par Françoise Wuilmart

  de Hemmerechts, Kristien Wuilmart, Françoise (Traducteur)
  la Différence / Littérature étrangère (Paris. 1998)
  ISBN : 9782729114459 ; 10,50 € ; 30/03/2003 ; 269 p. ; Broché

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