Le Temps scellé : De l'enfance d'Ivan au sacrifice de Andreï Tarkovski

Le Temps scellé : De l'enfance d'Ivan au sacrifice de Andreï Tarkovski
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Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Essais , Arts, loisir, vie pratique => Cinéma, TV

Critiqué par Ngc111, le 1 octobre 2014 (Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans)
La note : 9 étoiles
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Aller vers l'art

Compilation de pensées et de réflexions sur le cinéma et l'art dans sa globalité, Le Temps Scellé du réalisateur Andreï Tarkovski est un livre captivant et passionnant. L'auteur russe parle de la différence (mais aussi des points communs) qu'il peut y avoir entre la littérature (qu'il semble affectionner particulièrement) et le cinéma, tant dans leur approche que dans leur finalité. Il relate notamment l'importance de la réalité dans son art mais surtout d'un idéal qui ramènerait la population vers une spiritualité nécessaire et de moins en moins présente dans l'ère moderne. Il n'est pas question forcément de religion mais bien d'une spiritualité dénuée de toute doctrine.
D'autres éléments abordés sont intéressants comme la distinction entre œuvre commerciale et œuvre d'art, la première n'étant évidemment pas de la volonté du créateur de Stalker. Il formule d'ailleurs le regret de voir des artistes se tourner vers le "commercial" pour se nourrir, reniant leur idée de départ ; d'ailleurs pour être plus exact il ne les considère pas alors comme artiste. Mais loin de tout élitisme orgueilleux et détestable, Tarkovski ne considère pourtant pas que l'art n'est pas accessible à tout le monde ; si il le juge forcément, de par sa nature même aristocratique, ce n'est pas dans une conception sociale de l'aristocratie mais plutôt dans le fait que l'art ne sera pas compris par tout le monde mais peut (là est l'important) l'être. Autrement dit tout le monde peut aimer l'art, mais tout le monde ne l'aimera pas.
D'ailleurs il pense que c'est bien l'industrie cinématographique qui influe sur les goûts du spectateur en ne voulant pas le pousser à réfléchir mais plutôt à juste le divertir. On peut remettre en cause cette idée en disant que le spectateur ne tient peut-être qu'à être divertit pour sortir de son quotidien harassant mais l'on aura du mal à se sortir de ce schéma qui ressemble à l'histoire de l’œuf et de la poule.

Tout aussi passionnantes sont les anecdotes de casting, les considérations techniques, les quelques regrets que formule Tarkovski sur certains de ses films. Son amour du septième art est contagieux et est étonnamment bien retranscrit par une plume fine et intelligente. Malgré le manque d'unité dû à la nature même de recueil qui constitue ce livre, l'auteur y livre une composition au vocabulaire précis et varié, qui sans laisser de côté son lectorat pas forcément cinéphile le poussera bien au contraire à voir tous ses films et même d'autres (ceux de Bergman par exemple).

Ce livre est une formidable incitation à aller vers plus d'art, à réfléchir sur l'importance de ce dernier dans notre société mais aussi à son importance quant à la construction de soi. Magnifique de bout en bout !

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