Première neige sur le mont Fuji de Yasunari Kawabata
(Fuji no hatsuyuki)
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique
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Des tableaux sensibles et poétiques
Ce recueil de six nouvelles permet de goûter pleinement au style du maître Kawabata. Il écrit comme d'autres pourraient peindre. Le lecteur a le sentiment de contempler des estampes avec le Mont Fuji en toile de fond. Il sait parfaitement créer des atmosphères par ses descriptions, le silence des personnages et cet univers parfois onirique qui envoûte le lecteur.
Dans ces six nouvelles, l'auteur évoque un fantôme qui s'invite dans des voitures, une jeune fille dont l'odeur est inoubliable et sensuelle, un couple qui se retrouve après une longue séparation, un auteur aphasique qui se trouve dans une impuissance totale, lui qui ne parvient à exister que par son écriture ... Yasunari Kawabata joue avec l'implicite et les silences. Le lecteur doit deviner parfois ce qui est discrètement suggéré. Les dialogues sont empreints d'une certaine mélancolie et en disent parfois moins que le paysage qui occupe un rôle capital dans ces nouvelles. Les émotions des personnages sont souvent en accord avec la nature, il y a une osmose entre les lieux et les individus comme s'ils ne faisaient qu'un. Les émotions sont aussi abordées avec pudeur et l'auteur excelle à évoquer les paysages intérieurs des personnages.
Certaines nouvelles sont fantastiques et rappellent le réalisme magique que l'on reconnaît surtout dans la littérature sud-américaine. Lorsqu'il est question de fantômes, personne ne remet en cause leur existence comme s'ils étaient par avance admis dans le quotidien des personnages. Certains textes sont empreints de sensualité et rappellent l'atmosphère qui régnait dans certains textes de l'auteur comme dans "Les Belles endormies" et "Le Lac".
Une lecture lente, des tableaux contemplatifs qui touchent le lecteur par leur justesse.
Les éditions
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Première neige sur le mont Fuji [Texte imprimé]
de Kawabata, Yasunari
Albin Michel / Les grandes traductions
ISBN : 9782226259820 ; 16,00 € ; 03/09/2014 ; 160 p. ; Broché -
Première neige sur le mont Fuji [Texte imprimé], et autres nouvelles Yasunari Kawabata traduit du japonais par Cécile Sakai
de Kawabata, Yasunari Sakai, Cécile (Traducteur)
le Livre de poche / Le Livre de poche. Biblio
ISBN : 9782253069355 ; 7,70 € ; 02/11/2016 ; 160 p. ; Poche
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Pas trop chaud
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 15 juillet 2017
Nostalgie déjà
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 10 septembre 2014
Dans ces nouvelles il y a déjà tout Kawabata : son élégance, sa finesse, son art de la séduction, son inclinaison pour les jeunes femmes et surtout les jeunes filles – « Un instant, Jirô découvrit l’éclat de sa chair, puis détourna les yeux. Il fut frappé par la beauté de cette blancheur » -, sa hantise de la vieillesse et de la déchéance, son amour pour son pays, ses paysages, ses jardins mais surtout ses arbres, tous les arbres, ceux de la forêt, ceux qui bordent les routes ou ornent les parcs et jardins, … Son pays c’est le Japon éternel, le Japon qui n’a pas oublié ses traditions, le Japon des rites et des temples, le Japon tapi au pied du Mont Fuji et surtout le Japon de sa ville, le Japon de Kyoto qu’il a glissée dans l’une des nouvelles de recueil.
Ce recueil comporte aussi toute la nostalgie que Kawabata déverse habituellement dans ses textes, la nostalgie du temps de la jeunesse qu’il évoque souvent en creux en décrivant la vieillesse et l’approche de la mort qui le hantent tellement. Dans certaines des nouvelles ici présentées, le monde des vivants côtoie celui des morts jusqu’à s’y confondre. Croire que la vie perdure au-delà de la vie terrestre est une façon de rejeter l’idée de mort et de fin, la vie continue sous un autre forme dans l’après mais ne s’arrête pas définitivement. Les morts accompagnent les vivants dans leur parcours terrestre pour les guider à travers les dédales de la déchéance. Les évocations de la dégradation des corps sont très nombreuses dans ces nouvelles : perte de la mémoire ou de la parole, recherche des souvenirs d’enfance,… On comprend bien cette nostalgie quand on imagine les jeunes filles que le maître décrit : « La jeune fille était une élève de dix-sept ans qui ne portait ni maquillage ni parfum : cette odeur était la sienne, tout simplement, celle de son corps, et non de ses cheveux. Une odeur fragile, mais en toute saison Amiko embaumait la voiture. Jamais Mitsumura n’avait connu cela avec une autre femme ». Kawabata ne pouvait supporter de quitter un monde peuplé de telles créatures et on le comprend aisément.
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Le fantastique dans la culture japonaise | 53 | Merrybelle | 15 octobre 2014 @ 17:17 |
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