Nous faisions semblant d'être quelqu'un d'autre de Shani Boianjiu

Nous faisions semblant d'être quelqu'un d'autre de Shani Boianjiu

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par CC.RIDER, le 5 septembre 2014 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 4 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (55 533ème position).
Visites : 3 270 

Bof

Dans un village perdu d'Israël, non loin de la frontière libanaise, la (ou les) narratrice(s) (Yaël, Avishag ou Léa) et quelques-unes de ses (ou leurs) camarades de classe de terminale tentent en vain d'organiser une petite fête. Elles auraient besoin d'inviter du monde par téléphone mais il n'y a pas de réseau et de disposer d'une maison vide mais personne ne veut leur en prêter une. Une fois l'examen passé, toutes partent faire leur service militaire. Certaines dans la police militaire, d'autres sur un improbable check-point au milieu de nulle part sur une route interdite et fermée à la circulation où quasiment personne ne passe.
« Nous faisions semblant d'être quelqu'un d'autre » n'est pas vraiment un roman au sens classique du terme et pas non plus un témoignage, mais plutôt une suite de notes, d'impressions, d'anecdotes ou d'extraits de journal intime écrits au fil de la plume. Cette composition un peu aléatoire, ces scènes proposées en vrac, sans ordre ni véritable logique peuvent dérouter le lecteur et même finir par sérieusement l'agacer. D'autant plus que le style laisse également beaucoup à désirer. L'auteure emploie la première personne du singulier pour plusieurs personnages, puis passe à la troisième et revient à la première au fil des paragraphes et selon son bon plaisir, ce qu'elle trouve peut-être original mais qui ne facilite pas la compréhension du pauvre lecteur lequel peine à se retrouver dans une lecture laborieuse. L'absence d'une intrigue sérieuse, la construction à la Dubout, le style approximatif et les personnages de jeunes filles finalement assez peu intéressantes donnent un résultat très proche de la médiocrité. Il faut se forcer pour finir ce bouquin qui fait presque regretter le temps passé à sa lecture. C'est dire...

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Curieux fourbi.

4 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 22 janvier 2015

Avishag, Yaël et Léa. Trois jeunes Israéliennes qui vont vivre un fragment de vie dans un pays sous tension permanente.
Il faut reconnaître à ce curieux livre un grand mérite de parler d'un sujet dont on parle peu de l'intérieur, et c'est là où réside son principal intérêt.
Si l'auteure avait mis un peu de cohérence dans son texte je pense que cela aurait pu être un excellent roman. La critique principale résume bien le résultat : un texte décousu qui manque de repère.

Naïveté guerrière

8 étoiles

Critique de Killing79 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans) - 17 septembre 2014

C’est l’histoire de trois amies d’enfance israéliennes qui vont être appelées à faire leur service militaire, chacune dans une mission différente.
Alternant entre chaque point de vue, on vit le quotidien de ces jeunes filles avec leurs contrariétés et leurs obsessions de jeunes filles. Mais la guerre et ses atrocités n’est pas loin. Alors la rencontre de l’innocente jeunesse et de la dure réalité, donne naissance à un récit où les pires horreurs se mélangent aux anecdotes les plus comiques.
Grâce à son expérience personnelle, Shani Boianjiu nous offre une grande bouffée d’humanité et de joie dans ce milieu militaire si rigoureux. Elle veut nous rendre témoin de la vie perturbée de ce coin du globe. Pour ce faire, elle ne va jamais prendre partie ou montrer du doigt, mais mettre en scène l’absurdité et les incohérences du système.
J’ai été fortement saisi par le réalisme du roman. Les histoires sont racontées avec tout le détachement lié au jeune âge des trois filles. Et grâce à cette naïveté, j’ai ressenti une certaine fraîcheur qui m’a permis de m’imprégner de cette réalité pourtant si cruelle. C’est un texte qui m’a fait réfléchir sur la violence sans me torturer et qui m’a fait penser à la mort en me montrant la vie. « Nous faisions semblant d’être quelqu’un d’autre» est un témoignage poignant qui restera gravé.

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