Les faux-monnayeurs de André Gide
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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L'année du bac. Itinéraires adolescents.
Bernard Profitendieu (sic) découvre un secret de famille, sa bâtardise, et se réfugie chez son ami Vincent Molinier. Les deux adolescents vont faire, en cette année du bac, des rencontres décisives. Ainsi Bernard fait la connaissance d' Edouard Molinier, oncle d'Olivier, et romancier à ses heures, qui l'embauche comme secrétaire. Olivier, furieux de voir son ami Bernard le supplanter dans le coeur de son parent, devient le secrétaire de Passavant, romancier à la mode, individu cynique et sans scrupules.
C'est l'occasion pour Gide de faire le procès des familles bien-pensantes, conformistes et étouffantes. Au cours du roman, on suit de multiples personnages dont les trajectoires se croisent, maille à l'endroit, maille à l'envers, pour constituer le tissu romanesque.
Au centre de la toile, Edouard le protagoniste essentiel, au fait de toutes les intrigues, et qui tente d'écrire un roman, appelé aussi "les faux-monnayeurs".
Le jeu de miroirs entre les personnages, et la structure d'un roman composé, disait l'auteur, comme une fugue de Bach, témoignaient pour l'époque (1925) d'une recherche originale. Les inventeurs du nouveau roman nous ont habitués depuis à ces acrobaties de la narration, où le lecteur tire ou non son épingle d'une botte de foin liée plus ou moins serrée.
Derrière ce beau travail d'artisan, Gide révélait à mots plus ou moins couverts une homosexualité qui n'était pas facilement acceptée par ses contemporains.
Qu'en penser de nos jours ? les adolescents de Gide ont mal vieilli, leurs préoccupations et leur langage sont d'une époque révolue. Quant au personnage d'Edouard, en homosexuel amoureux dont on ne saisit jamais nettement les sentiments ou les motivations, il évolue dans ce labyrinthe en se cachant derrière des glaces sans tain. Osons le dire ! Gide, dans ce roman, sent la naphtaline :-)
Les éditions
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Les Faux-monnayeurs [Texte imprimé] André Gide
de Gide, André
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070368792 ; EUR 8,20 ; 29/06/1972 ; 377 p. ; Poche -
Les faux-monnayeurs [Texte imprimé] André Gide dossier et notes réalisés par Frédéric Maget lecture d'image par Agnès Verlet
de Gide, André Verlet, Agnès (Collaborateur) Maget, Frédéric (Editeur scientifique)
Gallimard / Folioplus classiques
ISBN : 9782070349609 ; 9,20 € ; 17/01/2008 ; 512 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (9)
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Perversion et affirmation des élites
Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 22 novembre 2016
Les Faux-Monnayeurs, c’est donc avant tout, jetée à la face du reste du pays la démonstration de cette singularité où une poignée de jeunes privilégiés cosmopolites (les différents personnages voyagent aisément en Angleterre, en Pologne ou en Suisse), fréquentant les mêmes cercles littéraires (on y croise le comte de Passavant, l’auteur à la mode de la Barre fixe, le fantasque Alfred Jarry et deux ou trois autres beaux esprits) ayant les mêmes mœurs sexuelles (portés presque naturellement vers la pédérastie) vivent entre eux, affichent un mépris des conventions, veulent se singulariser parfois au mépris de la loi (ainsi de Georges et de ses jeunes camarades qui passant de la diffusion de fausse monnaie à la précipitation du drame provoquant la mort de Boris, manifestant par là un mépris de la vie proprement scandaleux). Ce sentiment d’appartenance à l’élite au lieu d’obliger ses membres comme a pu dans des temps plus anciens le faire par exemple l’aristocratie a conduit par un processus qu’il serait intéressant d’analyser, à la perversion de cette partie de la classe bourgeoise : Sans direction morale, libérée de la direction donnée par la religion, pénétrée de suffisance et de confiance en soi, cette classe bourgeoise domine le reste de la société et continue de le faire de faire de façon éhontée.
Reste le pur talent de littérateur d’André Gide qui s’affirme dans cet exercice du roman comme un des meilleurs prosateurs de la littérature moderne française. Le prix Nobel est venu récompenser un excellent styliste, notamment dans ses dialogues, maniant l’outil qui est la langue de manière exemplaire. Certes, ce style est un peu daté mais il témoigne d’une époque dont on se prend à regretter l’excellence de l’usage de la langue parmi ces élites. La domination culturelle que je mentionnais plus haut avait alors un fondement, celle d’une culture se fondant sur un apprentissage rigoureux des usages. Gide est un pur produit de cette culture de l’excellence formelle ; ce sentiment de domination est resté parmi les nouvelles élites mais elles ont malheureusement perdu ce qui faisait leur grandeur.
Un mille-feuille svp.
Critique de Kikiolf (Mulhouse, Inscrit le 4 septembre 2012, 42 ans) - 11 septembre 2012
Si le livre est très bien écrit et avec beaucoup de style, j’ai quand même été tenté d’arrêter la lecture à plusieurs reprises. La variation des styles de narration, les intrigues secondaires peu palpitantes et les relations parfois douteuses de certains personnages ont fini par gâcher mon plaisir de lecture.
Un roman qui sait mentir
Critique de Lisancius (Poissy, Inscrit le 5 juillet 2010, - ans) - 12 juillet 2010
C'est pour moi le meilleur de Gide, qui est un très grand écrivain que j'apprécie particulièrement. Roman-feuilleton d'une construction entrecroisée magistrale et d'une élégance rare, cet ouvrage paraît gênant pour de nombreux lecteurs, parce que les thèmes qui y sont abordés sont particulièrement subversifs. La question de l'homosexualité est épineuse, Gide s'y complait, et les lecteurs contemporains s'y confrontent sans plaisir. Bon : Gide est homosexuel, et alors ?
Le style est excellent : Gide, un peu comme Proust, est un "nouveau précieux", de ces auteurs de la toute toute fin du XIXème siècle littéraire, qui ont cette plume suave et élégante, ayant le souci des belles tournures et affectionnant les mots rares - je préfère cela à la rigide grossièreté de Céline ! Son roman se lit en quelques heures de grand plaisir : et pas besoin de sortir de normale Sup. pour le comprendre et l'apprécier, ni d'avoir une quelconque majorité "littéraire" !
Il faut, pour comprendre les faux-monnayeurs, regarder au delà de l'explicite. C'est dans le titre que tout est expliqué, depuis les machinations du pauvre Profitendieu jusqu'au jeu de miroirs que l'auteur a élégamment appelé "Mise en AbYme" : c'est un roman factice, d'une élégance quelque peu surannée, et énormément velléitaire. Ce roman réussit l'extraordinaire pari de remplir son vide par le vide : peut-être que le personnage d'Edouard est un auteur (d)écrivant des "Faux-Monnayeurs". Sont évoqués ainsi, très subversivement, mais avec élégance, les thèmes du double, du miroir et du mensonge. L'art du roman, écrit Aragon, est qu'il sait mentir. N'est-ce pas là le principe de tout art ?
Lu entre "Gatsby le Magnifique " (Scott Fiztgerald) et "La Confusion des sentiments" (Zweig).
Un cri contre le conservatisme
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 20 juin 2010
Lu en 3ème en 1992, ce roman m'avait heurté, par ses provocations ostentatoires. Son style, aujourd'hui désuet, bien que non déplaisant, me semblait créer un décalage : quelque peu précieux mais vif en la forme, le roman s'avérait tonique, presque rocambolesque dans le mode narratif, malgré les passages au style indirect, notamment du fait des extraits de journal intime.
Ces impressions s'avèrent confirmées par cette relecture. Une prise de recul, du fait de l'âge j'imagine, me fait davantage apprécier cette oeuvre qui pourrait apparaître, eu égard à l'époque et toutes choses égales par ailleurs, à de l'Almodovar avant l'heure. Ce roman m'a rappelé La Mauvaise éducation, film également passablement désagréable, malgré les dénonciations justes et fortes qu'il contient.
Je déconseille cette lecture dans le secondaire, qui pourrait véritablement s'avérer rebutante, à mon sens, et je parle d'expérience, alors qu'elle ne m'avait pas été imposée.
A l'âge adulte, elle reste malaisée, bien qu'intéressante, au regard de l'histoire de la littérature et des moeurs. Il s'agit d'une oeuvre et d'un auteur qui ont marqué leur époque. Ils sont donc à connaître.
Inconsciente et vulnérable jeunesse
Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 51 ans) - 6 février 2010
Molinier écrivant un roman intitulé Les faux monnayeurs, c’est aussi un livre sur l’écriture, sur le roman en train de se faire, sur la difficulté de la production littéraire. Ainsi, Gide nous fait faire des aller-retour non seulement entre les protagonistes mais entre les positions de narrateur et d’auteur, se regardant écrire et nous prenant parfois à témoin, comme si il découvrait les personnages avec nous (voir par exemple le chapitre 7). Cela donne une structure narrative étrange, légèrement décalée.
Au final, c’est un livre agréable à lire, avec des personnages plein de finesse, et de très belles formules, des phrase intelligentes et profondes sur l’humanité.
Je peux comprendre
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 11 décembre 2008
Mais, de toute façon, à part la qualité de l'écriture, j'avoue ne pas être un grand amateur de Gide. Je préfère Martin du Gard, Montherlant, Giono (surtout seconde mouture), Aragon puis, encore au-dessus, les Malraux, Céline, Camus, Yourcenar, Sartre etc. Pour faire un tour du XXieme siècle... J'allais oublier Louis Guilloux avec "Le sang noir" !
premier livre que j'abandonne depuis 1 an et demi
Critique de Manumanu55 (Bruxelles, Inscrit le 17 février 2005, 45 ans) - 11 décembre 2008
Mais cette écriture me rebute et je ne pourrai pas tenir 300 pages de plus...
Doux
Critique de Fonalire (, Inscrite le 24 avril 2007, 35 ans) - 25 avril 2007
Les personnages foisonnent et on ne perd pourtant pas de vue l'intrigue, menée avec justesse jusqu’aux dernières pages par Gide.
Mise en scène d'un morceau de vie, ce roman est ce genre d'œuvre où l'on s'associe inévitablement à l'un des acteurs.
"Ce que je veux, c’est présenter d’une part la réalité, présenter d’autre part cet effort pour la styliser." En cette phrase tout est dit, à la fois sur les aspirations de l'auteur et sur le style qu'il emploie.
A lire avec simplicité d'esprit.
A ne pas lire...
Critique de Pumprenelle (, Inscrite le 11 juin 2005, 45 ans) - 23 août 2005
En effet, on en voit toutes les ficelles!
Ca ne me plait guère cette idée d'Andre Gide, un écrivain homosexuel écrivant un roman dont le héros, pas très original n'est-ce pas, est lui-même un écrivain homosexuel, qui lui aussi écrit un livre dont le héros est un écrivain... pfffffffff!!!!!
lassant... étouffant...
Quitte à faire ça, Gide le narcissique et l'égotiste, aurait mieux fait d'écrire une autobiographie, en employant le "je", au moins le récit aurait été direct.
Le héros est homosexuel, ok, mais pédophile aussi!! alors ça veut dire quoi tout ça?!
Gide était donc lui-même un pédophile?? et on aurait osé lui attribuer un Prix Nobel!!
Ecoeurant!
Surtout cette dernière phrase-clin d'oeil du roman, quelque chose comme "et maintenant je serais curieux de connaître le petit Caloub."
La c'en est trop! il se cherche déjà sa prochaine victime!
Et il n'y a pas que de l'homosexualité, de l'onanisme par un enfant, et de la pédophilie dans ce livre, il y a aussi de l'inceste! car Olivier est quand même le neveu d'Edouard.
Bref, tout ça c'est beaucoup trop immoral et nauséabond.
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