Poèmes de Paul Éluard, Julia Wauters (Dessin)

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie , Enfants => 10-12 ans

Critiqué par Bluewitch, le 10 août 2014 (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans)
La note : 9 étoiles
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La poésie est dans la vie

"La poésie véritable s'accommode de nudités crues, de planches qui ne sont pas de salut, de larmes qui ne sont pas irisées. Elle sait qu'il y a des déserts de sable et des déserts de boue, des parquets cirés, des chevelures décoiffées, des mains rugueuses, des victimes puantes, des héros misérables, des idiots superbes, toutes les sortes de chiens, de balais, des fleurs dans l'herbe, des fleurs sur les tombes. Car la poésie est dans la vie (…)"

Paul Eluard, poète surréaliste et adepte du dadaïsme, n'est plus à présenter. Engagé, il était poète plutôt qu'"un" poète. Manière de vivre, manière d'être, exaltation du désir, son style, son langage transforme avec limpidité des éléments qui pourraient sembler illogiques ou n'avoir aucun lien entre eux. Sens de l'image aigu, pétri de délicatesse.

C'est pourquoi présenter ici une sélection de ses textes pour les plus jeunes lecteurs semble particulièrement pertinent. Il ouvre d'autres portes, pousse l'imaginaire dans des recoins fabuleux.

"Le froid le ciel diluent le vent
Le soleil blanc le fait sourire
Comme un filet d'eau
Fait sourire un pré."

On retrouve dans ce recueil le célèbre "Liberté" mais également des extraits de : Premiers poèmes, Poésie ininterrompue, Les Mains Libres, Poésie et vérité, Donner à voir, La vie immédiate, Capitale de la Douleur,… Textes choisis par Camille Weil, le tout discrètement illustré par Julia Wauters. Pas simple de faire une telle sélection mais cette dernière se crée sur la durée d'écriture d'Eluard et balaie différents thèmes pour que chacun s'y retrouve.

"Tes yeux sont revenus d'un pays arbitraire
Où nul n'a jamais su ce que c'est qu'un regard
Ni connu la beauté des yeux, beauté des pierres,
Celles des gouttes d'eau, des perles en placard,

Des pierres nues et sans squelette, ô ma statue,
Le soleil aveuglant te tient lieu de miroir
Et s'il semble obéir aux puissances du soir
C'est que ta tête est close, ô statue abattue

Par mon amour et par mes ruses de sauvage.
Mon désir immobile est ton dernier soutien
Et je t'emporte sans bataille, ô mon image,
Rompue à ma faiblesse et prise dans mes liens."

Que la poésie ne s'éteigne jamais, ni dans nos écoles, ni dans nos vies…

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