Middlesex de Jeffrey Eugenides
( Middlesex)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Self-made Hermaphrodite
L'histoire d’un chromosome, le cinquième, d'un gène enfoui depuis des lustres, qui se faufile, cherchant sa moitié perdue pour pouvoir se révéler enfin. Calliope Stephanides sera l’apologie de ce gène tronqué, de ce déficit en « 5-alpha-réductase ». Naissant deux fois : fille puis garçon.
Ce roman s’étend sur plusieurs générations. Car pour comprendre Calliope Stephanides, il faut remonter plus haut dans la généalogie, reprendre le chemin du destin à une étape déterminante.
« Je suis la proposition finale d'une phrase périodique, et cette phrase a débuté il y a longtemps, dans une autre langue, et il vous faut la lire du début à la fin, qui coïncide avec mon début à moi. »
Et c’est dans la relation incestueuse de ses grands-parents, Lefty et Desdemona, qu'il faudra débuter ; reprendre le récit à la troisième personne, aller aux origines, dans cette Grèce « turque » en guerre des années vingt, qui fit fuir bon nombre de ses habitants vers le pays de la Liberté : l'Amérique. Découvrir Detroit, ville-gouffre engloutissant chaque jour de nouveaux étrangers. La fatalité trouvera sa route : portant leur lourd secret, les jeunes mariés n’auront comme confidente que leur cousine Sourmelina qui les héberge. L'angoisse d’une punition divine suivra éternellement Desdemona, qui craignit le pire à la naissance de son fils, Milton, mais plus encore lorsqu'il décida d'épouser Tessie, la fille de leur cousine… pour qu'enfin la génétique fasse son oeuvre.
Et c'est là que débute l'histoire de Callie/Cal… La découverte de soi, de son histoire, la honte du corps qui change mais pas comme les autres filles, de l’amour envers « L'Obscur Objet », cette amie charnelle avec qui elle vivra une histoire forte, déroutante, singulière. Le destin qui vous dupe, qui vous laisse dans l’erreur pour pouvoir mieux vous brûler ensuite avec la Vérité. Cette vie de fille qui prendra un détour brutal dans une salle d'urgence d'un hôpital du Michigan à l’approche de ses quinze ans.
Alternance de la troisième et de la première personne dans ce roman initiatique. .volution des histoires prénatale, périnatale et postnatale. Jusqu’à la deuxième naissance, celle où il faudra choisir, comprendre ce nouveau corps, cette conscience qui enfin se libère, la nature de ce troisième genre, ce « middlesex » comme aussi se nomme cette maison où la famille Stephanides concrétisa son Histoire, ce cocon de soie où le corps de Callie put lentement se métamorphoser...
Plus de cinquante ans d'Histoire, de guerres dans le Bosphore, dans les rues de Détroit, en Europe ou au Vietnam. Du crash de 1929 aux mouvements hippies en passant par les remous politiques tels que le Watergate.
C'est une famille qui émigre, évolue, sort de sa chrysalide, devient américaine, Amérique, son témoignage dérivé, son porte-parole agrémenté. De même que Callie qui deviendra Cal sans jamais vraiment oublier ce qu'elle fut avant d’être ce qu'elle est. Un roman multiple, élégie et comédie, sensuel, écrit sans ménagement, avec une intelligence redoutable. C'est plus qu'une histoire, c'est de la mythologie…
Les éditions
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Middlesex [Texte imprimé] Jeffey Eugenides trad. de l'anglais, États-Unis, par Marc Cholodenko
de Eugenides, Jeffrey Cholodenko, Marc (Traducteur)
Editions de l'Olivier
ISBN : 9782879293622 ; 21,30 € ; 22/08/2003 ; 679 p. ; Broché -
Middlesex
de Eugenides, Jeffrey Cholodenko, Marc (Traducteur)
Points
ISBN : 9782020669610 ; EUR 8,90 ; 18/06/2004 ; 656 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (12)
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Hermaphrodisme
Critique de Windigo (Amos, Inscrit le 11 octobre 2012, 42 ans) - 30 novembre 2020
Mutation générique
Critique de Lobe (Vaud, Inscrite le 28 juin 2011, 30 ans) - 8 mars 2019
*seulement au sens figuré, et pour le plaisir de la consonnance
Cette histoire qui traverse le temps et l'espace est tout à fait cinématographique: Jeffrey Eugenides fait valser sa caméra en de grands travellings-avant, en des loopings étourdissants; il incorpore le passé au présent, à travers un enchainement sensationnel de séquences très scénarisées (un majestueux accident de voiture, une première fois dans un chalet au cœur des bois, un amour interdit dans une chaloupe sur le pont d'un bateau, etc.).
Et ça marche, ça court, ça vole. Le lecteur-spectateur émerveillé profite des décors et des rebondissements, troublé par les grands yeux tragiques de Calliope, et par ce qui grandit en elle contre elle. En filigrane, moi j'y vois aussi un très marquant témoignage de la difficulté à faire concorder son décalage propre (nul à lui seul n'est normal, nous constitue toujours une part de "monstre", ou d'étranger, ou même seulement d'appartenance à une minorité) à un monde qui n'est jamais vraiment prêt à l'honorer.
Une vraie belle lecture, menée lentement, parfois à haute voix pour savourer l'humour et la gravité qui vont au coude à coude tout au long du livre, avec beaucoup, beaucoup de joie.
Middlesex
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 7 avril 2011
Jeffrey Eugenides possède vraiment un talent hors du commun, cette saga familiale vue au travers de Cal et/ou de Calliope est fascinante, le tout ponctué d'une histoire riche et passionnante sur laquelle je ne reviendrais pas, celle-ci étant bien résumée par les critiques précédentes.
En bref Middlesex est un roman à découvrir pour ceux qui ne l'auraient pas encore fait, il ne faut surtout pas s'arrêter au fait que le narrateur soit hermaphrodite, bien au contraire ce fait n'en rend le roman que plus intéressant.
Celà fait déjà 8 ans que ce livre a été écrit, plus que 2 années à attendre pour voir arriver le nouveau Eugenides? En espérant que l'attente ne soit pas vaine.
Une petite claque
Critique de Cbarker (, Inscrit le 14 juillet 2009, 58 ans) - 7 août 2010
Moins de 10 ans pour le prochain SVP!
Critique de Neptuna (, Inscrite le 3 avril 2007, 39 ans) - 3 avril 2007
Pour ma part, j'ai trouvé le livre tellement réaliste que je l'ai parfois confondu avec un récit.
Espérons seulement que Jeffrey Eugenides n'attende pas une autre décennie avant de nous pondre un autre succès du genre!
Middlesex
Critique de Petiteclochette (Elancourt, Inscrite le 18 août 2005, 43 ans) - 18 août 2005
Alors juste pour dire que j'ai beaucoup aimé ce livre. véritable épopée d'un être en pleine construction.
Après "Virgin suicides" Eugenides nous offre encore un magnifique roman !!!
A quand le prochain ???
Cal vs. Calliope
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 30 juin 2005
Il y a beaucoup de drames et de malheurs dans Middlesex, des malheurs que Jeffrey Eugenides rend presque lyriques, voire remplis d'humour, tant il manie la plume avec brio. Son roman ressemble à un conte, une épopée fantastique qui nous emporte au fil des périodes vécues par Stefanides et les siens.
J'ai particulièrement apprécié l'émergence d'un véritable débat entre les lignes, celui sur l'inné et l'acquis, sur l'hérédité, le destin et le libre-arbitre. Pas évident de traiter sérieusement de tels sujets dans un roman par moments rocambolesque, or Eugenides y arrive. Cette alternance entre humour et gravité est sans doute ce qui m'a convaincue de venir à bout de l'uvrage pour lequel je nourrissais certaines appréhensions. Les chroniques familiales, je les aime noires et cruelles et là, j'avais un peu peur que l'histoire d'un personnage hermaphrodite ne tourne à gaudriole. Préjugé trompeur, je le reconnais aujourd'hui volontiers. Middlesex, c'est le récit d'une différence à comprendre et à vivre, un questionnement sur la normalité et l'identité. C'est aussi la plume élégante et efficace de Jeffrey Eugenides, dans un registre certes différent de "Virgin Suicides" mais tout aussi plaisant.
un livre marquant
Critique de Mary.nana (, Inscrite le 24 mars 2005, 75 ans) - 15 mai 2005
Ce roman est un bonheur de lecture, intelligent, profond, et attachant par la personnalité des personnages que l'on finit par côtoyer comme de vieilles connaissances. On a envie de se laisser porter jusqu'au bout avec un plaisir jamais démenti.
Quelle vie !
Critique de Manu55 (João Pessoa, Inscrit le 21 janvier 2004, 51 ans) - 19 janvier 2005
Un personnage inoubliable
Critique de Nabokov (, Inscrit le 10 août 2004, 52 ans) - 10 août 2004
Une épopée hybride
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 28 juillet 2004
C'est un sujet difficile que l'on pourrait trouver glauque. Mais Eugenides trouve tout de suite le ton juste pour nous narrer cette histoire hybride : à savoir le héros Cal qui nous raconte sa vie de façon tragi-comique et touchante.
"Middlesex", lui-même est un roman hybride. Il contient au moins deux histoires à lui seul. Tout d'abord, l'histoire des grands-parents de Callie, des Grecs de Smyrne, immigrés en 1922 aux Etats-Unis, pour fuir les massacres perpétrés par les Turcs. L'arrivée à Detroit de ces deux immigrants, obligés de passer par le système D pour survivre - tripots clandestins en pleine prohibition, le travail à la chaîne dans les usines Ford, le travail de la soie dans les quartiers noirs alors que le racisme fait rage... - nous vaut des pages remplies d'émotion. Et ensuite celle de Calliope et de sa transformation.
Middlesex est donc une grande fresque, une épopée sur trois générations qui explore plusieurs thèmes et brasse plusieurs histoires. C'est aussi un livre sur toutes les formes de transformations.
Ambiguïté de genre et fresque familiale colorée
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 29 octobre 2003
Voilà un sujet de prime abord noir, mais cela ne doit pas vous rebuter. L'auteur trouve le ton juste et le récit est passionnant, par moment touchant et plein d'humour. Même si le ton est léger le sujet n'en reste pas moins grave et l'émotion est parfois présente : par exemple l’enfant obligé de masquer sa différence dans les vestiaires de son cours de sport, ou encore l’adolescent fugueur qui est battu dans un parc et traité de monstre par ses agresseurs qui s’apprêtaient à le violer et qui sont stoppés net par ce qu’ils voient. Un seul regret quand même : l’évolution de l'enfant attachant du récit vers le narrateur final du roman est un peu occultée (d'ailleurs la romance de celui-ci avec Julie n’apporte pas grand chose).
Mais pour le reste la saga de ces deux générations d’immigrants grecs est très attachante et ce livre intelligent est un vrai plaisir de lecture. Relisez la critique de Bluewitch, cela devrait suffire à vous convaincre de lire à votre tour ce « prix Pulitzer 2003 ».
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