La mort lente de Luciana B. de Guillermo Martínez

La mort lente de Luciana B. de Guillermo Martínez
(La muerte lenta de Luciana B.)

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Rotko, le 21 juillet 2014 (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans)
La note : 10 étoiles
Visites : 3 267 

rivalités amoureuse et professionnelle entre deux polardeux.

Résumé de l'éditeur :

"Dix ans ont passé depuis que le narrateur a vu Luciana B pour la dernière fois. A l’époque, il était tombé amoureux d’elle. Bien qu'elle fût la secrétaire personnelle du célèbre auteur de romans policiers Kloster, il l'avait engagée en cachette pour taper les pages de son roman.

Aujourd’hui, il ne reste plus rien de la jeune fille gaie et séduisante qu'il a connue. Que s’est-il passé ces dernières années ? Luciana se raconte : elle a vu, tour à tour, mourir la plupart de ses proches ? [...] Luciana vit à présent dans la terreur"

Citation du narrateur, l'auteur de polar qui prend la défense de Luciana B.

« Il y a des fois dans la vie, de rares fois, où l’on perçoit le tournant fatal, vertigineux, qu’un acte dérisoire peut provoquer. Le désastre qui nous menace à la suite d’ une décision banale.

Ce soir-là je savais par-dessus tout que je ne devais pas l’écouter davantage. Et pourtant, comme incapable de résister à la force d’inertie et de compassion, ou des bonnes manières je me levai et la suivis dans la rue. »

Ce moment fatal pour le narrateur est paradoxalement un début de plaisir pour le lecteur qui va se trouver confronté à la rivalité de deux auteurs de polars, - le narrateur que Luciana appelle à son secours, et Kluster, le célèbre auteur de polars, devenu l'ennemi de Luciana B., et aux versions différentes des malheurs de Luciana B.

Le narrateur nous fait sentir le plaisir sensuel de travailler avec une jeune fille agréable à regarder, à fixer le regard sur sa nuque, à imaginer des interprétations de certaines attitudes jugées ambiguës, à se focaliser sur un aperçu de lingerie.

Les romanciers sont si imaginatifs !

Bref, le lecteur est embarqué, d’autant que la juxtaposition de la détresse actuelle de Luciana B et de sa fraîcheur passée nous intrigue, et même nous émeut.

Il s'agit donc de savoir qui dit vrai : Luciana B, victime, est-elle atteinte de la maladie de la persécution, Kloster, expert en intrigues meurtrières, est-il le bourreau de Luciana ? Comme le narrateur, on mène l'enquête.

Pour moi ce livre soulève la question du narrateur ambigu et des versions contradictoires.

Martinez remet en question la fiabilité du narrateur et oblige le lecteur à un peu de méthode.

D’une manière générale, je me pose toujours la question :
- « qui est la vraie victime ? »,
et à propos du présumé coupable,
-« avait-il un mobile ? ».

Cette question du narrateur ambigu est explicitement soulevée par Kloster, l’accusé, présumé responsable des malheurs successifs de Luciana B. Ses éventuels mobiles seront évidents pour le lecteur.

Quels sont les rapports entre Kloster et le narrateur ? ils sont de deux ordres : rivalité amoureuse, et rivalité littéraire.

- Kloster, s’il était coupable, aurait deux défis à relever : abuser le public et la police, lui l’auteur d’intrigues criminelles compliquées : sur le papier c’est toujours facile d’imaginer un assassin tout-puissant, et assuré de l’impunité. Mais qu’en est-il dans la vraie vie, avec de véritables assassinats ?

- Le deuxième défi du présumé criminel est d’affronter un enquêteur de talent, (thème fréquent dans littérature policière cf. Maurice Leblanc : Arsène lupin contre Herlock Sholmes, ou dans l'oeuvre de Conan Doyle, Sherlock Holmes contre Moriarty), en l’occurrence le narrateur, lui aussi expert, croit-il, en affaires criminelles imaginaires.

Le fin du fin pour Kloster serait de mettre la vérité sous les yeux de son rival, comme dans "la lettre volée" d’Edgar Poe, sans qu’il sorte de son aveuglement.

Un livre remarquable, à tout point de vue

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Les éditions

  • La mort lente de Luciana B. [Texte imprimé], roman Guillermo Martínez traduit de l'espagnol (Argentine) par Eduardo Jiménez
    de Martínez, Guillermo Jimenez, Édouard (Traducteur)
    R. Laffont / Bibliothèque Pavillons
    ISBN : 9782221124277 ; 5,87 € ; 06/01/2011 ; 256 p. ; Broché
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