La coïncidence de Fulvio Caccia

La coïncidence de Fulvio Caccia

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 17 juillet 2014 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 10 étoiles
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Le Rubicon qui sépare les sexes

Marlon Brando dans Le Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci s’amourache d’un jeune bourgeoise venue louer un appartement, mais que le secret de leur identité sépare. À moins d’être un César, nous subissons en silence la distance que le Rubicon maintient entre les sexes. Notre incapacité d’établir des rapprochements harmonieux génère souvent des drames qui se dénouent dans le sang. La tuerie survenue le 6 décembre 1989 à l’École polytechnique de Montréal en est une illustration éloquente. Fulvio Caccia s’est penché sur cet événement pour faire ressortir le mécanisme à l’origine de cette folie meurtrière qui s’est tournée contre quatorze étudiantes.

Pour creuser ce fatum digne des tragédies grecques, l’auteur exile à Paris la jeune Leila, qui connaîtra Jonathan en sous-louant son appartement. Le premier volet du diptyque présente très longuement, trop même, des protagonistes attirés l’un par l’autre sans savoir qu’ils ont vécu en fait un drame commun. Tous deux viennent de Ramontel (anagramme de Montréal). Ils s’isolent dans la Ville lumière pour panser leurs blessures. L’ailleurs n’est pas la panacée des cœurs éclopés. Ce cataplasme est inapte à apaiser la douleur du deuil que les héros portent comme un boulet. Leur communion pourrait peut-être vaincre les réticences qui les tiennent à l’écart de l’autre sexe. Mais hélas, ils continuent de faire tourner la roue de la violence en se précipitant vers un dénouement tragique pour résoudre la différence. Dans ce contexte d’aberration, la mort leur apparaît comme l’unique solution aux maux de l’âme.

L’auteur sert une mise en garde contre les agents perturbateurs qui fourbissent les armes des ténèbres. Cette vision manichéenne est rendue avec une écriture toute simple, mais elle diffère entièrement au second volet. Comme un dramaturge, Fulvio Caccia laisse tomber le narrateur anonyme au profit d’un « je » pour que tombent les masques qui interdisaient jusque-là l’accomplissement d’un sombre destin. Bref, c'est du grand art.

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