L'Exception de Auður Ava Ólafsdóttir
(Undantekningin)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Alud, le 10 juillet 2014 (Inscrite le 19 janvier 2009, 47 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 172ème position).
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L'exception islandaise

Les héroïnes (encore que le mot soit particulièrement mal choisi pour les romans dont je vais parler puisque, justement, ce ne sont jamais des "héroïnes") des romans de Claudie Gallay, Sigur Ava Olafsdottir et Laurie Colwin (si vous n'avez jamais lu Laurie Colwin, abandonnez toutes vos tâches en cours et précipitez-vous à la bibliothèque ou à la librairie la plus proche. Ce sont des romans légers, graves, drôles, à la "Sagan", des romans intimes qui parlent précisément de nous et font respirer l'air du temps ...Impossible de conseiller un titre, ils sont tous excellents!) ont en commun une opacité qui résiste toujours au lecteur.

On ne sait pas ce qu'elles ressentent vraiment, ni ce qu'elles sont. Personnages un peu stoïciens, elles ne se révoltent jamais sur ce qu'elles ne peuvent changer, elles assument leur quotidien, font ce qu'elles doivent faire. Elles ne s'apitoient jamais sur elles-mêmes et ne revendiquent aucune position morale pour elles ou pour les autres. Elles sont en prise directe avec le réel.

J'aime donc, beaucoup Maria, le personnage principal de "L'exception" d'Audur Ava Olafsdottir. Quittée par Floki, qui choisit de faire son "coming out" à la veille du nouvel an, en lui avouant qu'il est amoureux de son collègue de travail, elle va devoir relire son histoire à la lumière de la bisexualité de son mari et s'occuper de leurs jumeaux de deux ans. Elle souffre, bien sûr, mais sans pleurs et sans hystérie. Elle ne condamne pas celui qui veut, enfin, vivre en accord avec lui-même et qui lui dit, non sans un peu d'ironie, il me semble, "tu resteras toujours la femme de ma vie". Elle est sans orgueil et sans fierté.

L'auteur explore, principalement, le thème de la filiation, puisque Maria va, aussi, rencontrer son père biologique qui avait disparu de sa vie et comprendre qu'on peut être père ou mère en ne renonçant pas à la vérité de ce que nous sommes.

C'est un roman qui tient du "design" nordique, attentif à la forme, épuré et ancré dans le réel. Cependant, cette fois-ci, (mais, je n'ai lu d'elle que Rosa Candida) Audur Ava Olafsdottir introduit une dimension humoristique avec Perla, la voisine de Maria, naine, psychothérapeute et nègre pour un auteur de polars, qui contraste avec l'austérité un peu froide du récit et donne de la fantaisie et de la couleur à l'hiver islandais.

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Réflexion sur notre identité

5 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 48 ans) - 3 avril 2015

Comme le dit Alud dans sa critique, la filiation et le rapport homme-femme sont décidément des thèmes récurrents chers à Auður Ava Ólafsdóttir. Une certaine solitude du personnage principal, propre à son introspection, la place importante faite aux enfants, un univers doux et poétique, une réflexion sur notre identité (biologique, sexuel, philosophique) : ce sont également les marques de fabrique des récits de l’islandaise.

Ses deux premiers romans, Rosa Candida et L’Embellie, était ma foi fort plaisant, mais manquait un peu de profondeur et de rythme à mon goût. On ne peut pas vraiment dire que L’Exception amène réellement une rupture sur ce plan-là, mais la cadence de la narration m’a semblé gagner en maîtrise et en équilibre, au moins dans la première partie du roman. Il est presque dommage par contre que la fin du livre se laisse emporter par la présence du père biologique de l’héroïne, un peu au détriment des autres personnages secondaires de l’histoire.

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