Amour incestueux

L’Homme rapaillé de Gaston Miron chante l’espoir du Québec tandis que ce roman cerne le désespoir de l’homme éparpillé. Désespoir d’avoir perdu une sœur, qui s’est lancée dans le fleuve du haut d’un pont. Tenter de ramasser les miettes de Georgie ne sera pas suffisant pour libérer le héros de son deuil.

La folie l’habitera assez pour que sa mère le fasse interner dans un institut psychiatrique. Fou comme Folle de Nelly Arcan, il ne peut accepter la rupture alors que les joies de vivre planaient sur un destin amoché, mais tout de même un destin dont il s’accommodait d’autant plus qu’il entretenait avec sa sœur protectrice un amour tout aussi fou. Un amour incestueux avec une « fille de verre », une putain en fait, qui a fait faux bond à son frère en se suicidant.

Pour s’en sortir, le héros fait le post mortem de cette fusion qui l’élevait au-dessus de la mêlée. Du haut d’un orme, Georgie l’invitait à la rejoindre pour ne pas se laisser cerner par l’enceinte de leur univers. Main dans la main, elle lui apprenait à connaître la ville avec le port et les clochards qu’elle gratifiait de ses deniers. Voire même l’emmener chez son amant Tomasz, hanté par les camps nazis, où sont morts ses parents. Amant fidèle, qui lui ouvrira finalement la porte du salut grâce à l’écriture.

Oeuvre parcourue par un vent poétique, qui chasse l’accessoire au profit de l’essentiel. Finesse d’une écriture toute personnelle et d’une efficacité maximale pour donner du relief à ce puzzle des liens fraternels. Avec ce roman, Anne Guilbault relance une thématique qui lui est chère, soit celle d’une enfance stigmatisée par le manque.

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  Joies

  de Guilbault, Anne
  XYZ
  ISBN : 9782892615425 ; 18,44 € ; 01/02/2009 ; 102 p. ; Broché

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