La fin du rêve socialiste de Gérard Belloin

La fin du rêve socialiste de Gérard Belloin

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités , Sciences humaines et exactes => Histoire , Sciences humaines et exactes => Essais

Critiqué par JulesRomans, le 3 septembre 2014 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 66 ans)
La note : 8 étoiles
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La lecture c’est une façon de s'organiser face aux livres, afin de ne pas se laisser submerger par eux, le socialisme et le capitalisme sont dans le même rapport

L’ouvrage "La fin du rêve socialiste" est une histoire du mouvement ouvrier, c’est-à-dire des courants socialistes et communistes depuis la publication des droits de l’homme et Babeuf considérés comme deux des socles des idées de justice sociale. Afin de répondre aux perspectives d’avenir de ces dernières, l’auteur propose un chapitre intitulé "Penser un après".

Commençons par cette fin, où l’auteur pointe que si les réformistes d’autrefois pensaient que chaque réforme était une marche devant conduire au socialisme, aujourd’hui ils acceptent le système capitaliste comme incontournable et offrent un prétendu socialisme qui demande aux salariés de s’adapter aux exigences de l’économie. Il interroge le despotisme publicitaire qui sévit et termine sa réflexion autour d’écrits de Tocqueville et André Gorz. De ce dernier, il retient entre autre ces deux phrases:

« Les économistes, les gouvernements, les hommes d’affaires réclament la croissance en soi sans jamais en définir la finalité. Ce qui les intéresse, c’est l’augmentation du PIB, c’est-à-dire l’augmentation de l’argent échangé, de la quantité de marchandises échangées et vendues au cours d’une année, quelles que soient ces marchandises » (page 269)

En gros l’auteur de "La fin du rêve socialiste" accepte la mort du socialisme en tant qu’idéologie porteuse des combats des classes populaires, mais pour lui :

« On peut fonder un optimisme raisonné sur la multiplication des travaux qui explorent les voies d’un monde respectueux de l’homme et de la nature et le foisonnement des initiatives citoyennes qui les expérimentent. L’impératif de sauvegarder la planète confère à ces recherches d’un "après" le caractère d’une urgence nécessité » (page 271)

Dans le chapitre précédent qui a pour nom "Penser un après", Gérard Belloin réfléchit en particulier tant sur la dissolution de la classe ouvrière, la peur du déclassement et le consumérisme des années 1980 à nos jours.

On précisera que dans "La fin du rêve socialiste" ni le courant radical, qui n’a plus que quelques éléments progressistes dans ses rangs à partir des années 1930 et qui s’étiole (pour finir en deux branches en 1972), ni l’extrême-gauche n’ont leur place dans ce livre. C’est cohérent d’ailleurs car on désire ici évoquer les forces qui ont pu peser réellement sur la longue durée en France dans l’évolution de la société, même si on n’oublie pas de pointer (comme en 1968) les moments où des militants révolutionnaires jouent un rôle non négligeable dans l’amorce de changements.

L’auteur a été en particulier directeur de l’école des cadres du PCF et lors d’un débat il avait bien pointé que Georges Marchais n’était jamais passé par là (c'est uniquement la CGT qui l'a formé et des méchants ajouteraient M...). Outre d’avoir été le fossoyeur du PCF en général, Georges Marchais fut responsable du courageux départ du PCF de Gérard Belloin en 1980, un homme à qui on doit deux autres ouvrages dont "Mémoire d’un fils de paysan entré en communisme" où il conte que dans sa Touraine de l’Entre-deux-guerres, il était un lecteur des "Pieds-nickelés". Des personnages d’histoires en images qui contestaient fort l’ordre établi…

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