Les Sirènes de Zicatela de Claude Vaillancourt

Les Sirènes de Zicatela de Claude Vaillancourt

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 1 juillet 2014 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 6 étoiles
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Bavure policière

Ce roman n’est pas sans rappeler la mort de Freddy Villanueva survenue en 2008 alors que le jeune Hondurien, pas encore naturalisé, fut abattu par l’agent Lapointe lors d’une intervention policière. Même les circonstances entourant cet assassinat sont presque similaires à celles de Farid Abdoul, la victime dans Les Sirènes de Zicatela. Les deux immigrants ont perdu la vie dans un parc du nord de la ville de Montréal et non au Mexique comme le titre le laisse entendre en évoquant la plage de Zicatela.

Pour une raison que l’auteur a cru bon de ne pas révéler, une poursuite policière se termine en plein milieu de la nuit alors que l’on met la main au collet d’un jeune homme à qui on fait subir le supplice de la strangulation suite à la furie de l’un des policiers. « On l’a tué, tabarnac » est le commentaire émis par la brigade. L’aventure vient de tourner au vinaigre, d’autant plus qu’une femme, qui se soulage curieusement dans le dit parc, est témoin de l’incident qu’elle filme avec son bidule électronique.

La mise en bouche est plus ou moins crédible. Tout de même, l’amorce enclenchée, la trame défile à un rythme infernal. Un comité de citoyens, présidé par Julien Laliberté, un travailleur social, s’organise aussitôt pour dénoncer les méthodes de la police dans cette affaire. Cette dernière est d’autant plus coupable en laissant croire que Farid Abdoul soit décédé d’une crise cardiaque. L’autopsie révèle plutôt que la cause du décès est attribuable à un étranglement. Avec ce démenti, il est facile pour Julien d’ameuter les médias, voire de recevoir l’appui tacite de sa tante, une néolibérale influente qui enseigne à l’université. Dans ce contexte, l’auteur du meurtre ne peut qu’espérer que l’on en vienne à oublier l’incident, mais on ne glisse pas aisément un mort sous le tapis quand une enquête est mise sur pied afin d’examiner s’il y a lieu de porter une accusation de meurtre.

Il ne s’agit pas d’un polar. L’auteur scrute le travail des gardiens de l’ordre sous tous ses angles. Outre les méthodes, il examine les relations qu’ils entretiennent entre eux et avec leur famille. En somme, il trace un tableau assez complet du corps policier. À ce volet, le plus étoffé du roman, s’ajoute la personnalité bien campée de chacun des personnages.

Le sujet est bien traité, et la structure qui le supporte est solide. Ce roman s’adresse à un vaste public que guide un narrateur omniscient, soucieux d’éviter que naisse une quelconque interprétation personnelle. Tout est bien casé. C’est donc une œuvre peu originale dans sa facture, mais c’est instructif, voire pédagogique. Malgré ses trois cents pages, il est curieux que l’auteur n’ait attaché aucune importance à la victime. Qui est ce Farid Abdoul ? A-t-il été victime du profilage racial ? Ces points restent en suspens. À ce bémol s’ajoute la faiblesse du volet amoureux de l’œuvre. Mais tout de même, c’est un roman qui mérite d’être lu parce qu’il est rare d’apprécier des coulisses l’expertise policière.

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