En mer de Toine Heijmans
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
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Le père et la mer
Toine Heijmans est un journaliste hollandais. Après quelques ouvrages professionnels, voici son premier roman : En mer. Couronné du Médicis étranger, ben ça alors. Et tous les blogs en parlent.
Alors on se méfie un peu du roman facile à la mode mais on essaye quand même, on commence d'abord par l'extrait numérique ebook des premières pages et puis on clique vite sur acheter la suite car dès les premières pages on a lu, on a vu, que le journaleux écrivait plutôt bien. Et même très bien.
L'histoire d'un homme, l'histoire d'un père. Visiblement pas très à l'aise, pas tout à fait à sa place, dans son rôle social, de mari, de père ... Pas mal dépressif le gars. Il a pris un congé sabbatique et est parti faire un tour en mer de quelques mois. Il revient au port et pour la dernière étape, il a embarqué sa fille Maria qui était venue le rejoindre. Reste plus que deux jours de mer avant la dernière escale.
Mais dès les premières pages, on sent que ça va très très mal se passer. D'ailleurs il le dit !
[...] Jusqu’à présent tout s’était bien passé, et tout allait bien se passer.
Il part en vrille le bonhomme. Dépressif, ça on a dit. Maniaque et un brin obsessionnel aussi. Avec sa fille Maria, il veut bien faire. Prouver à la face du monde en général et à celle de son épouse Hagar en particulier qu'il est un bon père, un bon mari, un homme responsable, un bon gars bien à sa place dans la société. Une obsession qui rappelle un peu celles de David Vann.
Sauf que, on est déjà presque arrivés au port et la petite Maria n'est plus sur le bateau. Et maintenant c'est presque le vent d'hiver de Laura Kasischke qui souffle sur la mer du nord.
Mais Toine Heijmans se démarque habilement de ces ombres menaçantes qu'auraient pu représenter D. Vann et L. Kasischke. D'abord par son écriture, minimaliste, obsessionnelle qui traduit à merveille les raisonnements morbides de son personnage. Juste assez proche pour qu'on s'y identifie avec un peu d'empathie, juste assez tordu pour nous emmener avec lui au fond des eaux du nord.
Et puis y'a l'histoire de ce gars dont visiblement les plombs ont sauté : pression sociale, professionnelle, familiale, ... notre société moderne est sans pitié. Un véritable rouleau compresseur. Tout comme les vagues de la mer sans état d'âme. Et malheur à celui qui ne garde pas la tête hors de l'eau.
Bien sûr on comprend assez vite où est passée la petite Maria mais Toine Heijmans réussit à nous sortir une fin étonnante, pleine d'empathie tragique pour son personnage.
150 pages, denses, ramassées qui vont droit à l'essentiel, sans varier de cap.
Ces quelques pages sur un homme qui part en vrille, un père, un mec broyé par la pression sociale, professionnelle, familiale, ces pages semblent également trouver un écho chez les filles puisque beaucoup de blogueuses en parlent.
Les éditions
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En mer
de Heijmans, Toine Losman, Danielle (Traducteur)
Christian Bourgois
ISBN : 9782267025286 ; 15,00 € ; 29/08/2013 ; 155 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (4)
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Des qualités, mais on s’emmer** un peu quand même…
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 12 mai 2019
On ne dévoilera pas le dénouement, mais force est de constater que si le passage où la fille de Donald disparaît du bateau nous donne quelques frissons, le reste de l’œuvre manque quelque peu de piquant et qu’on n’en retient pas grand-chose. La plus grande partie du roman nous fait partager le petit coup de déprime et les états d’âme du monsieur, par ailleurs narrateur, en une sorte de dialogue permanent avec les éléments, ce qui reste crédible et pourrait même relever d’un certain intérêt, mais globalement c’est l’ennui qui domine sur cette mer d’huile.
"les gens sont bizarres" !
Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 25 septembre 2014
la lecture est très prenante et le lecteur se demande sans cesse ce qui va arriver. D’autant plus que, sans trop forcer le trait, l’auteur accumule des indices de mauvais augure.
Pourtant, avec un minimum de recul, on s’étonne qu’ après un épisode crucial dont on aimerait savoir l’issue, le récit s’attarde sur le rappel de moments heureux du passé, quand le présent s’avère si angoissant.
Cette construction fait durer le plaisir ou du moins l’attente, et manifeste une volonté de faire durer les interrogations et les inquiétudes,
Surgit alors l’idée que l’auteur d’ « En mer » nous mène en bateau ;-)
A d’autres moments, on attendrait un montage alterné entre la terre et la mer, entre qui vit l’aventure maritime et qui attend au port. On n’échappe donc pas à des doublons comme l’échange des SMS entre l’expéditeur et la destinataire .
Ceci dit, la petite fille parle comme une petite fille, juste à point pour nous émouvoir par ses questions ou attitudes naïves.
Elle a ouvert une des petites armoires de la cabine en a sorti son matériel de dessin et a dessiné une baleine, main dans la main avec Papa, et elle s’est dessinée elle-même, main dans la main avec maman. Elle était assise, penchée sur la table à cartes, avec ses feutres et ses crayons. Ma fille. Avec ses tresses.
J’ai aussi apprécié des scènes où la navigateur décrit des scènes somnambuliques, à la limite du cauchemar paralysant. Non seulement c’est vraisemblable, mais conforme au personnage principal.
Bien sûr, on a droit à des péripéties de dernière minute, ou des révélations « des gens bizarres ».
Conclusion : Comme dit le gardien de phare "nous rencontrons beaucoup de types bizarres ici, les gens ne réfléchissent pas"
Efficace
Critique de Donatien (vilvorde, Inscrit le 14 août 2004, 81 ans) - 24 septembre 2014
C'est franchement bien écrit, bien composé. Le suspense vraiment bien entretenu, l'atmosphère angoissante bien distillée donnent comme résultat ce petit cauchemar oppressant.
D'autre part, il devrait être lu par tous les amateurs de voile en solitaire afin qu'ils ne se lancent pas dans n'importe quelle aventure même très proche des côtes!
Beau travail, écrivain à suivre.
A+
Le quart du chien.
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 23 septembre 2014
Qui lira ce livre saura ce qu'est le quart du chien. Tous les marins le savent. En langage terrestre ça pourrait se comparer à "l'heure bleue". Dans le vocabulaire de la mer ça pourrait être souffrance, peur, moment de prédilection des vagues scélérates... les pires, celles qui surgissent au moment où la vigilance s'éteint juste un peu.
Quand on ne dort pas le corps encaisse une énorme dose de quelque chose, comme si on était drogué. Tout est rationnel mais on n'est pas rationnel sans qu'on s'aperçoive qu'on est devenu aveugle.
Dans ce petit livre de 156 pages, traduit du néerlandais sans un mot de trop. Le lecteur aura le plaisir d'une jolie histoire qui vire au naufrage... mais lequel ?
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