Les New-Yorkaises de Edith Wharton

Les New-Yorkaises de Edith Wharton
( Twilight sleep)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Saule, le 17 septembre 2003 (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 457ème position).
Visites : 9 132  (depuis Novembre 2007)

Une très grande dame

Un régal ce roman d'Edith Wharton, publié en 1927 et directement devenu un best-seller en Amérique. Une fresque sociale, familiale et sentimentale plutôt caustique qui se déroule dans un cadre délicieusement rétro : la haute société new-yorkaise au début du 19ème siècle. Edith Wharton connaissait bien ce monde, étant issue d'une grande famille New-Yorkaise, dans une famille riche mais un milieu où elle connaîtra certaines désillusions. Signalons aussi que Wharton est la première femme à avoir eu le Pulitzer, c'était en 1921 pour "Le temps de l'innocence". Elle a un sens de la formule épatant, accompagné d'un humour féroce qui se prête bien à la satire et un don évident pour créer des personnages et des situations. Je pense d'ailleurs que tous les amateurs d'humour anglais, style Angela Huth ou autres trouveront leur bonheur chez cette grande dame.

L'histoire est centrée sur la famille Manford, une très riche famille de la noblesse New-Yorkaise. En particulier sur Pauline, la mère, une femme énergique et pleine de bonne volonté mais également frénétique (aujourd'hui on dit speedée), frivole et par moment carrément névrotique : elle passe son temps à organiser des soupers brillants, présider des comités de bienveillance, faire un discours une fois pour le comité de contrôle des naissances et le jour suivant pour le comité de soutien des mères au foyer, sans se soucier des contradictions entre les deux discours. Elle croit pourvoir organiser le bonheur de chacun avec son portefeuille et sa bonne volonté, elle pense qu'il suffit de nier les problèmes pour qu'ils disparaissent. Et quand ça va mal, elle se tourne vers le dernier maître spirituel à la mode ou autre guru extravagant. Il faudrait parler aussi de sa fille Mona, lucide et délicieuse jeune fille emprisonnée dans les conventions du milieu, du père de famille, un avocat qui tente de croire qu'un travail acharné pourra remplir le vide de son existence. Et surtout la (très) belle-fille, celle qui va semer le trouble.

Ce roman, qui dépeint une quête frénétique voire névrotique de sens, cette saga familiale doublée d'une attaque féroce d'un certain mode de vie creux et de pacotille, est un véritable régal. Le type même du roman où on s'abandonne à l'ambiance, aux gens qui le peuplent, et qu'on termine à regret en se disant que heureusement il reste d'autres romans à lire de cette grande dame.

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Les éditions

  • Les New-Yorkaises [Texte imprimé] Edith Wharton trad. de l'anglais par Jean Pavans
    de Wharton, Edith Pavans, Jean (Traducteur)
    J'ai lu / J'ai lu
    ISBN : 9782290311462 ; 7,10 € ; 01/06/2001 ; 318 p. ; Poche
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Excellent et belle découverte

10 étoiles

Critique de Norway (Entre le Rhin, la Méditerranée et les Alpes !, Inscrite le 7 septembre 2004, 49 ans) - 5 janvier 2011

Je suis heureuse d'avoir découvert cet auteur américain. L'histoire est passionnante, pas de temps mort, c'est absolument merveilleux ! De plus, les personnages sont bien campés et évoluent tout au long du récit.

Pas franchement inoubliable

5 étoiles

Critique de Emjy (, Inscrite le 9 mars 2006, 41 ans) - 14 avril 2006

J'aime la littérature anglophone général et la peinture des moeurs en particulier, il me fallait donc à tout prix découvrir Edith Wharton, l'un des auteurs les plus prisés et les plus doués de son époque. Ce roman paru en 1927, nous brosse ici le portrait d'une famille issue de l'aristocratie New-Yorkaise, pendant les années folles (période intéressante s'il en est). Edith Wharton a sans doute souhaité souligner la superficialité de cette classe privilégiée, qui ne cesse de jongler entre autosatisfaction, et mondanités. Le personnage de la mère, Pauline, est intéressant et vu de manière plutôt ironique. Elle déploie une énergie absolument débordante pour mener tout à bien, ne supporte pas l'inactivité, et voudrait que le monde soit comme elle le désire: policé, harmonieux, sans mauvaises surprises, et régi par une stricte et soigneuse organisation. Cependant, Edith Wharton nous montre que sous cet aspect tranquille et convenu, se cache finalement une sorte de bouillonnement intérieur qui peine à se refréner. Pauline, malgré son immense besoin de tout contrôler et de tout harmoniser, ne semble pas voir que sa fille, Nora, est plus taciturne que d'habitude. En effet, cette-dernière est mal remise d'un amour malheureux. Pauline ne voit pas non plus que son mari s'ennuie, et qu'il aimerait fuir toutes ces obligations mondaines qui l'ennuient. Il étouffe dans le carcan que veut lui imposer sa femme et se fiche royalement de tous les nouveaux merveilleux arrangements de leur propriété de campagne que celle-ci veut lui faire découvrir. Et pour ne rien arranger, il semble être attiré par Lisa, sa belle-fille.
En bref, l'auteur insiste sur le fait que les apparences sont toujours trompeuses et que toute famille, aussi propre sur elle qu'elle peut l'être, peut avoir des secrets bien enfouis. Car c'est bien d'hypocrisie qu'il s'agit avant tout ici. De plus, elle dénonce la philanthropie feinte et la spiritualité de bazar (Pauline passe d'un gourou à l'autre et on en vient à se demander lequel d'entre eux est le plus charlatan!)
Pauline conjure le bonheur mais n'en obtient finalement que l'apparence.
Un roman essentiellement centré sur des personnages féminins (comme le laisse à penser le titre), écrit de manière acerbe - sans être féroce- et cynique.
Un roman qui peut s'avérer réjouissant mais qui ne m'a pas non plus passionnée. C'est bien sûr une question de subjectivité et de perception mais j'aurais aimé avoir une description plus étoffée de certains personnages, de leurs attentes, de leurs troubles (le personnage de Nona m'intéressait particulièrement par exemple, j'aurais aimé que l'auteur ait sur elle un regard plus profond). Mais cette dimension qui m'a quelque peu manquée ne devait certainement pas être l'objectif littéraire d'Edith Wharton.

Toujours d'actualité...

9 étoiles

Critique de Cecil (, Inscrite le 26 janvier 2006, 45 ans) - 15 mars 2006

Dans cette description désillusionnée de la haute bourgeoisie new-yorkaise, j'ai retrouvé certains échos du malaise d'une certaine jeunesse revenue de tout, blasée au dernier degré, étourdie de sa propre vacuité... C'est un roman d'une intense modernité qu'Edith Wharton nous donne à lire. Pour moi, l'auteur se reconnait dans le personnage de Nona, jeune fille gâtée, paumée, qui à 19 ans n'attend plus rien de la vie, pas même l'amour. Elle cache son propre malaise par un humour corrosif et une bonne dose de cynisme...
Un chef d'oeuvre qui, une fois le roman achevé, vous fait apprécier les petits bonheurs de la vie.

Charmée

9 étoiles

Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 12 septembre 2005


Tout début du 20° siècle, à New-York, Pauline Manford est une maîtresse de maison à l’emploi du temps verrouillé : Tout a son heure d’exécution, du massage facial aux rendez-vous programmés même avec sa fille ou son mari. Les mondanités qu’elle organise lui sont de perpétuelles sources de tension, contre laquelle elle lutte par l’entremise de divers guru tous plus farfelus les uns que les autres.
Ce n’est pas inopiné si le roman commence par un portrait de Pauline, avant de s’ouvrir sur le reste des protagonistes, car effectivement tout tourne autour d’elle, malgré son aveuglement volontaire, jamais elle n’est réellement dupe de ce qui se passe. Simplement, il est tout à fait inconcevable pour elle de donner une réalité à quelque élément que ce soit qui ne serait pas concret.
Pourtant, tous les éléments sont réunis pour faire vaciller le monde de Pauline, un mari qui s’amourache de sa belle-fille, un fils éperdu d’amour non partagé, une fille qui se désespère profondément, un ex-mari qui se noie dans l’alcool, sans compter une cousine par alliance qui ne cesse de quémander…
Je ne saurais dire quel est l’élément le plus réjouissant tout au long des pages, tant l’évocation des travers d’une époque est merveilleusement réussie, sans occulter aucunement l’authenticité des personnages.
Edith Wharton possède une grâce immatérielle, qui lui permet de suggérer sans dire, d’évoquer sous l’action, et c’est forcément un grand moment de plaisir qu’elle nous offre : Je suis charmée.

Les New Yorkaises (Edith Wharton)

10 étoiles

Critique de Janemona (, Inscrite le 9 avril 2005, 79 ans) - 13 mai 2005

Edith Wharton est morte en 1937, mais j'ai trouvé son roman, découvert par hasard un jour où j'avais envie d'essayer "autre chose, prodigieusement moderne.
Son style est riche et léger à la fois, au service d'un humour pétillant et cruel qui fait que ce roman se lit d'une seule traite, comme on vide d'un trait une coupe de bon champagne bien frappé .
L'histoire se situe à New York à la fin du XIX° siècle. Elle décrit la vie d'une famille de la grande bourgeoisie, et touche à de nombreux thèmes, particulièrement à celui de l'inceste, traité avec une grande délicatesse, par touches légères très impressionnistes: en effet, le sens se dégage des façons d'agir des personnages parfois même à leur insu (et comme ils se mentent bien aussi!!). Il y a beaucoup de non-dit, rien qui pèse ou qui pose. Edith Wharton nous donne à voir et à comprendre des personnages que leur éducation rigoriste a conduits à occulter à leurs propres yeux ce qui n'est pas dans la droite ligne de ce qu'il est bienséant ou malséant de dire ou de penser.
Mais ce n'est pas "l'histoire" qui m'a le plus captivée. J'ai été séduite par cette écriture si efficace, fluide et précise à la fois, avec des petits moments de poésie mélancolique qui vous prennent au dépourvu. Edith Wharton aimait la poésie et s'y est essayée dans son jeune temps; mais si les problèmes de versification l'ont un peu rebutée, Son goût poétique et sa sensibilité s'épanouissent en toute liberté dans ses romans.
Ce qui m'a également étonnée et ravie dans ce roman, c'est la description drôle et féroce des moeurs de cette classe sociale. Edith Wharton nous présente une galerie de portraits d'une grande richesse, passant avec une parfaite aisance de la caricature hilarante à l'esquisse délicate, le tout non dénué de tendresse pour ce monde qui fut le sien.
J'ai pensé au cours de ma lecture à madame de Sévigné, à Voltaire parfois, à Woody Allen souvent...
Je vous parlais de la modernité de ce roman, car je suis restée saisie par ce dénouement qui n'en est pas vraiment un, qui survient après une sorte d'éclipse au cours de laquelle on s'est un peu demandé où étaient passés nos personnages, ce qu'ils avaient bien pu faire...Cette fin est une attente, avec le merveilleux personnage de Nona qui préfigure la jeune femme moderne de ce siècle qui va s'ouvrir, celle qui voudra assumer ses différences face aux diktats sociaux. Nona est brisée, mais libre, parce qu'elle préfère la solitude au choix que lui offre la société et qui n'est pas celui de son coeur.

La tentation d’Eve à Big Apple...

8 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 27 février 2004

Comme le titre l’indique, ce sont les femmes qui provoquent tout dans ce livre. Pauline Manford a un emploi du temps effréné réglé de demi-heure en demi-heure, enchaînant réunions mondaines, préoccupations pseudo-caritatives, coiffeur, ex-mari et guru hors prix. Sa fille, plus posée, plus naturelle, se tracasse pour le bien-être des autres, à commencer par celui de son demi-frère dont l’épouse, Lita, véritable papillon qui cherche toujours à être le centre de l’attention, pourrait bien le quitter tant elle s’ennuie dans sa vie de couple. Toute la famille va se serrer les coudes, les hommes y compris, et tout faire pour que Lita ne divorce pas. Une conjuration au bonheur, en quelque sorte… Sauf que…

Edith Wharton place ses pions en virtuose de l’échiquier et le lecteur pressent qu’entre la dictature de l’agenda de la mère, l’attention protectrice de la fille et la frivolité de la belle-fille, il n’y a pas de place pour la sérénité et le calme! Sa plume gentiment nous chatouille la plante des pieds, nous faisant sourire par moments, grincer des dents à d’autres.

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