Les belles images de Simone de Beauvoir
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Ces liens familiaux qui nous lient tant...
Au début, je ne comprenais rien du tout.
Et puis le livre m'a (trans)portée...
Un ton très léger, à la fois personnel et impersonnel : parfois, la narration se fait à la première personne, parfois c'est l'oeil extérieur de l'écrivain qui nous raconte cette jolie histoire qui explore les rapports parents-enfants articulés autour de personnages dans lesquels on peut tous se retrouver.
Un roman étonnant de par son réalisme, sa simplicité.
Un roman qui nous mène d'un seul coup d'un seul jusqu'à la dernière page...
Les éditions
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Les Belles images [Texte imprimé] Simone de Beauvoir
de Beauvoir, Simone de
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070362431 ; 6,90 € ; 07/11/1972 ; 183 p. ; Poche
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"Tous ces mots qu'on dit !"
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 19 mars 2010
Etrange technique : l’auteur parle de son personnage de l’extérieur ET de l’intérieur : elle est l'auteur qui affuble son personnage d'un nom, mais elle est le personnage aussi : entre le "elle" et le "je". Simple jeu d’écrivain ? Non, elle est bien elle-même en même temps que celle qui observe. Comme nous tous.
Et nous n’épuisons pas notre moi d'observateur-observé avant de n’être plus rien.
Si on les contemple avec le recul de la conscience, qui submerge et perturbe, les scènes de la vie ne sont plus que des « belles images ».
Le personnage de Laurence prend ses distances d'avec les autres, mais n’en est pas forcément pour cela plus progressiste. Lorsque l’amie de sa fille décrit le malheur de ces jeunes femmes qui, toute la journée, déposent des ronds de carottes sur des filets de hareng., Laurence répond que leur malheur n’est peut-être pas si grand car elles ont été « élevées autrement » et « qu’elles ne sont pas capables d’un métier plus intéressant ». Elle exprime, à ce moment, les tranquilles certitudes de son milieu autiste.
A d'autres moments, elle réagit. Conceptrice dans une boîte de pub, elle critique pourtant la "société des objets". On prétend vendre sécurité, gaieté, plaisir d’être au monde, mais c’est un mensonge.
Le mensonge est d'ailleurs infiniment plus profond, plus ancré dans tous nos rapports humains.
D'où cette tristesse profonde devant les « belles images » que nous élaborons pour nous tromper nous-mêmes : bonheur, couple (pourquoi se dit-on qu’on aime quelqu’un ?), morale, projets. Tout est faux. On se ment sans cesse, à soi et aux autres. Tout est image.
On ne s’amuse pas mais on fait semblant.
Les réunions entre amis sont décrites comme des scènes de théâtre infiniment répétées à quelques détails près, où les gens, incapables de communiquer, en arrivent à se raconter les uns aux autres les articles qu'ils ont lu la veille dans le journal.
Simone de Beauvoir a recours très souvent aux dialogues : quelque chose comme la moitié du texte, si ce n'est plus.
D'ordinaire, je perçois le dialogue comme une sorte de remplissage anti-littéraire parfaitement inutile (ben oui quoi : si celui qui "tient la plume" nous rapporte les paroles de ses personnages, c'est qu'il est journaliste ; bon, d'accord, j'y mets un brin de mauvaise foi). Dans ce cas-ci, les dialogues sont à ce point vides, faux, communs...qu'ils font sens.
Un mot du féminisme (c'est LA Simone quand même) ? Il est évoqué, mais un peu comme un des sujets à la mode qui surgissent au détour de conversations creuses. Pourtant, en trame de fond, il est là, essentiel à la compréhension des enjeux.
La conscience endormie
Critique de Xerinata (Amiens, Inscrite le 5 avril 2006, 67 ans) - 8 mai 2007
"Elle sent sa vie autour d'elle, pleine, chaude, nid, cocon, et il suffit d'un peu de vigilance pour que rien ne fissure cette sécurité."
Et puis arrive la faille, le truc qui coince dans les rouages et tout l'engrenage bloque…
L'une des petites commence à découvrir la misère du monde avec une indignation toute neuve et la mère se souvient.
"… comme les grandes personnes me semblaient insensibles ! Il y a tant de choses que nous ne remarquons pas ; enfin nous les remarquons, mais nous passons outre parce que nous savons qu'il est inutile de s'appesantir. La mauvaise conscience, à quoi çà sert ? Les horreurs du monde, on est forcé de s'y habituer, il y en a trop."
Simone de Beauvoir, comme dans la plupart de ses livres, réveille notre conscience endormie.
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