Et alors...

Je continue ainsi, en prenant mon temps, ce voyage au cœur du label Prix du quai des orfèvres. On peut nommer de cette façon cette collection qui regroupe tous les romans distingués par ce prix qui a l’originalité d’être attribué par un jury composé, entre autres, de policiers. Après tout, leur regard est assez pertinent pour juger un polar, à condition, toutefois, de ne pas oublier que nous sommes bien dans la fiction et non dans le récit du fait divers ! Dans l’ensemble, ces romans sont de bonne composition, d’une écriture sympathique et ils remplissent parfaitement leur rôle de roman policier : procurer un moment de bonheur hors du temps en proposant une énigme bien construite pour exciter le lecteur et susciter de lui l’expression d’une réponse à la question multiple : qui a tué, pourquoi, comment ?

Dans ce roman, il y a du bon, du moins bon et de l’excellent. Je m’explique. Il y a du bon avec une première partie du polar en fanfare : un meurtre dans une propriété en Sologne, avec un aspect sanglant au cœur d’une ambiance soie douce. Le contraste est saisissant et on a alors une folle envie de tourner les pages pour savoir, comprendre, deviner…

Puis il y a une enquête menée par plusieurs policiers, dans plusieurs régions car les meurtres – il n’y en aura pas qu’un – se déroulent dans des villes différentes. C’est d’ailleurs à Paris même, à quelques pas du 36 quai des orfèvres, que l’on retrouvera un des cadavres…

Enfin, pour rester dans les aspects positifs, il y a quelques courts chapitres qui nous mettent en contact avec le tueur lui-même, sa pensée, sa logique, ses motivations profondes. Mais si on partage avec lui quelques mots, on ignore totalement son identité. Les petites cellules grises se mettent à fonctionner dans tous les sens et on cherche, et on cherche… et on cherche !

Le problème c’est que l’on a fort peu de chance de trouver qui est le coupable… La fin du roman est d’une autre nature et c’est ce que je reproche à ce polar. La première partie appartient au genre murder party, au jeu policier, tandis que la dernière bascule dans le thriller avec une angoisse bien construite, une course de vitesse entre police et criminel… mais il est peut-être difficile de concilier les deux dans un même roman. La preuve ? Vous êtes en train de chercher le coupable quand on vous en livre un, improbable et peu crédible, sans que l’auteur vous ai donné les indices pour que vous meniez l’enquête à égalité avec la police…

Je sais bien qu’aujourd’hui le genre thriller est plus à la mode que le roman policier, mais généralement le prix du quai des orfèvres reste bien ancré dans le policier, celui qui est comme un jeu proposé au lecteur. Avec ce roman Du sang sur les roses, on navigue entre les deux genres et je trouve que cela nuit au lecteur. Mais c’est probablement parce que je suis un réel fan du polar pur et dur… Tant pis pour moi !

Pour le reste, reconnaissons que le roman est bien écrit. C’est du solide et je comprends parfaitement qu’on ait pu le distinguer dans ce label Pris du quai des orfèvres. C’est mérité mais on voit bien qu’il faut se méfier entre différents types de romans que l’on classe trop facilement en « policiers ». Il y a le roman policier, le polar, le thriller, l’espionnage, l’aventure… et tout cela n’est pas identique, surtout pour le lecteur habitué à un genre spécifique. Moi, je reste définitivement attaché au roman policier classique à énigme !

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  Du sang sur les roses [Texte imprimé] André Delabarre

  de Delabarre, André
  Fayard
  ISBN : 9782213601373 ; 2,98 € ; 25/11/1998 ; 315 p. ; Format Kindle

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