Suréna de Corneille
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Une grande tragédie
Suréna est un livre important du grand Corneille.
C'est une oeuvre politique : sur la raison d'état mais aussi sur l'impossible retour d'un supérieur envers un subordonné trop méritant.
C'est aussi un livre sur le sentiment amoureux dans ce qu'il a de plus éthéré, sur la jalousie, sur la vertu et sur l'honneur.
La qualité d'écriture s'accorde à la hauteur des idées et des sentiments. L'intelligence pousse les sentiments… et réciproquement le coeur élève la pensée.
Cette pièce était fort prisée par le Général de Gaulle qui y voyait aussi la thématique du suicide.
Assurément, la personnage de Suréna ne peut s'oublier et cette tragédie mériterait d'être mieux connue.
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Les critiques éclairs (1)
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« Je veux qu'un noir chagrin à pas lents me consume »
Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 15 avril 2022
Suréna fera partie pour moi des œuvres de Corneille que j’ai énormément appréciées. L’intrigue est plutôt simple et lisible et les vers fluides. Corneille parvient à faire naître beaucoup d'empathie pour Suréna, Eurydice et Palmis, les protagonistes principaux. La dynamique de la pièce quant à elle repose beaucoup sur l’amour caché entre Suréna et Eurydice, que subodore et veut faire avouer Pacorus, le prince des Parthes, qui doit épouser Eurydice. C’est assez touchant : le lecteur sait que Suréna et Eurydice sacrifient leurs sentiments réciproques à la raison d’État, mais il n’y a rien à faire, Pacorus veut leur faire avouer cet amour. Cela donne un jeu du chat et de la souris très réussi, comme dans ce dialogue de la scène IV de l’acte IV plein de sous-entendus entre Pacorus et Eurydice.
Et tandis que l’on pensait que l’affaire n’était surtout que sentimentale, on voit que Suréna, de cet acharnement, nous propose une autre clé de lecture : sa popularité grandissante (il est un des plus brillants généraux du roi des Parthes et s'est couvert de gloire en écrasant l’armée romaine commandée par Crassus) gêne la dynastie régnante (« Mon crime véritable est d’avoir aujourd’hui / plus de nom que mon Roi ») qui cherche à le mettre en porte-à-faux. Et effectivement, quoi qu’il fasse (« Je le vois bien Seigneur : qu’on m’aime, qu’on vous aime / Qu’on ne vous aime pas, que je n’aime pas même / Tout m’est compté pour crime ») son sort est scellé puisqu’il est finalement lâchement assassiné, on le devine, sur ordre du roi des Parthes ou de son fils. Les imprécations d’Eurydice, ses appels à la prudence (comment ne pas être insensible à ce cri déchirant que la princesse adresse à Suréna : « Vivez, si vous m’aimez ! » ) auront été vains.
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