Tandis que j'agonise de William Faulkner
( As I lay dying)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Un grand livre, une épopée burlesque
Ce livre est une sorte d’épopée homérique. Dans l'ensemble de l'œuvre de Faulkner, c’est le seul qui prête à rire.
Addie Bundren va mourir, et son fils Cash, bon charpentier, suivant ses volontés, construit son cercueil quasiment sous ses yeux. Elle veut savoir où elle va !. " étendue, la tête relevée, afin qu’elle puisse voir Cash fabriquer son cercueil, obligée de le surveiller pour l’empêcher de lésiner sur le bois… ".
Il y a Ansen, le père, les fils Cash, Jewell, Darl, et Vardaman. Voilà le médecin qui débarque et Ansen qui n'a qu’une seule idée en le voyant : il ne l’a pas appelé, il ne veut donc pas le payer !. Il ne le laissera monter que quand ce dernier aura bien reconnu qu'il n’a pas été appelé. Ansen ne pense qu’à une chose : le prix de son dentier !. Le coût de cette visite de médecin pourrait retarder la possibilité de se payer enfin des dents et lui permettre de manger " la nourriture du seigneur " !.
Tous teigneux, avares, grincheux, paresseux à plus en pouvoir, sauf Darl, celui qui est considéré comme un peu simple, mais qui a des sentiments, lui ! Cora dit de Jewell " Un Bundren pur-sang, celui-là, n'aimant personne, préoccupé que d’une seule chose, gagner le plus en travaillant le moins. " Car il y a les femmes aussi, la voisine, les filles qui tournent autour des garçons. Et voilà que la mère passe !. Il faut la mettre dans son cercueil. Mais il tombe des cordes !… Darl décrit son père qui regarde Cash travailler à fermer le cercueil : " Notre père le regarde ; l'eau ruisselle lentement sur sa figure. On dirait une parodie burlesque de tous les dénuements coulant sur un visage sculpté par un caricaturiste impitoyable. "
Malgré la pluie qui a fait monter les rivières, qui a bousculé les ponts et rendu le sol des plus vaseux, l’expédition va se mettre en branle… Ce voyage en charrette, avec le cercueil et la mère bringuebalant à l'arrière, ne se passera pas sans mal ni dégâts !. Mais il faut vous laisser le plaisir de la découverte et votre capacité de rire intacte. Cette expédition aura bien des aspects des plus burlesques.
Faulkner nous décrit le mental de ces petits Blancs du Sud. Accrochés à leurs lopins de terre, pauvres à ne plus en pouvoir, pingres, jaloux, envieux, aigris, bien souvent méchants, mais toujours soucieux des convenances. La Bible est la seule source de toutes leurs pensées qui dépassent un rien les mesquineries du quotidien. Tout en univers humain décrit en quelques personnes, avec une nature tantôt dure, tantôt belle qui les environne.
Un très bon livre, un sens de l'observation hors du commun, une grande écriture.
Les éditions
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Tandis que j'agonise [Texte imprimé] William Faulkner traduit de l'anglais par Maurice Edgar Coindreau préface de Valery Larbaud
de Faulkner, William Gresset, Michel (Postface) Larbaud, Valery (Préfacier) Coindreau, Maurice Edgar (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio.
ISBN : 9782070363070 ; 7,50 € ; 16/01/1973 ; 254 p. ; Poche -
As I Lay Dying
de Faulkner, William
Vintage
ISBN : 9780099479314 ; 10,49 € ; 05/06/2006 ; 256 p. ; Paperback -
Tandis que j'agonise
de Faulkner, William Juillard, André (Illustrateur)
Gallimard
ISBN : 9782737627019 ; 75,99 € ; 12/04/1991 ; 189 p. ; Broché -
Tandis que j'agonise/As I lay dying
de Faulkner, William Gresset, Michel (Préfacier) Coindreau, Maurice-Edgar (Traducteur)
Gallimard
ISBN : 9782070383078 ; 12,90 € ; 26/09/1990 ; 576 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (10)
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que dire...
Critique de Catoate (, Inscrite le 6 octobre 2014, 40 ans) - 24 septembre 2015
Miroir de nos faiblesses et de nos vies sans issues de secours... on suit les mots de Faulkner tout en sachant que ça va faire mal... le monologue de la mère est bouleversant, le plus jeune enfant qui compte et chasse les vautours pense la mort comme on panse la vie : sa mère est un poisson. Cette certitude branlante le fait avancer, avec les siens qui se déchirent et parfois agonisent, qui cachent... Car c'est un roman sur le non dit, sur l'éprouvé d'abord...
Un chef d'oeuvre.
Pas très emballant
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 2 juin 2014
On est plongé dans une sorte de roman à la Emile Zola du Midwest américain où la misère économique et intellectuelle conduit à une forme de misère morale.
Il est assez compliqué de suivre l’action, pour autant qu’il y en ait réellement, celle-ci étant entrecoupée de descriptions. L’intérêt ne se situe donc pas réellement au niveau du scénario mais plutôt sur l’atmosphère que dégage l’œuvre.
Pour ceux qui conçoivent la lecture avant tout comme un divertissement, je ne conseille donc pas cet ouvrage difficile dont l’intérêt est essentiellement sociologique.
As I lay Dying... Tandis que j'agonise
Critique de SpaceCadet (Ici ou Là, Inscrit(e) le 16 novembre 2008, - ans) - 11 décembre 2009
L’histoire se déroule sur neuf ou dix jours et relate les péripéties dans lesquelles seront entraînés les membres de la famille Bundren lorsque, suite au décès de la mère et en accord avec une promesse faite par le père des années auparavant, ils entreprendront d’aller enterrer la défunte dans le village où reposent les siens.
On est en milieu rural, dans le sud des Etats-Unis et au début des années trente.
Cette histoire est racontée par la voix de quinze personnages qui, suivant une technique appelée en anglais ‘stream of consciousness’ nous initient, suivant leurs points de vue individuels, aux événements qui ont marqués cette aventure.
En dépit du nombre, chacune de ces voix possède une forme expressive et donc une personnalité qui lui est propre, si bien que l’on arrive à s’y retrouver plutôt aisément et cela d’autant plus que chaque chapitre est identifié par le nom du personnage qui s’exprimera entre ses pages.
De plus, les voix narratives s’accordent, dans leur forme d’expression de façon vraisemblable avec le contexte dans lequel se déroule le récit, ce qui en concède à l’authenticité du récit, mais peut parfois semer la confusion chez le lecteur non aguerri (notamment si, étranger au contexte, l’on s’aventure à lire ce roman dans sa version originale).
Cela dit, au fil du récit, on découvre peu à peu ces personnages, leur histoire individuelle, leurs motivations, leurs préoccupations, les relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres, et puis plus largement, on découvre éventuellement un portrait général de l’existence menée par toute cette petite société.
Même si l’histoire que raconte ce roman n’a rien d’extraordinaire comme tel, c’est véritablement au niveau de la narration, du jeu des perspectives et éventuellement, dans l’approche parfois satirique du portrait social, que réside tout l’intérêt.
Bref, on a ici un récit plutôt mince de contenu, mais qui, au niveau technique, constitue un véritable tour de force.
Rédigé par SpaceCadet
contre vents et marées
Critique de Cafeine (, Inscrite le 12 juin 2007, 50 ans) - 10 novembre 2008
Nous suivons donc la famille Bundren, mort et vivants, tous aussi entêtés les uns que les autres.
Pour retranscrire de la manière la plus juste ce périple tout à la fois cocasse et pathétique, il fallait bien multiplier les narrateurs. C'est une idée géniale que d'avoir fait raconter à des êtres si différents et parfois si proches leur cheminement, chacun amène une couleur particulière au récit, qui une fois lu apparait indispensable.
Si j'ai pu tour à tour les trouver sots, attachants, répugnants, attendrissants, insensés, touchants, avares, enfantins, jamais ils n'apparaissent mesquins. Ils sont droits, fiers jusque dans leur folie.
Les personnages vivent sous la plume de Faulkner, ils sont empreints d'une terrible humanité.
Pour faire écho à d'autres critiques, je ne l'ai pas lu en un jour mais je n'ai pas perdu mon temps.
Ne connaissant rien de son œuvre, j'ai été dérouté par cette écriture particulière, où rien n'est facilement donné, il faut, en tant que lecteur, récolter des bribes pour voir apparaître le tableau, mais quel tableau !
un pélerinage en famille
Critique de Prince jean (PARIS, Inscrit le 10 février 2006, 50 ans) - 4 novembre 2006
j'avais l'impression de voir leurs visages, leurs démarches, leurs émotions, alors que Faulkner ne s'attarde pas du tout sur des descriptions détaillées.
Bien sûr, j'avais été prévenu de la difficulté de lire Faulkner, je ne m'attendais pas à lire du Eric-Emmanuel Schmidt ou du Gaudé, évidemment, on ne trouve pas des phrases du type : "l eau ça mouille, le feu ça brûle, le caviar c'est cher".
c'est un roman extrêmement passionnant, j'ai encore l'odeur du cadavre décomposé de la mère, poursuivi par les vautours, dans mon esprit, je sens l'eau glacée de la rivière en crue, c'est vraiment une expérience magique.
le passage où Darl met le feu à la ferme, est incroyable. on ne sait pas si c'est un fait réel ou non. En fait, l'auteur nous fait percevoir l'incendie comme Darl, dans sa folie, a du le ressentir, comme un rêve, une hallucination.
on comprend que l'incendie a bien eu lieu, au chapitre suivant. Lorsque l'incendie est raconté par son frère, qui lui, a toutes ses facultés mentales.
c'est bouleversant !
un extrait : "Des fois comme ça, on se met à penser. Pas trop souvent pourtant. Et c'est bien heureux, parce que la volonté du Seigneur est qu'on agisse au lieu de passer son temps à penser, parce que le cerveau c'est comme un mécanisme. Ça ne lui vaut rien qu'on soit toujours après lui. Le mieux, c'est de le laisser aller toujours pareil, avec sa petite besogne de chaque jour, et sans l'employer plus qu'il ne faut."
L’épopée d’un cercueil.
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 14 août 2004
En train de se décomposer, Addie, enfin son corps, ses restes, tandis que les siens la conduisent à Jefferson pour l’enterrer dans sa famille, enfin sa famille d’avant, d’avant sa rencontre avec Anse, sa famille de jeune fille, avant qu’elle devienne une femme, une mère, une bête de somme en somme. Et chacun raconte une partie du voyage, quarante miles sur une charrette bringuebalante tirée par deux mules fatiguées, en plein juillet, tandis que le corps se met à sentir, se met à pourrir, que les rivières en crue effacent les ponts, mangent les gués et que les charognards tournoient dans le ciel. Chacun sa bribe, chacun son temps de parole, chacun son petit morceau de vérité sur le cortège funèbre d’Addie Bundren, sur la vie, sur la mort, sur le Sud, sur Dieu et sur les hommes. Chacun sa goutte de vie prête à sombrer, chacun son rêve contingent, le père, Anse, et son dentier, le dentier qu’il s’achètera à Jefferson pour pouvoir remanger comme Dieu a voulu qu’un homme mange, Darl et sa folie incendiaire, Jewel et son cheval et sa susceptibilité, Cash et ses outils et sa jambe cassée, Dewey Dell, ses dix-sept ans, ses yeux noirs et cette larve d’homme qui pousse dans son ventre, et Vardaman le petit dernier, celui qui a pêché un poisson trop grand pour lui et qui ne veut pas que Cash cloue sa maman dans cette boîte et qui profite de la nuit pour faire des trous dans le couvercle de la boîte avec la tarière de Cash, quelques trous pour qu’elle respire avant qu’on la mette dans son trou, quelques trous aussi dans la figure de sa maman car il est petit, il n’a pas réfléchi aux conséquences.
Une procession tragi-comique que regardent passer, ahuris, les fermiers croisés sur la route, en se bouchant les narines pour tenter d’oublier l’insupportable odeur que les Bundren supporteront neuf jours. Une marche funèbre aux allures d’épopée durant laquelle rien ne sera épargné aux Bundren, à leur obstination paysanne, à leur stupide orgueil, à leur calme folie, ni les inondations, ni l’incendie, ni la noyade des mules, ni la gangrène qui s’attaque à la jambe brisée de Cash. Comme si le Bon Dieu était devenu méchant. Comme si leur volonté de faire la volonté d’Addie était mise à l’épreuve. Par la vie. Une vie qui n’a pas à être facile et qu’il faut accepter telle car nous n’avons rien d’autre. Et que tout ça, au fond, ça doit avoir un sens. Non ?
prise de têtes
Critique de Victor (Paris, Inscrit le 29 mai 2002, 39 ans) - 29 mai 2002
ce chef d'oeuvre
Critique de Anonyme (, Inscrit(e) le ??? (date inconnue), - ans) - 29 mai 2002
Tout apprendre avec Faulkner.
Critique de Mauro (Bruxelles, Inscrit le 20 février 2001, 61 ans) - 21 février 2001
Critique de Eric B. (Bruxelles, Inscrit(e) le 15 février 2001, 57 ans) - 16 février 2001
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Ne perdez pas votre temps à lire Faulkner. | 36 | Lucien | 31 janvier 2007 @ 09:16 |