Le bruit des choses qui tombent de Juan Gabriel Vásquez

Le bruit des choses qui tombent de Juan Gabriel Vásquez
(El ruido de las cosas al caer)

Catégorie(s) : Littérature => Sud-américaine

Critiqué par Septularisen, le 15 mai 2014 (Inscrit le 7 août 2004, - ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (15 482ème position).
Visites : 5 662 

LES DERNIÈRES SECONDES DE LA VIE D'UN HOMME...

« Le bruit des choses qui tombent » (quels bruits je vous le laisse découvrir dans le roman…) est l’histoire d’Antonio Yammara, aujourd’hui 40 ans, mais que des évènements fortuits amènent à se remémorer sa 29 année.

Au début 1996 en effet, le narrateur, professeur d’université tout juste marié et dont la femme vient d’avoir une petite fille, se lie d’amitié avec Ricardo Laverde, mystérieux personnage solitaire et un peu ermite, qu’il a rencontré dans une salle de billard de Bogota, et dont la rumeur dit qu’il a purgé de nombreuses années de prison…

Un soir, alors que Laverde lui demande de l’aider à écouter une mystérieuse cassette, et alors qu’Antonio essaie de le rattraper sur le trottoir (ils se sont perdus de vue un moment…), Ricardo est assassiné en pleine rue. Antonio lui est grièvement blessé, victime collatérale de cet attentat.
Le jeune homme en est définitivement traumatisé, et sombre peu à peu dans une profonde dépression, malgré le soutien sans faille de sa femme, son rapport au monde se détériore et il perd peu à peu pieds.

Antonio a besoin d’exorciser ses démons. Il veut absolument comprendre qui était vraiment Ricardo Laverde et pourquoi on l’a assassiné. Deux ans et demi après l’attentat, il trouve enfin le courage de se rendre à nouveau au carrefour où celui-ci a eu lieu. Il se rend ensuite à la Candelaria l’ancien quartier où habitait Laverde, pour y voir Consuelo "Consu" Sandoval, l’ancienne logeuse de Laverde. C’est elle qui est maintenant en possession de la mystérieuse cassette, qu’elle lui laisse à son tour écouter…

Neuf mois après la rencontre avec l’ancienne logeuse de Ricardo Laverde, en rentrant chez lui Antonio trouve un mystérieux message sur son répondeur, il émane d’une femme, dont il n’a jamais entendu parler, qui dit s’appeler Maya Laverde et être la fille de Ricardo…
Celle-ci lui propose de partir enquêter avec elle, d’aller à la recherche de la vérité et de découvrir enfin la vérité sur son père et sur son assassinat…

Un grand, très grand moment de lecture pour moi je dois dire, pour un roman tout en finesse, émotions et nuances, mêlant réflexions, notamment sur la mémoire et le souvenir, sur le bien et le mal, sur la vie, et l’histoire vraie de la Colombie notamment durant les « années sombres ».
Mais attention il ne s’agit en aucun cas ici d’un roman policier ! Le héros de ce livre c’est d’abord la Colombie elle même et plus particulièrement son histoire, au cours des années 80-90, avec ses narcotrafiquants, les bombes, la terreur, les assassinats politiques, et le peuple qui essaie de survivre malgré tout…

Une très belle écriture, un récit vif et luxuriant, aux allures de quête mystique, qui, après la mort d’Álvaro MUTIS et de Gabriel GARCÍA MÁRQUEZ, fait de Juan Gabriel VÁSQUEZ, le nouveau grand romancier colombien à suivre !...

Ce livre a reçu le prestigieux prix International IMPAC Dublin Literary Award 2014, ainsi que le Prix Alfaguara du roman 2011 et le Prix Roger-Caillois - Auteur latino-américain 2012

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Les éditions

  • Le bruit des choses qui tombent [Texte imprimé], roman Juan Gabriel Vásquez traduit de l'espagnol (Colombie) par Isabelle Gugnon
    de Gabriel Vásquez, Juan Gugnon, Isabelle (Traducteur)
    Points / Points (Paris)
    ISBN : 9782757836057 ; 7,30 € ; 29/08/2013 ; 280 p. ; Poche
  • Le bruit des choses qui tombent [Texte imprimé], roman Juan Gabriel Vásquez traduit de l'espagnol (Colombie) par Isabelle Gugnon
    de Gabriel Vásquez, Juan Gugnon, Isabelle (Traducteur)
    Seuil
    ISBN : 9782020985017 ; 20,00 € ; 23/08/2012 ; 304 p. ; Broché
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La Colombie en plein narcotrafic

6 étoiles

Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 25 août 2017

Antonio, jeune Bogotanais, assiste impuissant au meurtre de Ricardo Laverde. Des années plus tard, encore sous le choc, il souhaite comprendre et se plonge à la fois dans le passé de Ricardo et celui du pays à partir des années 70 : l’influence des narcotrafiquants, la violence quotidienne, les morts de Rodrigo Lara Bonilla, ministre de la justice et de Luis Carlos Galan, candidat à la présidence de la République, les nombreux attentats et bien entendu le lien étroit de tous ces événements avec Pablo Escobar. A travers l’histoire de Ricardo et sa femme Elena, américaine venue au pays pour participer au Corps de la paix, Juan Gabriel brosse le portrait d’une génération désenchantée et traumatisée par cette époque. Une génération fataliste qui se traduit par l’expression récurrente : " nadie puede con la cocaina " (« personne ne peut rien contre la cocaïne »). Une belle découverte sur le sens de la vie et une véritable leçon de l’histoire colombienne pendant ses années les plus sombres.

Colombie, drogue, Escobar, souvenirs...nostalgie ?

9 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 27 février 2015

On n'a pas toujours eu conscience, en Europe, de l'enfer qu'ont vécu les Colombiens dans les années 80-90 lorsque ce pays était soumis à l'empire de la drogue : culture (marijuana, la drogue "chic" des bobos californiens de l'époque), raffinage (la cocaïne bien plus rémunératrice), le transport et la distribution... Un "héros" domine cette période : Pablo Escobar devient l'homme le plus riche du monde et ne recule pas devant les crimes les plus atroces pour asseoir, puis maintenir son rang.

Cette époque a profondément marqué les Colombiens et depuis beaucoup cherchent à exorciser leurs peurs passées, leurs cauchemars actuels ; c'est probablement le cas aussi de l'auteur né en 1976. Il a choisi de nous faire partager l'Histoire de son pays par un roman plutôt bien construit, écrit dans un style clair et agréable à lire. Je ne reviens pas sur l'intrigue qui a été bien résumée dans les critiques précédentes. Je souligne cependant les remarquables descriptions de ce pays qui a notamment pour particularité d'avoir une capitale (Bogota) juchée à 2 600 mètres d'altitude surplombant de vastes forêts tropicales difficiles d'accès. L'auteur mérite la reconnaissance de ses compatriotes !

Premier.

7 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 17 septembre 2014

Premier livre que j'ai le plaisir de lire d'un écrivain Bolivien. Ce roman ne pouvait parler que de douleur. Un peuple qui a vu son pays se transformer comme dans un mauvais film. A Bogota tout va trop vite et partout ailleurs c'est pareil.

Vasquez a donc choisi Yammara comme narrateur et Ricardo de Laverde comme pivot de l'histoire.
L'histoire... ! Y en a-t-il bien une ?
Il faut suivre car tout est rattaché à ces années de folies qui ont frappé tout un pays.

Un livre touchant, pas facile mais d'une sensibilité "remuante".

Tranche d’histoire colombienne

6 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 11 juin 2014

Un hippopotame s’échappe d’un zoo colombien en 2009. C’est l’occasion pour le narrateur, professeur d’université, de se souvenir de l’année 1996 alors qu’il avait 26 ans et de ses conséquences. Il était dans la rue, proche d’un homme avec qui il joue au billard et dont il ne savait pratiquement rien à part que sa femme américaine allait venir le voir pour Noël quand des hommes en moto leur ont tiré dessus. C’est l’occasion pour lui de plonger dans des souvenirs douloureux qui l’ont amené à mieux connaître qui était le mort et de se rappeler le contrecoup qu’a subie sa vie sentimentale du fait de sa blessure.

Cette réminiscence est surtout un prétexte pour raconter l’histoire du pays, l’idéalisme des volontaire américains venus aidés les colombiens dans les domaines de l’hygiène, de l’instruction et de l’économie, la montée du trafic de drogue qui donne du travail aux paysans pauvres, enrichit les trafiquants et fait s’oublier les personnes en mal de sens. Viennent ensuite la réalité des risques encourus et les temps difficiles lors des tentatives d’éradication des cartels qui ont donné lieu à des attentats touchant également des passants.

Le ton du livre est celui, calme et réfléchi, d’une personne qui veut comprendre et mettre à jour une vérité, tel un historien introspectif. Le style est fluide et le livre est découpé en 6 parties saillantes.

IF-0614-4235

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